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Hollande peine à apaiser les éleveurs

agriculture

Lien publiée le 23 juillet 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Malgré le plan présenté par le gouvernement, la mobilisation des agriculteurs s'est étendue jeudi dans le pays

Aucun mot sur les blocages qui se sont étendus dans le pays. En déplacement à Dijon, jeudi 23  juillet, François Hollande s'est contenté de rappeler le contenu du plan présenté la veille à l'Elysée par Stéphane Le Foll et Manuel Valls. Prenant la parole à l'issue d'une rencontre avec des représentants des éleveurs à la préfecture, le chef de l'Etat s'est contenté d'appeler " les cantines relevant de l'Etat " à s'approvisionner auprès des éleveurs locaux.

Cette intervention improvisée de quelques minutes suffira-t-elle à calmer la protestation ? Jeudi matin, les blocages se poursuivaient dans plusieurs régions, comme au Mont-Saint-Michel, en Auvergne et en Rhône-Alpes, où les agriculteurs jugent le plan largement insuffisant et ne désarment pas.

Loin de cette ambiance de crise, la rencontre du chef de l'Etat avec Jean-Pierre Fleury, le président de la fédération nationale bovine, éleveur lui-même en Côte-d'Or, ainsi que des représentants syndicaux et les deux présidents des chambres régionale et départementale d'agriculture, s'est déroulée dans un climat apaisé à la préfecture de Côte-d'Or. Pas de comité d'accueil musclé pour le président lors de ce déplacement improvisé sur le tard.

Inflammabilité

Communication de crise oblige, François Hollande a en effet ajouté la rencontre avec les agriculteurs à son programme dijonnais qui devait à l'origine être centré autour de la viticulture, " filière à succès " en Bourgogne. Devant la poursuite du mouvement de protestation, la prudence reste de mise du côté de l'exécutif. " On ne crie pas victoire, explique-t-on à l'Elysée. Personne ne va nous applaudir pour des mesures d'urgence, mais les agriculteurs ont déjà l'impression d'avoir été entendus. "

Manuel Valls a également adressé un message aux éleveurs jeudi matin sur RTL : " La colère ne permet pas tout, j'espère que ces barrages vont être levés. (…) J'attends des éleveurs qu'ils prennent connaissance de ce plan et que donc les barrages soient levés, parce qu'il ne faut pas pénaliser le pays, ceux qui partent en vacances et notre économie. " Le premier ministre devait rencontrer lui aussi des agriculteurs à Bordeaux, jeudi après-midi, après avoir assuré la présentation du plan d'action la veille.

Cette mobilisation de l'exécutif traduit l'inquiétude devant l'inflammabilité de la situation dans la touffeur du mois de juillet. Chacun sait en politique qu'une crise estivale mal gérée peut avoir de lourdes conséquences, et que plus d'un ministre a perdu par le passé son poste en pareilles circonstances. " On surveille ça comme le lait sur le feu ", plaisante un conseiller ministériel à court de sommeil depuis une semaine.

Stéphane Le Foll, de son côté, a reçu l'appui du premier ministre et du chef de l'Etat à plusieurs reprises. La droite par la voix de Bruno Le Maire, son prédécesseur à l'agriculture, l'a attaqué sur sa gestion de crise. Le gouvernement a en effet donné l'impression de cafouiller en début de semaine, en annonçant d'abord que le ministre ne rencontrerait pas les agriculteurs avant la remise du rapport sur la crise mercredi, puis en bousculant le programme avec le plan d'urgence et un déplacement in fine auprès des éleveurs à Caen.

" Le président et le premier ministre soutiennent Stéphane fermement pour que l'opposition ne puisse pas se dire qu'elle peut déstabiliser le gouvernement en chargeant l'un de ses membres ", estime un proche du ministre de l'agriculture. Les collègues de M.  Le Foll font également bloc derrière lui. " C'est le meilleur possible à ce poste, droite et gauche confondues ", s'enthousiasme une ministre, surtout ravie de ne pas avoir à gérer un dossier aussi chaud.

Risque de contagion nationale

M.  Le Foll, qui s'est exprimé au journal de 20  heures de TF1 mercredi soir, multiplie de son côté les rencontres pour expliquer le détail de son plan d'action. Une réunion sur la filière bovine a eu lieu mercredi, puis le ministre de l'agriculture s'est rendu à l'Assemblée nationale pour discuter de l'élevage avec les élus de la commission des affaires économiques. Une autre rencontre avec les acteurs du secteur laitier s'est tenue jeudi matin avant une réunion ministérielle sur la question. Il devait ensuite envoyer une lettre aux préfets, avec Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur, pour leur donner les instructions sur la mise en place du plan d'urgence.

" C'est un mouvement complexe à dénouer parce qu'il mélange les préoccupations de trois filières qui ont des problèmes distincts ", explique-t-on dans l'entourage de M. Le Foll. Le secteur laitier, dans lequel les négociations sont en cours, est celui dans lequel la situation reste la plus tendue.

Dans l'immédiat, le ministère de l'agriculture estime avoir surmonté le plus dur et s'attend davantage à des actions locales ciblées qu'à une contagion nationale du mouvement de protestation. Mais à la rentrée, si la négociation sur les prix dérape à nouveau et que l'acquisition de marchés d'exportation patine toujours, rien ne garantit que la crise ne reparte pas de plus belle.