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176 lycées bloqués selon le ministère
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Des lycées bloqués, d’autres fermés. Ce jeudi 31 mars au matin, à 9 heures, quatrième journée de contestation contre le projet de loi de travail, le ministère de l’éducation nationale dénombrait au total 176 lycées bloqués partout en France. Un chiffre proche de celui annoncé par les organisations lycéennes : 200 lycées mobilisés selon la FIDL, plus de 250 selon l’UNL, dont une cinquantaine en région parisienne. S’agissant des fermetures, 11 lycées étaient concernés à Paris, selon le ministère de l’éducation.
Des heurts ont émaillé cette matinée. A Paris, 1 000 lycéens se sont rassemblés en amont de la manifestation intersyndicale, selon la préfecture de police, dans une ambiance parfois tendue. Une dizaine de personnes ont été interpellées en marge du cortège, ainsi qu’en proche banlieue, pour des jets de projectiles. A Nantes, où 12 000 personnes manifestent, selon la préfecture – 30 000 selon la CGT –, des heurts ont éclaté avant midi place Graslin. Plusieurs dizaines de jeunes, le visage dissimulé, ont lancé divers projectiles (cailloux, bouteilles en verre...), les forces de l’ordre répliquant avec des gaz lacrymogènes. A Rennes aussi, des grenables lacrymogènes ont été utilisées, alors que 10 000 personnes manifestaient.
« On voit apparaître de nouvelles mobilisations »
La mobilisation lycéenne est, de fait, plus importante que lors des deux dernières journées de mobilisation. Une cinquantaine de lycées à travers la France avaient été bloqués par les élèves le 24 mars, 115 le 17 mars et une centaine également le 9 mars, selon les chiffres de l’éducation nationale. A Paris, des blocages étaient constatés à 9 heures par la FIDL devant les lycées Lamartine, Charlemagne, Rodin, Brassens, Henri-IV ou encore Villon. Des lycéens de région parisienne se sont aussi mobilisés, comme à Clichy-la-Garenne, Pantin ou encore Noisy-le-sec. « On est plutôt content de constater que la mobilisation des lycéens se maintient, malgré la pluie, se félicite une porte-parole de la FIDL. On voit apparaître de nouvelles mobilisations dans des villes de province et de région parisienne. »
Près de le place de la Nation, à Paris, les lycéens d’Hélène-Boucher étaient une nouvelle fois fidèles au poste, derrière des dizaines de poubelles disposées en arc de cercle devant l’entrée. Comme lors des précédents débrayages, le barrage est « filtrant » : collégiens et élèves de prépa peuvent entrer. Seuls les lycéens doivent rester sous la pluie. « Nous y croyons toujours, plus que jamais même. Si François Hollande a reculé sur la déchéance de nationalité, pourquoi pas sur la loi travail ? Nous resterons mobilisés le temps qu’il faudra », racontent trois lycéennes bloqueuses. Une distribution de gâteaux permet de préserver le moral des troupes.
Fermeture administrative de certains lycées
A 50 mètres de là, au lycée Maurice-Ravel, quelques poubelles ont été disposées devant l’entrée mais aucun élève n’est présent pour faire barrage. Des professeurs et des élèves circulent normalement… Officiellement, le lycée n’est pas fermé, les cours ont lieu. « Mais hier, pendant toute la journée, on a fortement incité nos élèves à ne pas venir », raconte un membre du personnel. Les 11 fermetures administratives ont été décidées pour « éviter les débordements », nous explique-t-on. Le syndicat FIDL cite les cas des lycées Simone-Veil (3e), Victor-Hugo (3e), Jules-Ferry (9e) ou encore Molière (16e). Et ce malgré, la consigne rappelée par le ministère hier : « Un lycée ne peut pas être fermé par anticipation. Une fermeture ne peut être envisagée que le jour même pour des raisons de sécurité avérées, en accord avec le recteur. »
Au lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, une fermeture préventive a aussi eu lieu. « En arrivant, j’étais étonnée de ne pas voir de poubelles bloquant l’entrée du lycée. En même temps, comme ça, le blocage est beaucoup plus efficace… », raconte Emma, élève de terminale littéraire, en insistant à l’interphone de l’établissement qui reste muet. Voltaire faisait partie des établissements bloqués lors des précédents appels à la mobilisation contre le projet de loi.
Au lycée Henri-Bergson (19e), où, lors du blocage de jeudi dernier, des violences policières ont été commises sur un lycéen, les élèves avaient été appelés à ne pas venir en cours. Devant l’entrée de l’établissement, tout de même restée ouverte, quelques parents d’élèves et lycéens se préparaient à aller manifester « contre la loi El Khomri et contre les violences de la police » expliquait Belhassen, 17 ans.
Pour le SNPDEN-Unsa, principal syndicat de chefs d’établissement, ces fermetures s’imposaient pour des raisons de sécurité. « En l’état actuel des choses, il n’y a pas de mesures particulières prises en matière de présence des forces de l’ordre », a déploré Philippe Tournier, son secrétaire général, mercredi. A la veille de la mobilisation, le syndicat avait fait parler de lui en évoquant la possible fermeture de 25 lycées à Paris. « Dès l’instant que nos collègues pensent qu’il y a un risque de violence, il faut fermer. Ce n’est pas la peine d’être confronté à un scénario qu’on connaît par cœur puisqu’il se produit à chaque fois. »