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Grèce - l’accord du 11 août voté par le parlement

Grèce international

Lien publiée le 14 août 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Parmi les 149 députés de Syriza, 32 ont voté contre, 11 se sont abstenus, et 1 était absent. Tsipras va demander un vote de confiance dans quelques jours pour vérifier s'il a toujours une majorité....

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(Le Monde) 

La nuit du jeudi 13 au vendredi 14 août a été tumultueuse et interminable pour les trois cents députés grecs. A l’issue de plusieurs heures de débats, la Vouli, le parlement hellène, a adopté au petit matin le troisième plan d’aide de 85 milliards d’euros au pays, ainsi que la liste de réformes prioritaires à appliquer dès cet été. Au total, 222 élus ont voté pour, 64 se sont prononcés contre – dont une trentaine membres de Syriza, y compris l’ex-ministre des finances Yannis Varoufakis –, 11 se sont abstenus (3 députés étaient absents). Le texte a donc été validé à la majorité grâce au soutien des trois grands partis d’opposition, Nouvelle Démocratie (conservateur), le Pasok (socialiste) et To Potami (centre gauche).

A la suite de ce vote, aussitôt salué par le ministre français des finances Michel Sapin, les ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe) réunis le 14 août à 15 heures à Bruxelles, devaient à leur tour donner leur feu vert à l’accord. Ce dernier détaille la longue série de réformes, telle que la suppression des préretraites, que la Grèce doit appliquer en échange d’une nouvelle aide.

Si l’adoption de ces mesures par la Vouli ne faisait que peu de doute, la fronde de l’aile gauche de Syriza a surpris par son ampleur. Comme pour le vote d’une première salve de réformes les 15 et 22 juillet dernier, le premier ministre Alexis Tspiras s’est heurté à des oppositions au sein de son parti, au bord de l’implosion.

Urgence du calendrier

Dès jeudi 13 au matin, lors de l’examen du texte en commissions parlementaires, Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement et forte personnalité de Syriza, a longuement pris la parole. En opposition frontale avec M. Tsipras depuis le 13 juillet, elle n’a eu de cesse de dénoncer la « dictature » des créanciers, tout en rejetant le nouveau plan d’aide. Plusieurs députés ont invectivé le ministre des finances, Euclide Tsakalotos.

Ce dernier s’est évertué à défendre l’accord technique conclu mardi 11 août avec les créanciers du pays – la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le Mécanisme européen de stabilité (MES). S’il a reconnu que le mémorandum contient des « mesures difficiles », il a insisté sur l’urgence de tenir le calendrier, afin que la Grèce puisse rembourser les 3,4 milliards d’euros qu’elle doit à la BCE, le 20 août. Les discussions ont rapidement tourné à la cacophonie.

Il faut dire qu’un peu plus tôt dans la journée, Panayiotis Lafazanis, le chef de la Plate-forme de gauche – un courant dissident de Syriza –, a annoncé la création d’un mouvement « anti-mémorandum », dans une déclaration signée par douze autres membres de Syriza, ce qui présage une scission du parti.

Réticences de Berlin

Le texte a été approuvé grâce à l’appui de l’opposition. Mais la lenteur des débats illustre les divisions au sein du parti au pouvoir d’Alexis Tsipras.

Tard dans la nuit, le mémorandum et la liste de réformes ont enfin été étudiés en session plénière. Mme Konstantopoulou a retardé l’adoption du texte, espérant perturber l’Eurogroupe à suivre. Le vote a finalement été acté par la Vouli au matin, vers 10 heures (heure locale).

Si en dépit des réticences de Berlin l’Eurogroupe donne comme prévu son feu vert, une poignée de parlements nationaux – notamment en Allemagne et en Espagne –, devront également se prononcer avant le 20 août, afin qu’Athènes puisse recevoir à temps une première tranche d’aide.

De nombreuses incertitudes planent sur ce scénario. Plusieurs élus du Bundestag sont en effet opposés à cette nouvelle aide à la Grèce, tant qu’ils ne seront pas assurés que le FMI restera impliqué dans le pays. Selon eux, lui seul peut garantir qu’Athènes appliquera bien les réformes promises.

L’implication du FMI en suspens

Or, le FMI a fait savoir jeudi 13 août qu’il juge la dette publique grecque peu soutenable (175 % du produit intérieur brut). Et qu’il n’interviendrait pas tant qu’il aura des doutes en la matière. « Nous attendons que les partenaires européens de la Grèce prennent des décisions sur l’allégement de la dette », a déclaré la chef de mission du Fonds à Athènes, Delia Velculescu. Même si le PIB grec a progressé de 0,8 % au deuxième trimestre, d’après les chiffres officiels publiés jeudi 13 août, le pays, pénalisé par le contrôle des capitaux, devrait replonger en récession cette année. La dette grecque va donc encore se creuser.

L’ennui, juge-t-on au FMI, c’est que le nouveau plan d’aide ne comporte aucune mesure permettant de l’alléger. Les discussions sur le sujet ont en effet été repoussées au mois d’octobre, Berlin souhaitant éviter tout nouvel effacement du fardeau grec… Le flou sur la future implication du FMI reste donc total.

Si l’Eurogroupe tardait à se décider ou si le vote des parlements nationaux prenait du retard, la Grèce pourrait néanmoins bénéficier d’un prêt-relais, qui lui permettrait d’assurer l’échéance du 20 août.

La présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, membre de Syriza mais farouchement opposée au plan.

Scission de Syriza

Dans tous les cas, l’explosion de Syriza ouvre la voie à l’organisation d’élections législatives anticipées. Selon les règles politiques grecques, un gouvernement minoritaire doit en effet toujours s’assurer au moins 120 voix au sein de sa coalition. Or, seuls 118 députés de Syriza et d’Anel, la formation de droite souverainiste associée à Syriza dans la coalition gouvernementale, ont voté en faveur du plan. En d’autres termes : le gouvernement Tsipras a perdu sa majorité. « La question n’est pas de savoir si les élection auront lieu, mais quand, et quel en sera le résultat », expliquent Dimitra Manifava et Sotiris Nikas, journalistes au quotidien de centre-droit Kathimerini.

Le scénario le plus probable est celui d’une scission de l’aile gauche, probablement autour de M. Lafazanis, tandis que le reste de Syriza suivrait M. Tsipras, autour d’une ligne plus modérée. Pour l’instant, le premier ministre reste très populaire auprès des Grecs. Mais s’il ne gagnait pas avec une majorité absolue, avec qui formerait-il une nouvelle coalition ? Les Grecs, pour beaucoup en vacances en cette mi août, n’ont pas encore eu le temps de se pencher sur le contenu du mémorandum. « Après six ans de crise, notre société est trop déçue, résignée et fatiguée pour réagir », conclut Mme Manifava.

Peu après le vote de la Vouli, un haut fonctionnaire grec a déclaré que le premier ministre sollicitera probablement un vote de confiance du Parlement après le 20 août. Nouvelle Démocratie a déjà laissé entendre qu’il ne lui apporterait pas son soutien.