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A Asnières, la police s’invite à une prise de parole syndicale à La Poste
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Libération) Lundi matin, des syndicalistes recevant dans la ville des Hauts-de-Seine des étudiants pour se mobiliser contre le projet de loi El Khomri ont vu débarquer six policiers armés de flash-balls.
Lundi matin, une prise de parole syndicale dans le centre de traitement du courrier de La Poste d’Asnières-sur-Seine : Gaël Quirante, secrétaire départemental du syndicat Sud à La Poste, majoritaire dans les Hauts-de-Seine, évoque le combat contre la réforme du code du travail devant des étudiants grévistes de l’université de Nanterre venus présenter l’avancée de leur mobilisation.
«C’est pas tous les quatre matins qu’il y a un gouvernement qui commence à baliser», explique-t-il, alors que Manuel Valls doit annoncer dans l’après-midi des modifications dans l’avant-projet de loi. La rencontre est filmée ; sa diffusion sur Facebook atteindra, ce mercredi matin, 325 000 vues sur Facebook.
La direction de La Poste fait intervenir la police avec leurs flashballs dans le bureau d’Asnieres… La réaction unanime des postiers les fait reculer ! On voit que ce qui fait peur aux patrons, c’est l’unité entre la jeunesse et le monde du travail !
Posté par Sudposte Hauts de Seine sur dimanche 13 mars 2016
Car voilà, au bout de près de huit minutes de vidéo, que Gaël Quirante s’interrompt : «Eh, c’est quoi ça ? Ça va pas ou quoi ?» L’assistance s’anime. Sur les images, on voit que six policiers ont fait irruption dans la salle. Ils se tiennent debout, portent des flash-balls. «Eh, dehors la police là, c’est quoi cette histoire ? Vous faites quoi dans le centre, là ? Vous faites quoi dans le centre avec des flash-balls ?» leur demande Gaêl Quirante. En réponse, la police l’invite à «se calmer».
Mais le syndicaliste insiste : «Qui vous a appelés ? Y a pas de responsable, y a rien du tout.» «On est en prise de parole qui est un droit syndical», fait aussi valoir le représentant du personnel. Un autre salarié souligne «l’agressivité» de leur présence avec «des gants, le flash-ball». Pourquoi sont-ils là ? «On vient voir ce qui se passe», dit une policière, tandis qu’un autre pointe l’entrée d’une «quinzaine de jeunes» dans ce local de La Poste. «On nous appelle, on vient», disent-ils.
«Quand il s’agit d’embarquer un Balkany, un Cahuzac, y a plus personne»
Mais qui a appelé ? «Aaaah», lance Gaël Quirante, voici une responsable hiérarchique. «C’est quoi cette histoire Mme G., là ?» La supérieure répond que «des personnes ne sont pas habilitées à être dans le bâtiment». Mais «ce sont des étudiants de Sud, la même organisation que nous», répond Gaël Quirante, sûr d’avoir le droit de son côté : «Il peut y avoir des personnes extérieures [à une prise de parole syndicale] si elles sont dans un syndicat.»
Contacté par Libération, il revient sur ces propos : «Notre rôle, ce n’est pas de vérifier les cartes des étudiants. S’il y a des étudiants qui veulent venir nous voir, ça nous semble dans le cadre d’un mouvement social.»Sur une autre vidéo postée par Sud sur sa page Facebook, on voit les étudiants en question s’exprimer devant les agents de La Poste, expliquant qu’ils ont décidé de prendre contact avec les travailleurs des environs de leur faculté.
La situation dure. Gaël Quirante veut reprendre la réunion, mais retourne vers les policiers en soulignant : «Lorsqu’on est salarié, lorsqu’on est jeune, la police débarque en deux temps trois mouvements, quand il s’agit d’embarquer un Balkany, un Cahuzac, y a plus personne». Quinze minutes après être arrivés, les policiers finissent par quitter les lieux en silence.
Alors, pourquoi cette intervention ? La Poste explique à Libération que la prise de parole ayant lieu dans le centre de traitement du courrier, où transitent «des choses qu’on nous confie», la «présence de personnes étrangères à l’entreprise» sans autorisation était illégale. «On a fait le nécessaire pour que les consignes de sécurité soient respectées», dit aussi l’entreprise, en affirmant que la hiérarchie «est d’abord venue»pour discuter avec les syndicalistes, avant de recourir à la police. Elle assure par ailleurs qu’elle «respecte le droit syndical» quand d’autres prises de parole de ce genre, qui sont courantes, ont lieu.
«Un coup de pression de la direction»
Mais la version de La Poste ne recoupe pas celle de Gaël Quirante : lui dénonce «un coup de pression de la direction, qui aurait pu venir nous voir. Il n’y a rien qui justifie une intervention policière.» Et de déplorer : «Aujourd’hui, on ne peut pas vouloir afficher une politique de dialogue social et ensuite que des organisations syndicales soient victimes d’une telle répression.»
Quant au respect du droit syndical, il cite l’exemple de Yann Le Merrer, secrétaire départemental de Sud PTT dans les Hauts-de-Seine également, révoqué de la fonction publique l’année dernière après être intervenu en tant que syndicaliste dans plusieurs bureaux. Une pétition nationale lancée pour le soutenir a réuni entre autres les signatures de Jean-Luc Mélenchon, Noël Mamère, Virginie Despentes et Olivier Besancenot.
En 2015, La Poste a réalisé 635 millions d’euros de bénéfice net et a supprimé 7 200 postes – 100 000 l’avaient déjà été entre 2002 et 2012, selon Gaël Quirante.