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Peut-on détruire les embarcations des migrants comme le suggère Ciotti ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Invité jeudi 20 août à la matinale de France Info, Eric Ciotti a dénoncé les « mesurettes » de l’accord de Calais, tout juste signé entre les gouvernements français et britannique, et qui prévoit le déploiement de policiers britanniques sur le sol français.
Coutumier des exagérations sur l’immigration, le député Républicains des Alpes-Maritimes s’est emporté contre « l’inaction coupable du gouvernement », dont il fustige la « lâcheté », avant de proposer des solutions pour le moins étonnantes :
« Les passeurs, on les combattra sur les côtes africaines. Il faut détruire les bateaux, avant qu’ils ne partent, sur les côtes africaines. Il faut créer des centres de rétention. Lorsque ces clandestins sont en Europe, c’est déjà trop tard. »
Une intervention contre les passeurs est certes envisageable entre deux pays ayant signé un accord, comme c’est le cas entre la France et l’Angleterre. Mais la France ne peut pas arrêter des passeurs sur un territoire étranger, et encore moins détruire leurs embarcations, sans qu’un tel accord ait été signé.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Union européenne a demandé un mandat de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour pouvoir intervenir militairement dans les eaux libyennes, zone importante du trafic de migrants.
L’opération EU Navfor Med, conduite en liaison avec l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), a été lancée fin juin, avec cinq navires de guerre, trois avions de reconnaissance et de patrouille, trois hélicoptères, deux sous-marins et deux drones.
Dans l’attente d’une autorisation de l’ONU
Mais tous ces moyens ne sont pour l’instant pas utilisés pour des interceptions en haute mer, ou dans les eaux libyennes : il faut pour cela l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies et l’accord des autorités libyennes, alors que deux gouvernements rivaux s’affrontent toujours dans ce pays.
« Pour l’instant, nous n’en avons pas le droit. La Libye est un Etat souverain. L’opération se déroulera globalement dans les eaux internationales. Nous agissons dans l’espace de la haute mer, régi par un ensemble de règlements internationaux », explique le contre-amiral Bléjean, numéro deux de l’opération, dans une interview à La Croix.
Lire aussi : Migrants : l'UE lance une opération contre les réseaux de passeurs
En outre, dans la pratique la question n’est pas aussi simple que de rendre inutilisables des canots pneumatiques, ajoute le contre-amiral :
« Pour capturer des trafiquants, il ne s’agit pas d’attaquer ou de détruire des bateaux transportant des migrants – qui ne sont pas des ennemis mais des personnes à sauver. Les rafiots utilisés nous intéressent moins que les navires les tractant. »
Les Européens ont récemment renforcé leur présence à Agadez, une ville du nord du Niger par laquelle passent une majorité des migrants qui affluent en Libye : à partir de septembre, un centre expérimental va aider les migrants à développer une activité économique chez eux plutôt que de tenter de rejoindre l’Europe.
Les Européens entendent aussi soutenir d’autres pays de transit dans leurs contrôles aux frontières. Mais, encore une fois, il ne s’agit en aucun cas d’intervenir de façon unilatérale sur leur sol, comme le suggère Eric Ciotti.