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Chomsky: Trump avance parce que l’Amérique blanche se meurt
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Noam Chomsky dit que l’ascension de Donald Trump dans la politique américaine est en partie alimentée par une peur et un désespoir très profonds, qui pourraient être causés par une croissance alarmante du taux de mortalité chez les blancs pauvres sous-éduqués.
« Il trouve à l’évidence un écho dans des sentiments très profonds de colère, de peur, de frustration et de désespoir, probablement dans des parties de la population dont le taux de mortalité est en train d’augmenter, chose inouïe en dehors des guerres et des catastrophes naturelles » a dit Chomsky au Huffington Post, dans une interview de jeudi dernier.
La montée de Trump comme candidat républicain, en tête de la course à la présidence a fait l’effet d’un choc à beaucoup d’Américains, d’un bout à l’autre du spectre politique. Le grandiloquent démagogue milliardaire vient de remporter trois des quatre états primaires et vient en tête dans les sondages, à la fois au niveau national et dans les primaires encore à courir. Il semble à présent sur le point de prendre une avance irrattrapable sur les autres candidats dans les semaines qui viennent, avec un programme de haine et de vitriol dont la cible sont les femmes, les Latinos, les musulmans et les autres minorités.
Une légion de blancs sous-éduqués de la classe ouvrière a alimenté l’ascension de Trump. Et tandis que beaucoup disent que le nabab des affaires est en train de capitaliser sur leurs peurs à propos du déclin de la suprématie blanche aux États-Unis, Chomsky dit que d’autres forces existentielles sont peut-être en jeu.
L’espérance de vie n’a pas cessé de croître avec le temps. Et, grâce, en particulier, aux avancées dans la protection de la santé, énormément de gens dans le monde vivent désormais plus longtemps. Il y a évidemment des exceptions, à cause des guerres et des catastrophes naturelles par exemple. Mais ce qui arrive en ce moment aux Etats-Unis, dit-il, est « très différent ».
Malgré de grandes richesses et une médecine moderne, les États-Unis ont un niveau d’espérance de vie plus bas que bien d’autres pays. Et, quoique le niveau moyen ait monté récemment, les gains n’ont pas été répartis de façon égale. Les Américains les plus riches vivent actuellement plus longtemps, mais les plus pauvres vivent de moins en moins longtemps.
Ceux qui en sont particulièrement affectés sont les Américains blancs, mâles, sous-éduqués, d’âge moyen. Alors que les Américains d’autres tranches d’âge et d’autres groupes ethniques vivent plus longtemps qu’ils ne l’ont jamais fait auparavant, cette tranche de la population meurt de plus en plus tôt.
Une étude sur la question a révélé que le taux de mortalité grandissant de cette partie de la population n’est pas dû aux causes habituelles de décès de tant d’Américains, comme le diabète et les maladies cardio-vasculaires, mais à une épidémie de suicides, de maladies du foie dues à l’abus d’alcool, à des overdoses d’héroïne et à des opiacés obtenus sur ordonnances.
« Aucune guerre, aucune catastrophe », dit Chomsky, « n’a provoqué la hausse du taux de mortalité pour cette couche de population, juste l’impact sur une génération des politiques suivies, l’ont laissée en colère, sans espoir, et frustrée, provoquant son comportement auto-destructeur. »
Ça pourrait expliquer le succès de Trump, pense-t-il.
Dans une interview accordée à Alternet cette semaine, Chomsky a comparé la pauvreté qu’affrontent actuellement beaucoup d’Américains, aux conditions qui furent celles d’une autre génération : celle de la Grande Dépression.
« C’est intéressant de faire la comparaison avec la situation des années 30, dont je suis assez vieux pour me souvenir », dit-il. « Objectivement, la pauvreté et la souffrance étaient beaucoup plus grandes. Pourtant, même chez les ouvriers les plus pauvres et les chômeurs, il y avait un sentiment d’espoir qui fait complètement défaut aujourd’hui. »
Chomsky attribue une partie de cet espoir du temps de la Dépression, à la croissance d’un mouvement ouvrier agressif et à l’existence d’organisations politiques indépendantes du « mainstream ».
Aujourd’hui, il dit qu’en revanche, l’état d’esprit est très différent, chez les Américains profondément affectés par la pauvreté.
« Ils sont en train de s’enfoncer dans l’impuissance, le désespoir et la colère, et ne dirigent pas leur rancœur contre les institutions qui sont les agents de dissolution de leurs vies, mais contre ceux qui en sont encore plus qu’eux les victimes » ajoute-t-il. « Les signes sont familiers, et ils évoquent des souvenirs de montée du fascisme en Europe. »
Matt Ferner
Matt Ferner est reporter national au Huffington Post. Il a été auparavant le rédacteur en chef du HuffPost Denver.
Source : http://www.informationclearinghouse.info/article44327.htm
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades