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La Grèce au bord d'une nouvelle crise politique

Lien publiée le 3 février 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201880571671-la-grece-au-bord-d-une-nouvelle-crise-politique-284325.php?xtor=EPR-1500-[international]-20120203-[s=461370_n=2_c=204_]-219409022@1

Le Premier ministre Lucas Papademos pourrait démissionner ce lundi si sa majorité politique ne soutient pas les réformes exigées par les créanciers du pays en échange d'un nouveau plan d'aide.

Lucas Papademos ne dit mot. Mais son entourage laisse entendre que le Premier ministre grec pourrait donner sa démission ce lundi si les leaders des trois partis qui l'ont élu ne s'engagent pas par écrit à soutenir les réformes structurelles exigées par les créanciers internationaux en échange d'un nouveau programme de financements à la Grèce. Un plan d'un montant de 130 à 145 milliards d'euros lié à la restructuration de la dette souveraine grecque détenue par les créanciers privés.

La situation intérieure hellène s'est aggravée après la réunion de jeudi des partenaires sociaux avec à l'ordre du jour la baisse des coûts salariaux dans le secteur concurrentiel demandée par les bailleurs internationaux de fonds. A l'issue de cette rencontre, les représentants des patrons et ceux des salariés du secteur privé ont réitéré leur attachement aux conventions collectives, aux accords signés sur le niveau du salaire minimum et l'augmentation négociée ainsi qu'aux deux primes annuelles de Pâques et de Noël. Dans un courrier adressé conjointement au gouvernement, aux trois partis qui le soutiennent, aux Européens et au FMI, la GSEE, la puissante centrale syndicale du privé, la SEV, l'organisation qui rassemble les grandes entreprises du pays, la GSEVEE qui organise les PME et la ESEE de la distribution écrivent que « la compétitivité au niveau national est bien davantage influencée par d'autres facteurs que les coûts salariaux, dont la bureaucratie générée par la réglementation excessive, l'intervention de l'Etat, les impôts, la corruption et les comportements hostiles aux affaires ». Les partenaires sociaux sont prêts à discuter sur le gel des salaires dans le privé pendant trois ans et sur la réduction des contributions sociales mais rejettent toute proposition qui remettrait en cause les accords en vigueur. La Troïka souhaiterait que les coûts salariaux chutent en Grèce de 25% afin de rendre le pays compétitif sur le marché mondial.

Les positions exprimées par les partenaires sociaux sont partagées par un grand nombre des membres, voire la direction même, des partis politiques qui soutiennent le gouvernement. C'est pourquoi Lucas Papademos a une nouvelle fois convoqué leurs leaders samedi. Faute d'accord, le Premier ministre perdrait toute crédibilité aux yeux des créanciers institutionnels de la Grèce. Poussé dans les cordes, il ne lui reste plus que le chantage à la démission pour reprendre la main et parvenir enfin à finaliser l'accord avec les banques pour une décote de 50% de la valeur nominale de la dette grecque qu'elles contrôlent. Amadeu Altafaj, le porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a déclaré vendredi que cet accord est « à portée de main » tout en avouant que la négociation est « très complexe ». Une complexité qui a trait à la liaison étroite établie par les Européens et le FMI entre ces tractations, l'engagement grec à faire les réformes structurelles et au casse-tête du traitement de la dette grecque acquise par la BCE sur le marché secondaire (environ 50 milliards d'euros). « Les négociations sont difficiles comme le sont les décisions que nous avons à prendre », a avoué aujourd'hui Pantelis Kapsis, le porte-parole de l'exécutif grec.

Le dossier de l'implication du dit secteur officiel (la BCE, les banques centrales de la zone euro et les gouvernements européens) a été relancé par le Ministre grec des finances, Evangelos Venizelos, relayant une position que les observateurs attribuent au FMI. Jeudi, l'homme fort du Pasok, le parti social-démocrate qui détient la majorité au Parlement hellénique, avait dit aux parlementaires de son parti que pour atteindre en 2020 l'objectif d'une dette correspondant à 120% du PIB, l'implication des créanciers privés ne suffira pas. « Ceci signifie que la BCE doit être mobilisée de même que les banques centrales nationales et qu'on revienne sur le niveau du taux d'intérêt des prêts initiaux consentis à la Grèce ». Le premier plan d'aide à Athènes de mai 2010 porte sur 110 milliards d'euros dont 80 en crédits bilatéraux (53 ont déjà été déboursés) consentis par les pays européens et 30 milliards d'euros en prêts du FMI. Hier, dans une interview à l'agence Dow Jones, Philipp Rösler, le Ministre allemand de l'économie, a affiché son opposition à l'implication de la BCE dans la décote de la dette grecque. Une opinion largement partagée dans les milieux officiels d'outre-Rhin et plus largement parmi les pays Triple A de la zone euro.