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    Sur la censure de "Merci Patron !" au "Parisien"

    Lien publiée le 11 mars 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160310.OBS6202/censure-de-merci-patron-au-parisien-on-n-a-pas-fait-notre-travail-de-journaliste.html?xtor=RSS-13

    Censure au "Parisien". Le film "Merci Patron !", qui ridiculise leur principal actionnaire, Bernard Arnault, est banni du journal. Les délégués syndicaux s'alarment dans un communiqué. Interview.

    Le film "Merci Patron !" de François Ruffin bat tous les plafonds d'audience. 80.000 spectateurs au dernier compteur. Un record du genre, pour un petit "film d'action directe", comme se plaît à l'appeler l'économiste Frédéric Lordon. Mais une performance pas assez significative pour la direction du "Parisien", qui a décidé de bâillonner ses journalistes : pas question d'en parler. Les délégués syndicaux s'étranglent. 

    "Ordre a été donné aux confrères du service culture-spectacle qui avaient visionné le long métrage de ne pas le chroniquer, fut-ce en 10 lignes", tonne un communiqué de presse, cosigné par la société des rédacteurs et les syndicats SNJ, FO, SNJ-CGT et retranscrit par Acrimed. "De même a été repoussée plus tard une proposition de sujet du service politique sur le buzz suscité à gauche par le film", poursuit le texte. Olivier Corsan, délégué syndical du SNJ au "Parisien", précise les choses à "L'Obs". Interview.

    Vous écrivez dans le communiqué que "c’est un acte de censure qui a été posé". Y a-t-il eu ou non consigne des actionnaires de ne pas chroniquer le documentaire ?

    - Apparemment pas. La question a été posée à Stéphane Albouy [directeur de la rédaction du "Parisien", NDLR], et il nous a dit que non. Et on a même écrit qu'on le croyait volontiers. Cela n'est pas une censure venant d'en haut. Mais plutôt une autocensure, ou un principe de précaution, de la part de la direction.

    On a d'ailleurs rencontré François Morel, président du pôle presse de LVMH, qui est le grand patron des "Echos" et du "Parisien" : il nous a dit qu'il n'est pas intervenu et qu'il n'avait pas l'habitude d'intervenir auprès de la rédaction, et que Bernard Arnault [la bête noire du film de Ruffin, NDLR] non plus, jamais. 

    "C'est mon choix, un arbitrage comme j'en fait des dizaines d'autres", vous oppose le directeur de la direction. Comment expliquez-vous cette frilosité ?

    - D'après Stéphane Albouy, c'est une décision de son propre chef. Il n'a pas voulu faire de pub pour ce film dont le procédé de tournage [la caméra cachée, NDLR] lui semble déloyal. Mais la pire des politiques, dans ce cas de figure, où le film est chroniqué partout - même dans "Le Monde", qui en dit les écueils - c'est le silence. Ne rien dire d'un tel sujet, ce n'est pas banal...

    Il faut noter qu'il n'y a certes pas eu d'article dans les éditions nationales, mais qu'un ou deux compte-rendus de projection du film sont apparus dans quelques éditions locales au moment des avant-premières.

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    Vous décriez un choix "toxique". Est-ce un cas isolé ou est-ce qu'il y a des antécédents ?

    - C'est la première fois. Cela ne fait pas longtemps que "Le Parisien" a été racheté par LVMH. Des choix arbitraux, des arbitrages éditoriaux, il en est fait tous les jours. C'est d'ailleurs la défense de Stéphane Albouy. Il banalise son choix éditorial, comme il en fait des dizaines par jour. Mais cela pose une vraie question quand le film parle directement du nouveau grand actionnaire du "Parisien". La direction s'est défaussée sur ce sujet-là. On était attendus, et on n'a pas fait notre travail de journaliste. 

    Quelles conséquences aura cette affaire en interne ?

    - A l'heure qu'il est, rien n'est prévu, ça ne veut pas dire que rien ne se passera. Dès que l'on a été racheté par LVMH, on a demandé avec l'intersyndicale et la SNJ des réunions avec la direction pour remettre à plat toutes les pratiques journalistiques. On n'a pas de charte éthique "maison". On essaye de faire en sortie que la charte de Munich de 1971 soit reconnue par le directeur de la direction. Mais on n'a pas attendu l'incident pour le faire.

    Propos recueillis par Paul Conge, jeudi 10 mars