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Espagne : de nouvelles élections le 26 juin

Espagne international

Lien publiée le 3 mai 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(La Tribune) Le Roi a signé ce mardi matin le décret de convocation des nouvelles élections générales espagnoles, mettant fin à un blocage politique entamé avec le scrutin du 20 décembre dernier.

C'est désormais officiel. Ce mardi 3 mai au matin, le roi d'Espagne Philippe VI a signé le décret de convocation des nouvelles élections législatives pour le 26 juin prochain. L'Europe va donc connaître une nouvelle soirée électorale importante pas moins de trois jours après le référendum britannique sur le maintien ou non dans l'Union européenne. Ce décret de convocation n'était qu'une formalité après l'expiration, lundi 2 mai du délai prévu par l'article 99 de la Constitution espagnole pour l'élection d'un nouveau président du gouvernement.

Echec de Pedro Sánchez

Le 2 mars dernier, Pedro Sánchez, le secrétaire général du parti socialiste espagnol, le PSOE, avait échoué à obtenir une majorité, même relative, des voix au Congrès des députés, la chambre basse des Cortès, le parlement espagnol. L'opposition de Podemos, la formation de gauche radicale à sa candidature, fondée sur une alliance avec le parti de centre-droit Ciudadanos (« citoyens »), avait décidé de son sort. Depuis, malgré des ouvertures de la part de Podemos et du PSOE et de multiples discussions, aucun point d'accord n'a pu être trouvé entre ces trois partis, ce qui a débouché sur l'échec de la constitution d'une nouvelle majorité et sur la convocation d'un nouveau scrutin.

Fin du bipartisme

Les élections du 20 décembre dernier n'auront donc été qu'un coup pour rien, une situation inédite dans l'histoire de l'Espagne post-franquiste qui, jusqu'ici, avait été caractérisée par une forte stabilité politique. Depuis 1978, le pays n'a connu que trois élections générales anticipées, en 1982, 1989 et 1993, mais souvent ces scrutins n'ont été avancés que de quelques mois. Jamais le pays n'avait connu un tel blocage. La raison en est simple : la crise économique débutée en 2011 et à l'origine d'un chômage massif (20 % de la population active), la politique d'austérité entamée par le PSOE et aggravée par le Parti populaire (PP) conservateur, la multiplication des affaires de corruption et la montée de l'indépendantisme en Catalogne ont mis à bat le bipartisme traditionnel qui, à partir de 1982, a vu le PSOE et le PP se partager le pouvoir.

Les raisons du blocage

L'émergence de deux partis nouveaux, Ciudadanos et Podemos qui ont respectivement obtenu le 20 décembre 13,94 % et 20,66 % des voix, a perturbé le jeu politique, obligeant à une alliance à trois qui s'est révélé impossible à construire. Et il n'est pas certain que le scrutin du 26 juin puisse débloquer la situation. Le nœud gordien du jeu politique espagnol réside dans le PSOE. Aucune coalition gouvernementale n'est en effet possible sans lui. Mais le PSOE est en réalité incapable de trouver un positionnement clair. Pedro Sánchez a dû faire face à plusieurs injonctions contradictoires. D'un côté, il a voulu constituer un « gouvernement de changement » sur le modèle portugais, où le PS local s'est allié avec la gauche radicale. Mais, de l'autre, Susana Díaz, la présidente PSOE de l'Andalousie, très influente parmi les « barons » socialistes, refuse toute reconnaissance des nations basque et catalane. Or, c'était là une condition sine qua non d'une alliance PSOE-Podemos non seulement parce que l'aile catalane de Podemos en avait fait une condition, mais aussi parce que, pour constituer une majorité, il fallait un soutien des nationalistes basque et catalans au Congrès.

Pedro Sánchez a donc dû se reporter sur une alliance avec Ciudadanos. Un pacte a même été signé entre les deux partis, gage d'un ancrage « centriste » pour rassurer les barons du PSOE. Mais cette alliance n'a pas su fédérer. Alors que le PP demandait une « grande coalition » PP-PSOE-Ciudadanos dirigée par le président sortant Mariano Rajoy, condition inadmissible pour le PSOE, Podemos refusait le programme centriste et centralisateur de l'alliance PSOE-Ciudadanos. Le blocage était donc complet.

Des élections pour quoi faire ?

Qu'attendre alors de cette nouvelle élection ? Les derniers sondages présagent d'une grande stabilité des rapports de force, avec une légère progression du PP et un effritement des intentions de vote pour Podemos et Ciudadanos. Il s'agira d'abord de savoir si les deux partis de droite Ciudadanos et le PP obtiennent la majorité absolue des sièges, soit 176 sièges contre 164 sièges le 20 décembre. Dans ce cas, Mariano Rajoy pourrait être le dernier obstacle à une telle alliance et pourrait devoir se retirer. L'autre enjeu concerne la gauche du PSOE. Si Podemos et ses alliés régionaux passent une alliance avec la Gauche Unie, coalition des Verts et des Communistes, cette gauche radicale pourrait arriver devant le PSOE (mais les sondages sont contradictoires sur ce sujet), ce qui aura son importance compte tenu du mode de scrutin espagnol qui favorise les grandes formations.

Si la situation demeure bloquée, les discussions risquent de se poursuivre et la crise politique de s'éterniser. La porte de sortie pourrait alors prendre trois voies : le retrait de Mariano Rajoy, qui remettrait le PP dans le jeu des alliances, l'acceptation de Podemos de l'essentiel du pacte PSOE-Ciudadanos ou, enfin, l'acceptation par le PSOE de la reconnaissance des nations basque et catalane. Trois options qui, aujourd'hui encore, semblent lointaines.