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Des facs de plus en plus sélectives
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Une enquête du syndicat étudiant Unef pointe des tensions croissantes pour s’inscrire à la fac. Listes d’attentes, manque de places, tri illégal des candidats… Un parcours du combattant pour les bacheliers.
Mardi 14 juillet, 14 heures. Des jeunes bacheliers retiennent leur souffle. C’était le troisième tour d’Admission post-bac. La plate-forme utilisée depuis 2007 est un passage obligé pour ceux qui souhaitent poursuivre des études universitaires. C’était aussi la dernière chance pour des lycéens tout juste auréolés de leur baccalauréat de connaître leur destination pour l’année prochaine. Soulagement pour certains, déception pour d’autres. De plus en plus de bacheliers ne peuvent pas s’inscrire à la faculté faute de place, mais aussi à cause d’une sélection illégale.
L’Union nationale des étudiants de France (Unef) consacre chaque année une enquête à ces pratiques illégales des universités. L’édition 2015, parue ce mercredi, s’est intéressée aux entraves au libre accès des bacheliers dans l’enseignement supérieur.
Alors que le code de l’éducation mentionne que «le premier cycle est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat», les universités n’hésitent pas à multiplier les parcours sélectifs. Une pratique interdite. 33 établissements étaient déjà dans le viseur du syndicat étudiant l’année dernière. La tendance s’est confirmée cette année. Ils seraient 54 à mettre en place une sélection. Des chiffres également mentionnés par le rapport d’information parlementaire sur les liens entre le lycée et l’enseignement supérieur publié le 8 juillet.
«TIRER LA SONNETTE D’ALARME»
«Les universités sont de plus en plus nombreuses à mettre en place une sélection illégale dans certaines filières. Une démarche élitiste qui empêche les bacheliers d’accéder aux études et qui concerne 334 formations», accuse la principale organisation étudiante. C’est 20% du nombre total des licences (1 800) qui seraient concernés. «Il n’a jamais été aussi difficile pour un bachelier de s’inscrire dans la filière de son choix», martèle William Martinet, président du syndicat.
Pour opérer leur sélection, les filières activent divers leviers : admission sur dossier, entretien en fonction des notes au baccalauréat, et tri des étudiants souhaitant faire des doubles licences. Le mode opératoire figure même sur les sites internet des facultés. Les universités de Paris IV, Paris I et Cergy seraient championnes en la matière.
Le président de la Conférence des présidents d’universités, Jean-Loup Salzmann, récuse le rapport : «Les sélections mises en place ne sont pas illégales puisqu’elles figurent sur le site Admission post-bac qui est mis en ligne par le ministère. Il n’y a rien de scandaleux à regarder les résultats des lycéens lorsque les capacités d’accueil sont limitées. Je rappelle qu’aucun étudiant ne sera laissé sur le carreau.» Ce que conteste l’Unef. Cette année, les demandes d’inscription à l’université ont augmenté de 6,5% mais «la baisse des budgets qui frappe les universités ne permet pas d’accueillir ces nouveaux étudiants», selon le syndicat étudiant.
Outre un tri des étudiants par la sélection, plusieurs universités réduisent leurs capacités d’accueil : 767 licences seraient concernées, soit 30% des formations en France. «Dans l’académie de Besançon, c’est 10% de capacité d’accueil qui ont été supprimées entre 2014 et 2015. 3 000 demandes d’étudiants pourraient être rejetées par l’université Toulouse III faute de place», déplore le rapport de l’Unef.
Parmi ces facultés, certaines n’hésitent plus à utiliser le tirage au sort pour choisir les étudiants. C’est particulièrement le cas en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) où les demandes ont explosé. Le nombre d’universités qui choisissent leurs étudiants par tirage au sort s’élève à 14. C’est huit de plus qu’en 2014. A Limoges, le nombre de places est passé de 130 à 80, selon le syndicat étudiant.
L’Unef envisage de mener des actions en justice. «C’est aberrant de voir que c’est un syndicat étudiant qui doit envisager des procédures judiciaires pour faire respecter les règles du service public. C’est la troisième année qu’on alerte le ministère et les pratiques s’intensifient», s’insurge William Martinet.
«CHOC DÉMOGRAPHIQUE»
Invité de la matinale de Sud Radio mercredi, le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, Thierry Mandon, a réagi : «On est en train de regarder très minutieusement université par université» et «des consignes seront données aux recteurs pour que d’ici la rentrée tous les étudiants aient leur affectation».
Thierry Mandon a reconnu que les universités font face à un nouveau défi, celui du «choc démographique». On compte 50 000 étudiants supplémentaires par an. «Ça mérite qu’on soutienne financièrement de manière pérenne les établissements, a-t-il ajouté. L’Etat doit financer ce choc démographique et ne se détournera pas de cette obligation légale qu’il a d’accueillir tous les étudiants.»