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Grèce: Tsipras accepte un nouveau "noeud coulant"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les conditions fixées par l'Eurogroupe et le nouveau mémorandum place le gouvernement grec dans une situation de surveillance renforcée.
Lors du prochain débat sur la question de confiance qu'il pose à la Vouli, le parlement hellénique, le premier ministre Alexis Tsipras pourra défendre quelques succès obtenus lors de la semaine qui s'achève ce 15 août.
Ce que Tsipras a obtenu
D'abord, l'ajustement des objectifs budgétaires fixés par le mémorandum. Au lieu de 1 % du PIB d'excédent primaire, hors service de la dette, fixé le 13 juillet, la Grèce a obtenu le droit de dégager un déficit primaire de 0,25 % du PIB. Dans un « non paper » (communiqué de presse non officiel) publié mardi 10 août, le ministère des Finances grec mettait en exergue le fait que ces objectifs étaient bien plus favorables que ceux négociés par le gouvernement précédent. Mais la croissance prévue est entretemps passée de 3 % à une contraction de 2,3 %, ce qui « neutralise » ce succès.
Ensuite, le gouvernement grec pourra s'appuyer sur des succès ponctuels, notamment l'abandon de l'idée de privatisations rapides ou le rétablissement du forfait hospitalier de 5 euros. Enfin, Alexis Tsipras ne manquera pas de souligner qu'en obtenant le feu vert de l'Eurogroupe le 14 août au soir, il a remporté un succès évident face à un Wolfgang Schäuble qui, ces derniers jours, proclamait qu'il voulait prendre son temps.
La logique de la troïka continue
Mais, progressivement, ces succès semblent bien minces, à mesure que l'on découvre à la fois le détail du mémorandum et du mode de fonctionnement de ce dernier. En réalité, les créanciers sont parvenus à obtenir ce qui était, un de leurs objectifs principaux : continuer à agir comme si l'élection du 25 janvier (et, désormais, le référendum du 5 juillet) n'avait pas eu lieu.
Ainsi, on a assisté ce vendredi 14 août à Bruxelles, a la répétition de l'axiome qui a présidé aux précédents mémorandums et aux « sauvetages » des autres pays périphériques de la zone euro : plus de dettes assure la soutenabilité de la dette si l'on fait des « réformes. » Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a pu ainsi affirmer que « la soutenabilité de la dette peut être atteinte sans coupes dans le stock de dette par l'application d'un programme ambitieux. » Notons que les dirigeants européens semblent désormais les derniers à croire à leurs propres discours. Vendredi soir, le FMI a publié un communiqué d'une rare clarté qui précisait que la « soutenabilité de la dette grecque ne pouvait pas être atteint par ses propres moyens. » Autrement dit, Jeroen Dijsselbloem rêve tout haut.
Reste que, du point de vue grec, l'acceptation de cette logique est fort dangereuse. Elle signifie que, si le programme dérape, notamment parce que la récession sera plus forte que prévu, ou parce que les réformes « structurelles » envisagées n'auront pas l'impact optimiste qui leur a été attribuée, il faudra prendre des « mesures additionnelles » allant dans le même sens. Autrement dit, malgré les apparences, la logique de l'ancienne troïka persiste. Or, le risque est réel : le projet de mémorandum souligne que, « sans les mesures prévues », le déficit structurel grec aurait été de 1,5 % du PIB en 2015. L'effort grec doit donc atteindre 1,25 point de PIB en moins de six mois avec un PIB en chute libre. Il est donc encore considérable.
Le « nœud coulant » replacé
En réalité, derrière les embrassades de l'Eurogroupe entre le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos et Jeroen Dijsselbloem, derrière les félicitations de Michel Sapin au gouvernement grec et les applaudissements des mesures prises depuis le 13 juillet par Alexis Tsipras dans le communiqué de l'Eurogroupe, se cache une nouvelle version du fameux « nœud coulant » jadis dénoncé par le premier ministre grec dans les négociations du premier semestre. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer le fonctionnement de la libération des fonds du mémorandum.
Officiellement, la première tranche libérée sera ainsi de 26 milliards d'euros sur les 86 prévus en tout. Mais en réalité, cette « première tranche » sera libérée au compte-goutte. 10 milliards d'euros seront mis à disposition immédiatement pour recapitaliser les banques. Un second versement de 13 milliards d'euros sera versé au 20 août. Il permettra de rembourser le prêt relais de juillet, les arriérés de paiement de l'Etat grec gelés ces derniers mois et la créance de la BCE. Cette somme disparaîtra donc immédiatement. Les 3 milliards d'euros restant seront, précise le communiqué de l'Eurogroupe, « versés en une ou plusieurs fois en fonction de la mise en œuvre des mesures clés » du mémorandum.
On voit que la confiance des créanciers envers la Grèce est extrêmement relative et qu'en réalité les créanciers maintiennent à chaque instant la capacité de bloquer le versement des sommes. En réalité, cela va plus loin. Si les objectifs ne sont pas atteints, les créanciers se réservent le droit de réviser la conditionnalité. Ce droit est inscrit noir sur blanc dans le projet de mémorandum dès le premier paragraphe : « la conditionnalité sera révisé sur une base trimestrielle en prenant en compte les progrès réalisés sur les trimestres précédents. Dans chaque revue, les mesures spécifiques de politique et d'autres instruments pour atteindre les grands objectifs fixés et le calendrier. » Cette phrase est essentielle, car elle donne aux créanciers la possibilité de demander aux créanciers de nouvelles mesures pour tenir « le calendrier » et atteindre les « objectifs. » La division des tranches versées en « sous tranche » et les revues permettront donc de maintenir la tutelle sur le gouvernement grec en le menaçant de défaut en permanence.
Le risque de « nouvelles mesures »
Le mémorandum assure donc non seulement le maintien d'un « nœud coulant » autour du cou d'Athènes, mais il maintient aussi le risque d'une « spirale infernale » de l'austérité dans laquelle le pays sous programme est contraint d'atteindre des objectifs trop ambitieux en prenant des mesures encore plus drastiques qui réduisent la richesse nationale et rendent les objectifs encore plus inatteignables. C'est ce qui s'est passé entre 2010 et 2014 en Grèce, mais les créanciers ont affirmé que c'est le manque de mise en œuvre des réformes qui a réduit la croissance grecque, pas le programme lui-même. Ils demeurent fidèles à cette logique que Syriza (mais pas seulement, le gouvernement Samaras y résistait aussi depuis l'été 2014) cherchait précisément à renverser. De ce point de vue, Alexis Tsipras prend donc un risque considérable : celui de devoir encore rajouter de l'austérité à l'austérité.
La question du Fonds de privatisation
On soulignera aussi un autre signe de défiance des créanciers : le Fonds de privatisation qu'Alexis Tsipras avait réussi le 13 juillet à « rapatrier » en Grèce alors que Wolfgang Schäuble voulait le placer au Luxembourg, sera sous étroite surveillance européenne. L'Eurogroupe l'a répété : ce Fonds sera certes géré par la Grèce, mais « sous la supervision des institutions européennes compétentes. » La nature de cette supervision sera donc à préciser dans les mois qui viennent, puisque ce Fonds sera installé en début d'année prochaine. On peut se douter qu'elle sera étroite puisque l'Eurogroupe a réclamé que « la législation pour établir le Fonds soit adopté en accord avec les institutions européennes. » L'autonomie grecque sera donc très faible. Or, une grande partie de la richesse de l'Etat grec sera transféré à ce fonds, notamment les participations dans les banques. Il y a donc fort à parier que ces actifs transférés échappent entièrement au contrôle autonome du gouvernement qui se contente de se concentrer sur des objectifs chiffrés. Si donc les « ventes rapides » ont bien été rejetées explicitement par l'Eurogroupe, la gestion de ce Fonds risque d'échapper au contrôle du gouvernement.
Pas de décote sur la Grèce
Reste qu'Alexis Tsipras peut prétendre que ces concessions auront pour but d'obtenir une restructuration de la dette hellénique, un des principaux objectifs de son parti. Mais, en réalité, il semble déjà avoir perdu sur ce plan également. En effet, l'Eurogroupe a, le 14 août, encore une fois exclu explicitement tout « haircut », c'est-à-dire toute décote nominale dans le stock de dettes. Or, le stock de dettes grec va encore augmenter avec ce troisième plan qui ajoute 86 milliards d'euros et les intérêts au stock existant. Rappelons que le deuxième mémorandum, alors même que le plan de participation du secteur privé avait annulé 105 milliards d'euros de dettes, a augmenté de près de 50 points de pourcentage de PIB le ratio d'endettement du pays. Cette fois, le nouvel endettement est moins important, mais il n'y a pas de coupes dans le stock de dettes et l'effet récessif des mesures proposées est encore à constater. En 2012, cet effet avait été sous-évalué par les mêmes services que ceux qui ont travaillé cette fois à l'établissement de la soutenabilité de la dette.
Une restructuration a minima contre une obéissance parfaite
Bref, le FMI semble avoir raison de réclamer une décote « considérable » (dont il s'exclut lui-même cependant). Et Alexis Tsipras ne semble pas, comme on l'a vu, en mesure d'imposer cette décote. Vendredi 14 août, Jeroen Dijsselbloem n'a donc proposé qu'un nouvel étalement, comme en novembre 2012, du remboursement des intérêts et du principal. Ceci réduit certes, la valeur nette actualisée de la dette grecque, mais laisse une épée de Damoclès considérable sur l'économie du pays pendant des décennies. Mais c'est tout ce qu'Alexis Tsipras peut espérer pour l'instant.
Or, pour obtenir ce « cadeau », il va devoir faire montre d'une grande obéissance vis-à-vis des créanciers. C'est le sens de « l'attente » de la fin de la première revue. « Nous verrons si de nouvelles mesures sur la dette sont nécessaires en octobre », a affirmé Jeroen Dijsselbloem. Or, ce qui sera vrai sur la dette grecque en octobre l'est déjà en août. La réalité, c'est que ces mesures seront une « récompense » pour le bon comportement du gouvernement grec. Ce sera, en réalité, le signe de la tutelle du pays. Et de son maintien à moyen terme, puisque les mesures seront sans doute insuffisantes.
Dans ce cadre, quel pourra être le sens des prochaines élections grecques - si elles ont lieu ? Le gouvernement grec, quel qu'il soit, est tenu dans une telle dépendance, que son autonomie est extrêmement limité. Reste le pari qui pourrait être celui d'Alexis Tsipras : un phénomène de rattrapage de l'économie après le coup d'arrêt de l'été qui masquerait les effets des mesures d'austérité et permettrait de dégager des marges de manoeuvre.