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Ukraine: confusion médiatique totale
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://histoireetsociete.wordpress.com/2016/02/05/ukraine-la-confusion-mediatique-totale/
Le magazine Elle qui avait consacré un article à cette jeune « héroïne » ukrainienne la retrouvant en néo-nazie s’était estimée bernée et s’était excusé, mais voici que l’affaire rebondit…
Paul Moreira, auteur du reportage sur Canal+ n’en finit pas de s’étonner des réactions des médias. C’est effectivement un choc quand on découvre l’omerta pratiquée par d’arrogants et incultes personnages. Mais quand de surcroît il découvre l’affaire de la publicité faite à la néo-nazie dans ELLE dont Histoireetsociete avait parlé et que le même journaliste Stephane Siohan auteur de l’apologie de la néonazie est à l’origine de la violente « Lettre ouverte » de correspondants en Ukraine.
Il ignore sans doute que quand nous avons organisé la tournée des mères d’Odessa, j’ai écrit longuement à ELLE qui s’était excusé de ce faux pas pro-nazi pour leur suggérer de rencontrer des femmes qui leur apporteraient une autre vision. Une jeune femme m’avait expliqué qu’on l’avait changé de poste mais qu’elle transmettait au responsable. Impossible d’aller plus loin et ELLE n’a pas répondu à l’invitation, mais pas plus que l’autre presse, y compris la responsable pour la Russie du Monde Diplomatique que j’ai eu au téléphone et qui n’a même pas daigné lire notre livre. C’était la première fois que cela m’arrivait dans cette presse. Même expérience pour la Revue ou Gérard Haddad m’avait promis un article et a reçu deux exemplaires puisque le premier avait été perdu par la rédaction, j’attends encore. Les seuls qui ont fait leur travail journalistique pour le crime d’Odessa sont deux: Jack Dion de Marianne et un journaliste de l’Humanité qui a témoigné d’un grand courage. Paul Moreira cite un site suisse qu’il juge parmi les meilleurs parmi les journalistes et qui a découvert qu’un des signataires a déjà fait l’article à la gloire de la néo-nazie dans ELLE (Danielle Bleitrach)
http://sept.club/ukraine-la-confusion-mediatique-totale/.
Trop fort! Quelle autre expression employer devant l’absurdité de la polémique initiée par un groupe de journalistes français à l’encontre du documentaire de Paul Moreira, Les masques de la révolution.
http://sept.club/ukraine-la-confusion-mediatique-totale/
Dans une lettre ouverte à ce dernier, ceux-ci lui adressent une salve de critiques auxquelles le réalisateur a, à nouveau, patiemment objecté. Ils sont « correspondants permanents à Kiev et dans la région, d’autres sont des envoyés spéciaux très réguliers. » Ils ne vont pas jusqu’à préciser de quel côté de la ligne de front ils se placent le plus souvent, et je ne crois pas que certains d’entre eux soient « très régulièrement » sur place, mais passons. Passons au plus cocasse.
Dans cette lettre virulente des journalistes qui veulent faire autorité sur l’Ukraine, il y a l’insulte de « paresse intellectuelle ». Paul Moreira commettrait « un raccourci dramatique lorsqu’il qualifie de « Russes » ou d’ « Ukrainiens d’origine russe » les habitants d’un pays où, en 2016, l’identité ne se définit certainement pas selon le seul facteur ethno-linguistique. »
Trop fort! L’un des signataires de cette lettre a publié le 14 novembre 2014 dans le magazine Elle un article faisant l’apologie des « Ukrainiennes » qui combattent « les séparatistes russes ». C’est pas simple, ça? (Comme s’il n’y avait pas l’inverse, en passant, malgré l’absurdité de cette catégorisation.)
Encore plus fort: ce journaliste n’a pas remarqué (se défend-il) qu’il donne la parole à une jeune néo-nazie qui a aussi droit à une magnifique photo pleine page du photographe pareillement ignorant. La néo-nazie a été identifiée peu après la publication de l’article par des activistes sur un réseau social, en décembre 2014. Face au scandale, la rédaction de Elle a alors dû se fendre d’un communiqué, le 29 décembre, pour s’excuser d’avoir publié le portrait de cette néo-nazie.
Selon ce communiqué, les journalistes auraient rencontré « cette combattante du bataillon Aïdar le 2 octobre dernier, sur la ligne de front près de la ville de Lougansk, aucun élément, aucun signe extérieur distinctif, aucune parole dans l’interview, ne laissait comprendre ce jour-là que cette jeune femme était néo-nazie. »
Ah? Aucun élément? Le bataillon Aïdar auquel elle appartenait avait pourtant fait l’objet, un mois plus tôt, d’un rapport par Amnesty International. Le 8 septembre 2014, l’ONG reconnaissait coupable de crimes de guerre le bataillon Aïdar dans la région de Lougansk… Et longtemps auparavant, des soupçons d’exactions, appuyés par de nombreux exemples circulant sur Internet, auraient dû inciter les journalistes à s’interroger sur le bataillon Aïdar.
A noter que le CV d’une autre combattante citée et photographiée dans cet article, frayant avec la mouvance néo-nazie Praviy Sektor (Secteur droit) n’est d’ailleurs pas beaucoup plus reluisant.
Rien vu, rien entendu, les correspondants réguliers en Ukraine! Etait-ce de la paresse intellectuelle?
A la lumière de ce seul exemple, on peut douter que les journalistes faisant la morale à Paul Moreira soient sérieux en affirmant: « Nous décrivons et analysons l’extrême-droite en Ukraine de longue date »…
Dans ce cas-là, la néo-nazie a été identifiée par des activistes sur un réseau social. Pareil pour Odessa: sans la réaction des réseaux sociaux et des informations provenant de sources non officielles, la tragédie n’aurait pas eu plus d’écho que la vague information consentie par les grands médias européens par le biais d’une agence de presse et la communication officielle du gouvernement ukrainien, les journalistes réguliers n’étant apparemment pas sur place… Un seul article de la presse établie a relevé ce manquement.
Les journalistes qui se dressent contre le documentaire de Paul Moreira pourraient au moins avoir l’humilité de reconnaître que leur travail n’a pas été toujours, loin s’en faut, à la hauteur. Et admettre que son film répond à des lacunes dont ils sont aussi, en partie responsables.
Bien sûr, cela n’est pas sans risque. Non seulement Moscou, mais d’autres gouvernements ou groupes hostiles à l’Union européenne tirent leur épingle du jeu, à cause de la confusion médiatique totale qui s’est fait jour à l’occasion du conflit en Ukraine. Confusion d’une telle intensité qui nous touche qu’elle est la preuve que le destin de l’Ukraine nous concerne de près.