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Grèce : les négociations commencent ... mal

Grèce international

Lien publiée le 25 juillet 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Pour éviter un défaut de paiement le 20 août, Athènes et ses créanciers doivent conclure un nouvel accord

Les négociations ne sont même pas encore officiellement lancées et déjà la guerre de communication a commencé. Les représentants des créanciers de la Grèce – Fonds monétaire International (FMI), Banque centrale et Commission européennes et le Mécanisme européen de stabilité (MES) – étaient attendus vendredi 24  juillet à Athènes pour entamer les discussions pour l'adoption d'un troisième plan d'aide de plus de 80  milliards d'euros pour les trois prochaines années. Ils ne sont jamais arrivés.

Il faudra attendre " les prochains jours ", a annoncé la Commission européenne, sans plus de précisions. " Il y a des questions de logistique à résoudre, en particulier en ce qui concerne la sécurité " des représentants des créanciers, explique-t-on à Bruxelles.

Mais en fait, dans une Athènes peu menaçante, désertée d'une bonne partie de ses habitants pour cause de vacances, ce retard à l'allumage s'explique plutôt par des différends sur la marche à suivre dans les prochaines semaines.

Invitation polémique

Il y a d'abord eu une polémique entre le FMI et le gouvernement grec qui a occupé une bonne partie de la journée, vendredi. A l'origine, Alexis Tsipras, le premier ministre, ne voulait pas de la participation du FMI au nouveau plan, persuadé que les problèmes européens devaient se régler entre Européens. Mais ses partenaires, l'Allemagne notamment, ont imposé la présence des équipes de l'institution de Washington, associée depuis 2010 à la gestion de la crise grecque.

Le gouvernement grec avait donc formellement invité le FMI à se joindre aux discussions, comme il l'a fait pour les trois autres institutions. Mais M. Tsipras l'a fait à travers une unique lettre qu'il a adressée aux quatre représentants des créanciers. Or Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a demandé à recevoir une… invitation particulière, exigeant que M. Tsipras lui précise dans cette lettre ce qu'il attend exactement du FMI. " Le FMI est la plus difficile des institutions, avec les termes les plus durs ", a dit la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovasili.

Pour désamorcer au plus vite la situation, Athènes a fait savoir qu'il avait envoyé cette lettre vendredi, en fin d'après midi. Le ministre des finances Euclide Tsakalotos y demande officiellement un nouveau prêt au FMI.

Les créanciers font aussi pression sur M. Tsipras pour que leurs représentants puissent aller contrôler les données fournies par les négociateurs grecs directement dans les ministères, ce que refuserait pour l'instant le gouvernement grec. " Nous avons mis en place une bonne équipe de négociateurs, c'est à ce niveau-là que tout doit se passer ", estime une source gouvernementale. Ce point n'était pas tranché vendredi soir.

Au-delà de ces questions de bienséance, c'est bien sur le fond que les choses s'annoncent difficiles. Le FMI exige des créanciers européens qu'ils s'engagent sur une renégociation de la dette grecque (près de 180  % du produit intérieur brut aujourd'hui, soit plus de 320  milliards d'euros). Athènes la réclame depuis 2012 mais beaucoup de pays en Europe s'y refusent.

Les négociations des prochains jours porteront notamment sur le calendrier de la mise en œuvre de nouvelles mesures d'austérité au cours des trois prochaines années. Mais aussi sur l'évaluation des besoins financiers grecs pour préciser le montant du prêt nécessaire – entre 80 et 86  milliards d'euros selon les premières estimations –, ainsi que l'échelonnement des versements.

Syriza divisé

La Grèce aimerait un accord final avant le 20  août, afin de pouvoir libérer une partie de la somme promise pour rembourser près de 3,5  milliards d'euros à la BCE. Argent dont elle ne dispose pas aujourd'hui.

Pour respecter ce calendrier, il faudrait qu'un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro) soit organisé vers le 11 ou 12  août afin de valider l'éventuel accord. Tenir des délais si courts s'annonçant difficile, l'idée de mettre en place un nouveau plan relais – comme celui de 7  milliards d'euros déjà accordé en juillet pour permettre à Athènes de respecter ses échéances du mois – est aussi sur la table.

Le climat entourant ces nouvelles négociations reste lourd, plusieurs voix en Europe continuant de militer presque ouvertement pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a beau répéter que cette question du " Grexit " est obsolète, beaucoup en Grèce (notamment dans les rangs du parti de la gauche radicale Syriza) redoutent que les créanciers n'exigent trop d'un Alexis Tsipras qui s'est déjà montré prêt à de lourds compromis et renoncements afin de garantir la trajectoire européenne de la Grèce.

Même s'il affirme qu'il n'en est pas question, le gouvernement grec redoute notamment que les créanciers n'exigent l'adoption de nouvelles mesures en préalable à la conclusion de l'accord ou au versement d'une première tranche de prêt.

Alors que Syriza reste profondément divisé, M.  Tsipras a en tout cas souhaité envoyer vendredi un nouveau message d'unité aux créanciers. Les chefs des partis grecs se sont rencontrés pour un déjeuner, sous l'égide du président de la République, Prokopis Pavlopoulos, et ont tous réaffirmé à la sortie que la conclusion du nouvel accord était une priorité nationale.