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Vers une nouvelle vague de grèves en Tunisie

international Tunisie

Lien publiée le 13 novembre 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36340

Avec l’attribution, le 9 octobre dernier, du prix Nobel de la paix à quatre organisations tunisiennes dont l’UGTT et la centrale patronale UTICA, des commentateurs s’étaient empressés de prophétiser l’instauration d’une « paix sociale » dans le pays. Dans la vraie vie, il en a été tout autrement.

Suite au refus patronal d’accorder des augmentations salariales, une vague de grèves générales régionales et interrégionales va en effet secouer le secteur privé. Son calendrier en a été rendu public le 12 novembre.
* La première grève régionale sera observée le 19 novembre dans la région de Sfax. A l’heure où ces lignes sont écrites, des débrayages de solidarité sont d’ores et déjà prévus dans l’Enseignement secondaire, et d’autres sont en discussion dans différentes branches du secteur public. (1)
* Le 25 novembre, ce sera au tour du grand Tunis.
* Le 26 novembre, celui des régions de Nabeul, Zaghouan, Sousse, Monastir et Mahdia.
* Le 27 novembre, Bizerte, Béja, Jendouba et le Kef.
* Le 30 novembre, Siliana, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine.
* Le 1er décembre, ce sera au tour de Médenine, Gabès, Tataouine, Tozeur, Gafsa et Kébili.

Cette nouvelle vague de grèves ne tombe pas du ciel. Elle résulte d’un processus de mobilisation mis progressivement en place depuis la mi-septembre, dans la foulée de la vague historique de grèves du secteur public au premier semestre 2015.

 Petit retour sur le 9 premiers mois de 2015

Ces dernières années, l’ensemble des salariés ont connu une dégradation considérable de leur pouvoir d’achat.

Face à cela, les enseignant-e-s du secondaire ont entamé, à l’automne 2014, un cycle prolongé de mobilisation. Et le 6 avril 2015, après plus de 5 mois de luttes (dont plusieurs journées de grèves à près de 100 %), le syndicat UGTT de l’enseignement secondaire signait un accord historique. Celui-ci devrait normalement permettre aux enseignants du secondaire de maintenir leur pouvoir d’achat sur la période 2012-2017. Dans les transports publics des grèves, parfois sans préavis, ont également débouché sur des succès partiels.
D’autres branches du secteur public se sont alors mis en branle, comme par exemple l’enseignement primaire, la Santé publique, la distribution électrique, etc.

Cette vague de grève d’une ampleur inégalée, a permis de déboucher, le 22 septembre, sur des avancées (plus limitées) pour le reste du secteur public.

Jugeant celles-ci insuffisantes, les enseignant-e-s du primaire ont continué à se mobiliser afin d’obtenir les mêmes avantages que ceux obtenus par leurs collègues du secondaire. Leur obstination a payé : ils ont remporté une première manche le 21 octobre, et ils devraient normalement remporter la seconde. (2)

Ces avancées obtenues dans le secteur public, ont renforcé la volonté de lutte des salariés du privé. Et cela malgré la violence de la répression anti-syndicale existant souvent dans le privé, comme l’avait par exemple mis en lumière le conflit de Latelec-Fouchana. (3)

  Un patronat de combat

Le patronat tunisien est en effet décidé à poursuivre une baisse méthodique du pouvoir d’achat des salariés. Alors que les prix flambent, il propose par exemple pour un salarié payé au SMIC une augmentation mensuelle limitée à 15 dinars (soit moins de 7 euros).

Loin des embrassades nobelisées, l’UTICA a publiquement présenté les revendications salariales de l’UGTT comme « aberrantes », « exorbitantes », et « irrationnelles ».
De son côté, l’UGTT a qualifié les propositions patronales de « ridicules », de « farce » ou encore de « miettes » ne répondant en aucun cas aux attentes des salariés.

  Un processus de grève de l’ensemble du secteur privé

Par touches successives, la pression est lentement montée :

* Le 22 septembre, jour de la signature de l’accord du 22 septembre dans le secteur public, le responsable national de l’UGTT pour le secteur privé a déclaré par exemple : « si l’UTICA ne prend aucune décision, nous entamerons si nécessaire, une grève générale dans le secteur privé dont la dimension sera historique ».

* Dans la foulée, l’UGTT de Sfax a annoncé le 4 octobre, le dépôt de 165 préavis de grèves dans la région.
Lui emboîtant le pas, l’UGTT de Ben Arous a appelé « tous les travailleurs et travailleuses de la région à porter le brassard rouge les 8, 9 et 10 octobre » pour dénoncer « la politique de fuite en avant suivie par l’UTICA, tenue pour responsable de la détérioration du climat social ».

* Le 19 octobre, l’UGTT a décidé finalement de reporter les grèves d’un mois les grèves prévues dans la région de Sfax, afin de ne pas fermer la porte à une éventuelle évolution de la position de l’UTICA. Mais rien n’y fait.

* Le 8 novembre, face à l’autisme de l’UTICA, le couperet a fini par tomber : la Commission administrative nationale de l’UGTT a en effet adopté « un ensemble de mesures en vue d’organiser des mouvements de protestation pour soutenir les travailleurs du secteur privé et pour défendre leur droit à des augmentations salariales ». Le responsable national de l’UGTT pour le secteur privé a ajouté : « des grèves sectorielles et régionales seront organisées, au cas d’un échec des négociations sur les augmentations salariales dans le secteur privé. La première grève sera observée à Sfax ».

* Et le 12 novembre, le calendrier de ces grèves générales tournantes signalé au début de cet article a été rendu public.


Notes :

1. Propos recueilli le 12 novembre 2015.

2. Propos recueilli le 12 novembre 2015.

3. https://www.facebook.com/ComiteSoutienSyndicalistesLatelecFouchana?ref=hl

P.-S.

* Autres articles concernant la Tunisie http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique130 
Certains d’entre eux sont uniquement accessibles en cliquant sur « sous-rubriques » (A gauche, Economie, Ennahdha-islamisme, Femme, Histoire, Syndicalisme).