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Grèce : crise politique au sommet

Grèce

Lien publiée le 13 février 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

ATHENES, 13 fév 2012 (AFP) - L'adoption à l'arraché par le parlement grec d'un nouveau plan de rigueur et dérégulation imposé par UE et FMI a fait s'effondrer en une nuit l'édifice politique grec, passé d'un bipolarisme rigide à une dispersion généralisée pour cause de dissidences anti-austérité.

Pour la première fois depuis 1993, plus aucun parti ne détenait de majorité absolue au parlement lundi matin: réduit à 131 sièges, sur 300, le Pasok socialiste a sacrifié celle qu'il détenait depuis sa victoire de 2009 en radiant 22 députés qui ont refusé de voter en faveur du mémorandum économique UE-FMI.

La Nouvelle-démocratie, conservatrice, a aussi été décimée, perdant 21 parlementaires sur 83 dans la bataille.

Soit une majorité théorique réduite à 193 sièges pour le gouvernement socialiste-conservateur de Lucas Papademos, chargé d'engager le pays sur la route du redressement depuis l'éviction du Premier ministre socialiste élu, Georges Papandréou.

En novembre, cet héritier d'une des grandes dynasties politiques grecques avait été la première victime de la recomposition en cours, pour avoir mis le pays à l'heure d'une austérité enterrant ses promesses électorales socio-démocrates, et engagé des réformes sapant la logique clientéliste du système partisan.

Pour Thanassis Diamantopoulos, professeur de sciences politiques à l'université d'Athènes, l'ampleur de la fronde parlementaire a créé "un vide politique sans précédent".

"La Grèce est en train de passer du bipolarisme le plus rigide en Europe à un multipartisme pulvérisé et centrifuge", juge-t-il.

"Réticences idéologiques, volonté de capitaliser le mécontentement social, voire simple peur" face aux fréquentes agressions physiques visant désormais les élus, rendus responsables de la débâcle économique: les motivations des dissidents sont selon lui aussi diverses que leur parcours.

"Dans les deux camps, la plupart sont ceux qui étaient les plus fidèles à la ligne du parti et à leurs chefs", et n'ont pas supporté les volte-face, relève pour sa part le politologue Georges Séfertzis.

"Le poids à porter était devenu trop lourd, avec la généralisation dans la société grecque du sentiment que le programme économique imposé au pays est inefficace, et un fort courant de résistance à ce qui est perçu comme une humiliation nationale", juge-t-il.

Notamment à droite, où le dirigeant conservateur Antonis Samaras ne s'est rallié que tardivement aux recettes UE-FMI, après des mois d'opposition frontale.

Ironie du sort, son rival d'extrême-droite Georges Karatzaféris qui a négocié le virage inverse en quittant vendredi l'exécutif Papademos a lui aussi perdu deux députés (sur 16), mais parce qu'ils ont soutenu le plan de rigueur.

"Après une crise politique de cette envergure, on peut difficilement éviter des élections, elles sont quasi-obligatoires" juge le politologue Ilias Nikolapopoulos.

Le porte-parole du gouvernement, Pantelis Kapsis, a de fait annoncé lundi que le scrutin serait organisé "en avril", dans le délai prévu lors de la formation du gouvernement Papademos en novembre, et comme l'avait encore réclamé vendredi M. Samaras, qui part favori.

Mais pour M. Séfertzis, la date des élections est encore en jeu, au vu du bouleversement généralisé du paysage politique, et de l'ampleur des réactions sociales à prévoir lorsque les mesures votées, prévoyant notamment des baisses de salaires dans le privé, commenceront à être appliquées.

M. Samaras "doit être en train de faire et refaire ses comptes", estime-t-il.

Voire, selon ces analystes, de lancer des ponts vers le ministre socialiste des Finances, Evangélos Vénizélos, successeur le plus probable de M. Papandréou à la tête du Pasok, en vue de préparer une alliance gouvernementale qui replacerait l'axe politique du pays au centre.