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La Catalogne se dirige-t-elle vers une sécession ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) L’élection régionale qui s’est tenue dimanche 27 septembre en Catalogne, présentée comme un plébiscite en faveur de l’indépendance par le gouvernement régional s’est soldée par une ample victoire des indépendantistes.
La liste « Junts pel si » (Ensemble pour le oui), qui regroupe indépendantistes de gauche et nationalistes de droite, a remporté le scrutin avec 62 députés, un résultat à la hauteur de ses espoirs. Si l’on y ajoute les 10 députés de la CUP, un parti séparatiste anticapitaliste et europhobe, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue en nombre de sièges (72), mais pas en vote (47,8 %).
- Que signifie ce résultat ?
La forte participation, 77,5 %, soit 10,5 points de plus que lors des élections de 2012, déjà marquées par une forte mobilisation des électeurs, témoigne de l’importance d’un scrutin présenté comme « historique » par la plupart des partis en lice. Dans les quartiers populaires traditionnellement « unionistes » comme dans les fiefs indépendantistes, la participation a été très forte.
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Le Parti populaire (PP), qui pensait que cette hausse de la participation lui serait favorable, obtient un score très décevant, avec 11 députés (8,5 %), ce qui en fait l’avant-dernier parti sur l’échiquier politique catalan. C’est le jeune parti de centredroit Ciudadanos (Citoyens) qui capitalise le vote anti-independantiste, se hissant à la deuxième position avec 25 députés (18 %).
- Quelles sont les promesses des indépendantistes ?
La liste « Junts pel si » s’est engagée à réaliser une déclaration institutionnelle dès l’investiture de ses élus afin d’exposer officiellement son intention de déclarerl’indépendance. Après une première phase de la législature qui sera consacrée à la construction de « structures d’Etat » permettant un transfert de souveraineté, les indépendantistes ont promis la tenue d’élections constituantes dans un délai maximal de 18 mois.
- Ce scrutin peut-il être apparenté à un référendum ?
La portée de ce vote, interprété par certains comme justifiant une possible sécession, fait débat. Les indépendantistes revendiquent la légitimité supérieure des urnes à la légalité constitutionnelle. Mais cette position soulève plusieurs questions.
La plus importante provient du fait que les indépendantistes ont obtenu une majorité de sièges (72 députés alors que la majorité absolue se situe à 68) mais pas de voix (47,8 %). Ainsi la large victoire des indépendantistes ne peut être assimilée, au-delà de la différence du mode de scrutin, à un « oui » dans le cadre d’un référendum d’autodétermination : une majorité absolue de Catalans n’a pas voté pour eux.
D’autre part, certains électeurs ont voté en pensant faire pression sur Madrid pour mieux négocier, convaincus que le gouvernement central s’opposerait comme il n’a cessé de le répéter à une sécession de la Catalogne. En ce sens, les déclarations du numéro 7 de « Junts pel si », Oriol Amat, ont provoqué de vives critiques dans les rangs des indépendantistes. Cet économiste a affirmé cette semaine à une journaliste allemande, Julie Macher, qu’il y a « une forte probabilité qu’après les prochaines élections législatives de décembre », « le gouvernement fasse une offre » à la Catalogne et que si ‘Junts Pel si’la soumettait à un vote, une majorité de Catalans voteraient pour un accord avec Madrid. Une position non partagée au sein de la coalition.
- Que peut-il se passer ?
Impossible de le savoir avec certitude. Le résultat des élections ne prédit pas ce qu’il adviendra de la Catalogne pour plusieurs raisons. La première est que Madrid refuse de lire ce scrutin comme un « plébiscite ». Pour le gouvernement conservateur, il s’agit d’élections régionales et en aucun cas elles ne peuvent être considérées comme un référendum. La confrontation avec Madrid pourrait donc s’intensifier dans les prochaines semaines, avec de possibles recours à la justicepour tenter de paralyser le processus indépendantiste.
D’autre part, l’investiture du prochain président de la Généralité, le gouvernement catalan, s’annonce compliquée. Le parti séparatiste CUP a exprimé à de multiples occasions qu’il ne permettrait pas celle d’Artur Mas, le président sortant de la région. Il faudrait alors que « Junts pel si » présente un autre candidat de consensus, ce qui risque d’ouvrir des tensions entre les différents partis qui composent la liste unitaire.
Enfin, un nouveau gouvernement sortira des urnes en Espagne en décembre et pourrait tenter de négocier une autre sortie à la crise politique entre Madrid et Barcelone.
Cependant, Artur Mas a répété à l’envi qu’il ne discuterait avec Madrid que d’une chose : de l’indépendance. Pas question de revenir sur de simples concessions fiscales ou sur une renégociation du statut d’autonomie. Il a cependant souligné qu’il serait prêt à retarder l’application de la feuille de route si Madrid lui proposait d’organiser un véritable référendum, avec des garanties légales, tout en soulignant qu’il n’y croyait pas.
- Que proposent les différents partis ?
Le PP aura du mal à sortir de sa posture actuelle, celle de la fermeté du « seul garant de l’unité de l’Espagne » comme il se définit. Et ce bien qu’en secret, certains de ses dirigeants reconnaissent qu’une réforme de la Constitution pouraméliorer les relations entre la Catalogne et le reste de l’Espagne est inévitable.
Ciudadanos prône le dialogue mais s’oppose à un référendum d’indépendance et défend l’unité de l’Espagne. Le parti socialiste (PSOE) défend une réforme de la Constitution qui renforcerait le fédéralisme.
Podemos, qui ne souhaite pas l’indépendance, a dit cependant qu’il revenait aux Catalans de choisir et leur a donc promis un référendum d’autodétermination. La CUP souhaite une déclaration unilatérale d’indépendance immédiate et la sortie de l’Union européenne.