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Violences policières : Quelles réponses pour le mouvement ?

Khomri

Lien publiée le 17 avril 2016

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https://npa2009.org/actualite/societe/violences-policieres-quelles-reponses-pour-le-mouvement

Une partie de la jeunesse fait l’expérience de la violence policière, même si les jeunes des quartiers, des jeunes militants ouvriers ou des zadistes en avaient connu des avant-goûts sévères. Mais le contexte policier a changé...

Ancien ministre de l’Intérieur, Sarkozy avait pratiqué des mesures d’économies de postes que Hollande a évidemment prolongées, y compris pour les fonctions les moins contestables (protection des mineurs…). Or les affrontements depuis cinq ans, le mouvement des Bonnets rouges, la lutte contre les licenciements, la mobilisation contre les grands projets inutiles, ou même les actions de la droite catholique (« Manifs pour tous ») ont été contrôlés sans trop de mal avec au final un seul mort : Rémi Fraisse. Les effectifs ont donc continué de baisser avec, comme concession aux policiers, l’achat de matériels de plus en plus durs, comme les tasers, flash-ball, grenades « de désencerclement », offensives, et une tolérance grandissante pour l’achat de matériels « privés » par les BAC et assimilés.

Des violences qui font système

Là dessus, l’année 2015 a commencé par les attentats de terreur. La police a d’abord bénéficié d’un soutien massif de la population, qui l’a applaudi. Mais l’état d’urgence engendre une extrême tension sur les horaires de travail, les astreintes, heures supplémentaires, congés et récupérations. Or ces contraintes durent maintenant depuis 14 mois et la mise à contribution des autres forces de sécurité (armée, polices municipales, vigiles) ne compense pas les efforts demandés à la police et à la gendarmerie. Tous ces gens sont donc à cran, furieux, et faciles à manipuler.

En théorie, la hiérarchie policière connaît bien les dangers politiques d’une répression physique contre la jeunesse : prendre le risque de tuer ou de mutiler, c’est prendre celui de généraliser la révolte. Il y a certes eu des essais de reprise en main, à Paris le 31 mars, avec des groupes de policiers encaissant des coups littéralement pendant des heures sans moufeter, en reculant pas à pas selon les ordres. Mais les violences indiscriminées commencent à faire système. Avec l’extension des mouvements, la tentation de « faire des exemples » fleurit, avec la réapparition de pelotons de voltigeurs à moto, la tolérance pour les provocations menées en civil, et les interpellations en masse. En ce sens, l’achat récent d’une quantité très importante de munitions de type flash-ball ressemble beaucoup à un projet politique...

Le passage tout en force du gouvernement

Le gouvernement encourage cette évolution, qui prolonge son essai de passer en force sur la loi travail, mais on peut se demander si la haute hiérarchie policière ne joue pas déjà son propre jeu pour la suite. L’influence politique du FN touche évidemment plus les corps policiers que le reste de la société, et favorise la tendance machiste à « punir » directement les jeunes et tous les opposants. Dans au moins une préfecture, à Lyon, on avait pu repérer ces dernières années une tendance de la hiérarchie à gérer les manifestations selon les schémas de la droite extrême.

Il y a donc un risque évident que les jeunes fassent les frais de ce qui ressemble de moins en moins à des bavures, tout cela avec un silence assourdissant du ministre. Pourtant, les policiers et gendarmes sont, comme le reste de la population et pour les mêmes raisons, très majoritairement hostiles à la loi travail. Il n’est donc pas absurde d’essayer de leur en parler, comme l’ont essayé un certain nombre de manifestantEs, sans illusions dans l’immédiat mais sans oublier qu’on peut le faire.

La nécessaire autoprotection

Par contre, il est décisif que le mouvement se donne les moyens de défiler comme il le décide et d’occuper les espaces qu’il choisit. Toute autoprotection, même modeste, est un pas en avant dix fois plus efficace que cent discours. Il peut être long et pénible de discuter avec des camarades qui croient sincèrement que la mise en échec du gouvernement, voire la destruction du capitalisme, commencent en repeignant les banques en jaune ou en détruisant les abribus. Mais il faut leur expliquer patiemment qu’il s’agit de développer, d’étendre et d’unifier un mouvement qui n’est encore qu’à son début et qui a du mal à croire à sa propre force, après toutes les défaites accumulées.

Mettre en échec un gouvernement qui travaille directement selon les instructions du Medef passe ici par l’affirmation de la légitimité du peuple souverain, de son droit de refuser ce qu’on veut lui imposer.

Ginette Myop