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Quand la souffrance animale reflète la souffrance des humains
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Horribles images divulguées par l’association de protection des droits des animaux L214. Cela se passe dans l’abattoir municipal d’Alès, dans le Gard (30), près de Nîmes. Des vaches vidées de leur sang et des chevaux découpés encore vivants, des cochons, des chevaux et des vaches pendus qui reprennent conscience sur la chaîne d’abattage. Ces images révèlent la maltraitance et la souffrance des animaux destinés à l’abattage dans leurs derniers instants de vie.
Le maire Les Républicains Max Roustan a décidé de fermer l’abattoir comme mesure conservatoire et d’ouvrir une « enquête administrative interne sur d’éventuels manquements aux normes d’abattage des animaux ». Cependant, l’association L214 signal que « la commune d’Alès, en tant qu’exploitant de l’abattoir régional, porte la responsabilité des pratiques qui s’y déroulent quotidiennement ».
Les salariés complices ?
Mais l’association en plus de dénoncer les autorités glisse une critique aux salariés : « la plupart des animaux ont une mort violente et agonisent lentement sous le regard indifférent des employés ». Cette malheureuse dénonciation a pour conséquence de lier les salariés de l’abattoir à leurs chefs et patrons, comme si les travailleurs avaient leur mot à dire sur les méthodes et l’organisation de travail ! Comme affirme le professeur vétérinaire Gilbert Mouthon : « Les salariés sont confrontés à des exigences de productivité de plus en plus élevées, il faut aller de plus en plus vite ».
En effet, selon Le Figaro « chaque année, 3.000 chevaux, 20.000 cochons, 40.000 moutons et 6.000 bovins sont tués » dans l’abattoir municipal. En ce sens, on ne peut pas séparer la lutte pour des meilleures conditions d’abattage, avec moins de souffrance pour les animaux, sans poser la question des conditions de travail des salariés de l’abattoir.
Les conditions de travail dans les abattoirs son très dures en effet, notamment dans le secteur des chaines d’abattage. Comme le rappelle une étude réalisée en 2014 sur les abattoirs du sud-ouest de la France : « Le secteur de l’abattage connaît d’importantes difficultés de main d’œuvre et souffre d’un cruel déficit d’image (conditions de travail difficiles, localisation des outils…). (…) Les outils ont de grandes difficultés à garder leur personnel durablement, en particulier sur les postes à la chaîne. (…) Les outils d’abattage sont [également] en proie à de réelles difficultés (…) de formation du personnel. Et pour cause, il n’existe aucun centre de formation du personnel travaillant en abattoir au niveau interrégional. Les formations sont par conséquent très souvent dispensées en interne par le personnel existant ».
Une question qui va au-delà de la souffrance animale
Le but de L214 est de dénoncer les conditions cruelles dans lesquelles les animaux destinés à la consommation sont élevés et abattus. Ainsi, Brigitte Gothière, co-fondatrice de L214, signale : « [Nous] sommes attachés à rappeler que tous les abattoirs sont des lieux de mort violente et de détresse pour les animaux : la seule véritable justice qui puisse leur être rendue est de cesser de les consommer ».
Cependant, la question de la souffrance animale n’est pas dissociable de la souffrance humaine conséquence de l’exploitation, des oppressions et de toutes les cruautés de la société capitaliste.
En ce sens, comment prétendre que la mise à mort des animaux soit plus « respectueuse » dans une société aussi barbare que le capitalisme. Une société où l’on laisse mourir de faim des millions de personnes ; où des milliers de personnes meurent noyés dans la Méditerranée essayant de traverser des frontières blindées et où l’on considère que trop venir en aide à ces migrants pourrait avoir comme effet d’en attirer plus ; une société dans laquelle des milliers meurent dans des guerres ; une société où l’on ferme des hôpitaux, des écoles ; une société où la vie des travailleurs et des classes populaires ne valent rien, où on les pousse au suicide ; une société où l’on empoisonne les sols, les airs et les eaux de populations entières... Les images de l’abattoir municipal d’Alès ne sont en effet que le reflet de la société capitaliste.
La souffrance animale, comme la pollution de l’environnement, est un résultat du mode de production capitaliste qui ne vise uniquement la maximalisation des profits à tout prix. En ce sens, la lutte contre la souffrance animale passe aussi par la lutte contre le capitalisme et ses méthodes barbares de production. L’étatisation sous gestion ouvrière des abattoirs par exemple pourrait non seulement garantir une mort digne et avec le moins de souffrances aux animaux mais aussi de meilleures conditions de travail et d’hygiène des produits. Mais pour garantir une alimentation de qualité et des conditions saines d’élevage c’est la nationalisation sous contrôle des travailleurs de l’ensemble de l’industrie agroalimentaire qui est nécessaire.