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Loi travail : l’ultimatum du Medef au gouvernement
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Pierre Gattaz n’est pas content. Pas content du tout. « Politique de gribouille », « délire », « absurdité »… Le patron du Medef n’a pas eu de mots assez durs, mardi 19 avril à l’occasion de sa conférence de presse mensuelle, pour fustiger le projet de loi travail, dont l’examen doit débuter le 3 mai à l’Assemblée nationale.
« Je demande solennellement que ce texte soit corrigé rapidement. Si rien ne bouge d’ici trois semaines [date de fin de l’examen du texte par les députés], nous demanderons la suspension des négociations sur l’assurance-chômage », a menacé M. Gattaz. L’examen du projet de loi pourrait durer jusqu’au 12 mai. Un conseil exécutif de l’organisation patronale aura lieu le lundi 9 mai.
« Point de rupture »
Le Medef demande le retrait de trois points du texte : le mandatement syndical obligatoire pour les petites entreprises sans représentants du personnel, c’est-à-dire la négociation des accords d’entreprise avec des salariés mandatés par un syndicat, le compte personnel d’activité (CPA) et la surtaxation des CDD qui ne figure pas encore dans le texte, mais doit faire l’objet d’un amendement chargeant les partenaires sociaux de « moduler » systématiquement les cotisations patronales sur les contrats courts.
Selon M. Gattaz, « la première version du texte de la loi El Khomri [présentée mi-février] allait dans le bon sens » alors que la dernière version, amendée notamment après la contestation des syndicats lycéens et étudiants, « a provoqué une immense déception et une inquiétude » dans les rangs du patronat. « Nous avons atteint aujourd’hui notre point de rupture », a assuré le patron du Medef.
Le responsable patronal s’est toutefois refusé à préciser quelles fédérations avaient fait pencher la balance en faveur d’un durcissement aussi net de son discours, pour aboutir à l’ultimatum de ce mardi, qu’il a préféré qualifier de « mise en garde ».
« Détestation de l’entreprise »
« Le projet de loi ne donne pas aux entreprises les outils nécessaires pour retrouver le chemin du développement et créer de l’emploi. Il y a une très forte défiance des chefs d’entreprise vis-à-vis de ce texte », a souligné M. Gattaz.
Au-delà de la loi travail, c’est tout le système de négociations avec les partenaires sociaux que dénonce le Medef. « Il n’est plus question de faire semblant de négocier dans une logique absurde de donnant-donnant » a fustigé M. Gattaz, déplorant la « politisation « du débat à un an de l’élection présidentielle et l’attitude de « lutte des classes » et de « détestation de l’entreprise et de l’économie de marché » adoptée, selon lui, par la CGT et FO.
Une posture risquée
« La seule question que le Medef posera aux candidats à l’élection présidentielle, c’est : comment fait-on pour revenir au plein-emploi en France, c’est-à-dire passer de 10 % à 6 % de chômage ? », a martelé M. Gattaz.
Le Medef n’est pas la première organisation patronale à menacer de jeter l’éponge en raison de désaccords avec le texte de la loi travail. Le 11 avril, déjà, la CGPME avait brandi la menace de son retrait des négociations sur l’assurance-chômage si le projet de surtaxation des CDD, évoqué quelques heures plus tôt par le premier ministre Manuel Valls, était inclus dans le projet de loi.
En agitant le chiffon rouge d’un abandon pur et simple des négociations, le Medef prend toutefois le risque d’apparaître aussi radical dans ses méthodes que les syndicats qu’il dénonce. Mais aussi de laisser le gouvernement décider seul de l’avenir de la convention Unedic, en cas d’échec des négociations.