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"Le paysan médiéval avait plus de vacances que vous" (New York Post)

histoire

Lien publiée le 22 août 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://laicard-belge.blogspot.fr/2015/08/le-paysan-medieval-avait-plus-de.html

En ces temps où le travail du dimanche tend à devenir une norme légale et une évidence aux yeux de beaucoup trop de gens (voire un droit aux yeux des consommateurs agressivement égoïstes), il est bon de faire entendre un autre son de cloche.Cet article, en anglais malheureusement, décrit une vérité historique, inconnue de toutes nos fortes têtes libérales, à savoir que le paysan médiéval travaillait BEAUCOUP moins que nous. Si le XIXe siècle et sa révolution industrielle furent une aberration humaine avec leurs 70 à 80 heures de travail par semaines (un temps de travail presque inconnu dans l'histoire de l'humanité), nos 40 heures (qui sont – secret de polichinelle –, dans les faits, bien plus), ne sont pas moins une particularité moderne quand on les compare à notre propre passé. 

Quand le travailleur américain moyen dispose généralement de huit jours de vacance, le paysan médiéval pouvait parfois ne travailler, grâce à de nombreuses semaines de vacances et autres journées de congé, pas plus de 150 jours par an ! Et il faut savoir ce que furent ces journées de travail aussi. Loin du quotidien des salariés exploités comme des robots sans âme, où trente minutes de pause pour manger semblent être un cadeau merveilleux offert par le patron, le travailleur de l'époque prenait son temps pour manger et profitait bien souvent d'une sieste l'après-midi. L'économiste Juliet Shor convoquée ici rappelle que le train de vie de l'époque était « beaucoup plus lent, même paisible » et le travail « plus détendu ». Rappelons-nous par ailleurs ce que l'historien anglais Edward P. Thompson disait à propos du travail pré-industriel, qui se caractérisait aussi par une diversité d'activités bien plus grande (des sous-tâches dans un même métier, à la flexibilité des allers-venus, en passant par la persistance de nombreux emplois « mixtes ») :
 

«  Avant l'avènement de la production de masse mécanisée, l'organisation du travail était donc caractérisée par l'irrégularité. Dans le cadre de la production requise pour la semaine ou la quinzaine – tant de verges de tissus, tant de clous ou de paires de chaussures – la journée de travail pouvait être plus ou moins longue. De plus, dans les premiers temps de l'industrie manufacturière et de l'industrie minière, de nombreux emplois mixtes persistaient : les employés des mines d'étain de Cornouailles pêchaient aussi le pilchard ; leurs collègues des mines de plomb du Nord cultivaient parallèlement de petits lopins de terre ; les artisans des villages louaient leurs services dans le bâtiment, les transports, la menuiserie ; les ouvriers à domicile ; les petits fermiers des Pennines étaient aussi tisserands. » (Temps, discipline du travail et capitalisme industriel, éditions La Fabrique, pp.50-51)

Il rajoutait :
 

« Lorsque les hommes avaient le contrôle de leur vie professionnelle, leur temps de travail oscillait donc entre d'intenses périodes de labeur et d'oisiveté (Organisation que l'on retrouve au demeurant aujourd'hui chez les travailleurs indépendants – artistes, écrivains, petits fermiers, et sans doute aussi chez les étudiants –, ce qui porterait à se demander si ce n'est pas là un rythme de travail "naturel" pour l'homme.). A en croire la tradition, les lundi et mardi, la navette du métier à tisser était rythmée par la lente goualante des tisserands : "On a bien l'temps, on a bien l'temps." Les jeudi et vendredi, ils changeaient de refrain : "Plus qu'un jour à tirer, plus qu'un jour à tirer." La tentation de rester au lit une heure de plus le matin obligeait à achever le travail tard le soir à la chandelle. Très peu de corporations manquaient d'observer la Saint-Lundi : cordonniers, tailleurs, charbonniers, typographes, potiers, tisserands, bonnetiers, couteliers – autant de métiers des quartiers populaires de Londres. » (ibid., pp.52-53)


Si les USA sont les pires en la matière , n'ayant même pas de politique en matière de vacances nationales, nous nous y acheminons tranquillement, en cadence avec la musique lugubre de nos élites libérales. Personne, parmi ces dernières, ne semblant se rendre compte que diminuer les journées de vacance ainsi qu'augmenter le temps de travail, non seulement loin de faire « trimer les branleurs qui font pas l'effort de travailler » (il n'y a qu'un branleur, n'est-ce pas, pour trouver le fait de répéter continuellement le même geste, répéter les mêmes paroles, pour un salaire de misère, insupportable), n'améliore en rien la productivité du travailleur. Les études ainsi que le bon sens l'attestent : un travailleur qui revient de vacance est bien plus productif car reposé – les études l'ont aussi démontré pour les siestes durant le travail –, et les travailleurs les plus productifs dans le monde sont aussi ceux qui travaillent le moins (l'Allemand travaille beaucoup moins d'heures que le Grec !...). 

Nos ancêtres ayant lutté pour la journée de 8 heures ne luttaient pas pour quelque chose de « nouveau ou radical », mais pour restaurer ce « dont jouissaient leurs ancêtres avant l'arrivée des capitalistes industriels et de l'ampoule électrique ».