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A Paris, malgré l’interdiction, les militants du climat se manifestent
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Mediapart) Ce dimanche, l'interdiction de la grande manifestation prévue pour l'ouverture de la COP21, le sommet de Paris sur le climat, a abouti à un étrange paradoxe : ce ne sont pas un, mais deux rassemblements qui ont eu lieu. Le premier, à l'appel d'Attac et Alternatiba, a rassemblé 10 000 personnes en chaîne humaine le long de l'itinéraire initialement prévu. Le second, place de la République, destiné à manifester contre l'interdiction de manifester, a rassemblé 5 000 personnes. Des heurts y ont opposé certains manifestants aux CRS dans l'après-midi.
Ce devait être une grande manifestation pour le climat, réplique parisienne de la marche new-yorkaise de 2014 où 300 000 personnes – un record – avaient défilé, y compris ministres et hauts responsables. Attentats du 13 novembre et état d’urgence obligent, la manifestation avait été interdite. Au lieu de cela, deux rendez-vous avaient été fixés. Le premier, à l’appel d’Attac et d’Alternatiba notamment, visait à créer une chaîne humaine entre la station de métro Oberkampf et celle de la Nation, en suivant l’itinéraire initialement prévu. Un second appel à rassemblement, largement diffusé sur Internet, avait donné rendez-vous place de la République en début d’après-midi, dans le but de manifester contre l’interdiction de manifester.
La mobilisation citoyenne avait commencé dès les jours précédents. Durant deux nuits, les activistes de Brandalism, un collectif britannique, avaient détourné certains panneaux publicitaires JCDecaux pour apposer leurs propres affiches (voir vidéo ci-dessous).
Puis à l’aube, c’est le collectif Avaaz qui est intervenu place de la République, pour disposer sur le sol des paires de chaussures censées représenter les manifestants privés du droit de marcher. Les chaussures en bon état ainsi récoltées ont par la suite été remises à Emmaüs.
À midi, des milliers de personnes se sont rendues sur l’itinéraire de la chaîne humaine. L’objectif des organisateurs, Attac et Alternatiba, était de pouvoir faire entendre la voix de ceux qui n’avaient plus le droit de manifester, et de déployer les banderoles qui auraient dû émailler le cortège initialement prévu.
Avant même que ne débute la chaîne humaine, Geneviève Azam, coprésidente du conseil scientifique d’Attac, a tenu à préciser la démarche, justifiée selon elle par « l’état d’urgence climatique ». « L’interdiction de manifester nous permet en fait de réaffirmer encore plus le besoin de se retrouver ensemble », a-t-elle ajouté.
Pour le collectif Alternatiba, Jon Palais, son principal animateur, a détaillé : « La préfecture n’a ni autorisé ni interdit le rassemblement. Mais il nous paraît important de briser cet état de stupéfaction. » Les assignations à résidence de militants écologistes étaient bien sûr parmi les sujets de préoccupation. Juliette Rousseau, de la Coalition Climat 21, a expliqué : « Les pouvoirs publics nous ont dit de leur fournir une liste et ils se sont engagés à revoir les dossiers d’assignation à résidence. Mais ils ne se sont pas totalement engagés à les lever. »
Vers midi, les personnes présentes le long de l’itinéraire fixé se sont mises en place. Banderoles, cartons, déguisements, ponctuaient les cinq grands thèmes disséminés le long des avenues : la nature à la station Oberkampf, les communautés impactées station Saint-Ambroise, les responsables du dérèglement métro Voltaire, les solutions au changement climatiques métro Charonne et, enfin, les emplois climatiques métro Nation.
Selon les organisateurs, dix mille personnes étaient au rendez-vous. Derrière des slogans tels que « Nous savons qui sont les responsables du changement climatique ! », « Premiers affectés et premiers en résistance ! », « Protéger la nature, c’est sauver notre futur ! », « Nous sommes les solutions ! » ou encore « Pas d’emplois sur une planète morte ! ».
Le slogan d’Attac, « Changeons le système, pas le climat » était de fait décliné à l’envi. Gaz de schiste, Tafta (le traité de libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Union européenne), les subventions accordées aux producteurs de pétrole, les compagnies aériennes, etc. : tous les dossiers du moment étaient déclinés le long des trois kilomètres de la chaîne humaine, qui a rassemblé entre 5 000 et 10 000 personnes.
« On est là pour dire que l’urgence climatique vaut bien l’état d’urgence », déclare Isabelle, la quarantaine. « Ce qu’il faut montrer, c’est que les terroristes ne nous feront pas taire sur un sujet aussi important pour nous mais surtout pour nos enfants », complète Gilles, qui l’accompagne. Naomi Klein, présente, est accueillie comme une star.
Vers 12 h 30, la chaîne s’est dénouée. De nombreux participants ont convergé vers la place de la République, lieu du second rassemblement, où une foule éparse au début mais de plus en plus fournie « brave » selon le mot d’ordre de l’appel, l’interdiction de manifester.
Heurts à République
L’ambiance y était tout aussi festive vers 13 heures : des anges, des clowns, une marionnette géante de plusieurs mètres de haut, un stand de nourriture gratuite improvisé sur le terre-plein central. Dès 11 h 30, les gens commençaient à arriver en nombre sur la place. Vers 13 h 30, on comptait environ 5 000 personnes. Un cortège improvisé a commencé à faire le tour de la place avec, à sa tête, les militants d’Alternative libertaire.
On y croise l’éditeur Éric Hazan, en discussion avec l’économiste Frédéric Lordon, l’historien des idées François Cusset mais aussi le sociologue Éric Fassin (qui avait d’ailleurs écrit un billet sur son blog avant de s’y rendre).
La foule est assez jeune, exception faite des policiers en civil qui quadrillent déjà la place. Camille, du moins c'est sous ce prénom qu'il se présente, est là « pour dire que ce n'est pas au gouvernement de décider quand et où on se mobilise ». Son camarade, qui refuse de donner son prénom, abonde : « Ce n'est pas en allant dans un marché de Noël qu'on pourra se faire entendre, mais en étant nombreux ici aujourd'hui. » Le fait que le gouvernement interdise les manifestations tout en maintenant les marchés de Noël ou les rencontres sportives reviendra dans la bouche de nombreuses personnes interrogées.
Les slogans oscillent entre les appels à la justice climatique et les plus traditionnelles dénonciations de l’État capitaliste : « État d'urgence, état policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester » succède à « Rémi, Rémi, on n'oublie pas », en référence à la mort du jeune botaniste Rémi Fraisse il y a un an lors d’une manifestation à Sivens.
Un peu avant 14 heures, le cortège ainsi formé finit par s’engouffrer avenue de la République, toutes les autres issues de la place étant bouclées par des cordons de CRS, avant d’être bloqué à peine cent mètres plus loin. S’ensuit le premier face-à-face un peu tendu avec les CRS. Premiers jets de bouteilles et premières répliques avec des grenades lacrymogènes. Le cortège recule de quelques mètres et se stabilise. Dix minutes plus tard, la foule fait demi-tour pour retourner place de la République, où le tour de la place reprend.
Un nouveau face-à-face entre une centaine de militants radicaux et les CRS a rapidement lieu côté rue du Temple. Nouveaux jets de projectiles et réplique cette fois musclée des CRS, qui lancent plusieurs charges. La place est rapidement recouverte d’un épais nuage lacrymogène. Deux poubelles sont incendiées, mais ni le mobilier urbain ni les vitrines des boutiques de la place ne sont visés. S’ensuit un va-et-vient entre manifestants radicaux et CRS. Les premiers lancent divers projectiles et reculent dès que les seconds chargent. Alors que certains parviennent à s’emparer des divers objets disposés au pied du monument central en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, des militants plus pacifistes organisent une chaîne humaine pour protéger les lieux. Il n’empêche, bougies et pots de fleurs vont bel et bien être utilisés contre les forces de l’ordre. Tandis qu’une partie des dégâts sera aussi causée par les charges des CRS.
Peu avant 15 heures, un large cordon de CRS se déploie à partir du boulevard Voltaire sur toute la largeur de la place et commence à repousser les manifestants vers les boulevards Saint-Martin et de Magenta. Au boulevard Saint-Martin, les CRS laissent sortir au compte-gouttes, non sans fouiller les sacs à dos et même les sacs à main.
Vers 18 heures, il restait encore une centaine de personnes bloquées par des CRS sur la place. Parmi eux figuraient Christine Poupin et Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, ainsi que des membres d'Alternative libertaire, d'Ensemble ou même des syndicalistes de Sud. Joint par Mediapart vers 10 heures, Olivier Besancenot a expliqué que lui et les manifestants du NPA, d'Alternative libertaire et d'Ensemble s'étaient retrouvé coincés avec environ 300 personnes, des « manifestants pourtant bien identifiés ». « On a demandé à la préfecture de pouvoir quitter la place de la République mais ils ont refusé », nous précise-t-il, avant d'ajouter : « Ils m'ont gardé trois heures avant de me relâcher ». Les CRS se livraient par ailleurs à des courses-poursuites dans le quartier, à la recherche de militants. Environ 200 personnes ont été interpellées et plus de 170 ont été placées en garde à vue.
Intervenant en fin de journée, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve, le premier ministre Manuel Valls puis le président François Hollande ont tour à tour condamné ces violences. Bernard Cazeneuve a notamment déclaré au cours d'une conférence de presse qu'une « minorité de violente a cherché à organiser un cortège interdit. Plusieurs dizaines d'individus cagoulés ou masqués ont pris à partie les forces de l'ordre ». Il a promis dans les semaines qui viennent, compte tenu du contexte sécuritaire, d'être « d'une extrême fermeté ». « La fermeté sera totale », a-t-il ajouté.
Manuel Valls a quant à lui écrit le tweet suivant : « Les violences contre les forces de l'ordre place de la République sont indignes. Respecter ce lieu, c'est respecter la mémoire des victimes. » Tandis que François Hollande dénonçait l'action « scandaleuse d'éléments perturbateurs ».