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Grèce : le gouvernement présente sa réforme des retraites

Grèce international

Lien publiée le 5 janvier 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-gouvernement-presente-sa-reforme-des-retraites-540424.html

Le gouvernement grec a présenté un projet de réforme du système des retraites, conformément au mémorandum. Mais ce projet - déjà sévère pour les futurs retraités - sera sans doute rejeté par les créanciers.

L'année commence donc en Grèce avec un chantier immense pour le gouvernement d'Alexis Tsipras : la réforme des retraites promises aux créanciers. Cette réforme représente, en réalité, une deuxième étape. Le troisième mémorandum signé par la Grèce avec les créanciers le 19 août prévoyait en effet deux types de mesures sur l'assurance vieillesse. Les premières étaient spécifiées : il s'agissait de décourager les départs en préretraite, de supprimer d'ici à 2019 le complément versé aux retraités les plus fragiles (EKAS) et de reporter l'âge de la retraite à 62 ans avec 40 ans de cotisations et à 67 ans avec 15 ans de cotisations au moins. Ces mesures ont été adoptées parmi la longue série de « réformes » présentées au parlement grec, la Vouli, cet automne.

Mais il restait l'essentiel : la réforme générale du système. Cette dernière était officiellement laissée dans le mémorandum à l'appréciation du gouvernement grec. Mais avec un objectif : réduire chaque année les dépenses du système hellénique de pensions de 1 % du PIB, soit grosso modo, 1,7 milliard d'euros. C'était donc la seule contrainte que fixait le mémorandum, mais les créanciers avaient déjà fait savoir une grande partie de leurs vœux, notamment l'unification du système de retraite et une baisse des pensions.

La difficile équation d'Alexis Tsipras

Pour le gouvernement grec, cette réforme des retraites est une opération à très haut risque. D'une part, il doit satisfaire les créanciers puisqu'il a signé le mémorandum et s'est engagé à le respecter lors des élections du 20 septembre dernier. Du reste, sans réforme acceptée par les créanciers, l'argent du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) ne sera pas débloqué et l'Etat grec sera à nouveau menacé de défaut sur les dettes de la BCE et du FMI qu'il doit rembourser cette année. Mais la réforme des retraites représente un point très sensible pour le gouvernement grec. Durant le premier semestre 2015, la préservation des pensions constituait une des principales « lignes rouges » d'Alexis Tsipras. Il y avait donc là une épreuve de communication majeure : passer sous les fourches caudines des créanciers tout en envoyant un message de préservation des intérêts des plus fragiles.

L'exercice n'est pas réellement nouveau pour Alexis Tsipras, c'est celui auquel il se livre depuis le 13 juillet, avec plus ou moins de succès. Cette fois encore, il a donc fallu tenter ce subtil équilibre. Lundi 4 janvier, le ministre du travail, Georges Katrougalos, a ainsi présenté le projet de réformes qui a été transmis aux créanciers ce mardi 5 janvier.

La simplification du système

Que prévoit-il ? D'abord, la simplification du système qui sera unifié autour de trois parties. La première partie, appelée « pension nationale », sera fixe : 384 euros par mois pour 15 ans de cotisations à partir de 67 ans (40 ans à partir de 62 ans). Une décote proportionnelle sera appliquée à ceux qui ne respectent pas ces critères. La deuxième partie, appelée « pension principale », sera calculée sur le montant des cotisations. Le taux de remplacement des pensions sera fixé à 55-65 % du salaire moyen contre 70 % aujourd'hui. Elle sera désormais calculée sur la base de l'ensemble des salaires du retraité, et non sur les cinq dernières années, comme aujourd'hui. Enfin, certains retraités toucheront toujours, pour ceux qui ont cotisés, des retraites complémentaires.

Epargner les retraités actuels

La modification des critères de calcul devrait conduire à des coupes franches dans les pensions. Sur une pension brute de 750 euros par mois - la moyenne en Grèce - la baisse sera de 15 %. Pour les pensions les plus élevées, supérieures à 2.000 euros (pour le moment, il n'y a guère que 50.000 personnes dans ce cas sur 2 millions de retraités en Grèce), la baisse pourrait atteindre de 30 à 35 %. Mais le cœur du projet gouvernemental est de garantir le niveau des pensions actuelles puisque ces nouveaux modes de calcul ne seront appliqués qu'à partir de 2017. Ceci permet à Olga Gerovasili, la porte-parole du gouvernement d'affirmer que les « pensions actuelles ne sont pas réduites. » Une façon pour le gouvernement de sauvegarder ses « lignes rouges. » En réalité, le texte prévoit de réviser cette préservation des retraites actuelles en 2018 pour les pensions de plus de 750 euros. La sauvegarde n'est donc que temporaire. De plus, les retraites actuelles ont déjà subi en octobre une hausse des cotisations santé de 4 à 6 % pour les pensions principales et de 0 à 6 % pour les complémentaires.

La question du financement par les cotisations

Le gouvernement évite donc temporairement de nouvelles coupes sur les pensions actuelles. Pour y parvenir, il propose de relever d'un point les cotisations santé des employeurs et de 0,5 point celles des salariés. Si cela ne suffit pas aux créanciers, il propose d'appliquer une taxe de 0,1 % sur les transactions bancaires de plus de 1.000 euros.  Ces propositions risquent cependant d'être rejetées par les créanciers. Ce week-end, la Banque de Grèce - dirigée par l'ancien ministre des Finances conservateur Yannis Stournaras - a fait savoir qu'elle jugeait dangereux pour la « compétitivité, l'emploi et la croissance » cette hausse des cotisations. Ceci ne manque certes pas de piquant lorsque l'on se souvient des hausses d'impôts imposées par les créanciers depuis 2010 et encore dans le troisième mémorandum, mais ces déclarations indiquent que le plan gouvernemental sera rejeté par les créanciers. Les informations glanées par les médias grecs auprès des représentants des créanciers sur place semblent confirmer cette issue. Les créanciers voulaient appliquer à tous un taux de remplacement du salaire moyen de 50 %.

Pas d'union nationale sur la réforme

Le gouvernement Tsipras ne pourra pas s'appuyer, comme le souhaitait l'Eurogroupe, sur une « large entente » au sein du parlement. Les appels du pied répétés d'Alexis Tsipras depuis début décembre à l'opposition pour soutenir sa réforme ont été rejetés. Lundi et mardi, tous les partis d'opposition ont faits avoir leur rejet de ces mesures. On a, du reste, vu un spectacle assez singulier : le Pasok, qui avait promu et soutenu les précédentes coupes dans les pensions, a fortement critiqué ces nouvelles baisses. Pas moyen donc d'affirmer que ce projet dispose d'un large appui de la représentation nationale.

La stratégie de communication du gouvernement

Selon toute vraisemblance, le projet grec sera donc retoqué par les créanciers. Mais peut-être faut-il y voir là une forme de mouvement stratégique du gouvernement Tsipras qu'il a déjà tenté au cours de l'automne. Les créanciers vont rejeter cette proposition et Alexis Tsipras le sait parfaitement. Mais, partant, ils vont endosser le mauvais rôle. Alexis Tsipras pourra alors arguer de la nécessité et du manque de liberté du gouvernement pour faire passer - avec quelques aménagements pour les plus pauvres - les propositions des créanciers. L'essentiel est alors de se présenter comme une victime des créanciers, mais une victime qui a lutté. Cette volonté d'afficher sa lutte - même perdue d'avance - est désormais la marque politique du gouvernement d'Alexis Tsipras.