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Loi travail: quelle suite donner au mouvement syndical?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les syndicats contestataires continuent d’appeler à des mobilisations contre la loi travail malgré son adoption en 1ère lecture et la fermeté du gouvernement. Sous quelles formes et pour quel résultat? Se retrouvent-ils affaiblis ou renforcés par ce mouvement ?
QUESTION: Où en est la mobilisation?
REPONSE : La cinquième journée unitaire des syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, l’Unef, l’UNL et Fidl) a marqué le pas, en rassemblant 55.000 personnes dont 43.000 en province, selon le ministère de l’Intérieur. C’est loin des 390.000 manifestants (selon la police) à 1,2 million (selon les syndicats) ayant battu le pavé le 31 mars, la plus importante journée de mobilisation.
Certes, le recours au 49-3 a désorganisé les syndicats contestataires. «On nous a coupé l’herbe sous le pied», avoue Michelle Biaggi, responsable FO, mais ils restent «déterminés» à obtenir le retrait du texte qu’ils jugent trop favorable aux entreprises, au détriment des salariés.
Q: Comment poursuivre la contestation ?
R: En continuant les manifestations nationales unitaires, malgré l’essoufflement et les casseurs qui, pour la première fois en deux mois, s’en sont pris jeudi physiquement aux services d’ordre syndicaux. Deux nouvelles journées sont prévues mardi et jeudi prochains et une intersyndicale se tiendra le 19 au soir pour décider de la suite.
«Les manifestations attirent de moins en moins de soutiens et semblent devenues surtout un lieu de +défouloir+ pour des casseurs, ce qui interroge moins sur la question des relations du travail et leur réforme que sur la violence latente existant dans la société», relève Dominique Andolfatto, professeur de science politique. Selon lui, «cela traduit aussi des faiblesses des syndicats qui, non seulement, peinent à étoffer les cortèges qu’elles organisent mais ne parviennent plus à assurer des services d’ordre», estime-t-il.
Les opposants à la loi entendent aussi rencontrer François Hollande. Un courrier doit lui être adressé en ce sens.
Autres initiatives: FO appelle à un référendum sur la loi travail, la CGT juge «envisageable» une votation citoyenne.
Q: Des grèves reconductibles sont-elles envisageables?
Des syndicats de routiers, dockers, marins, cheminots (SNCF), facteurs, d’Aéroports de Paris ont d’ores et déjà appelé à des grèves reconductibles à partir de mardi.
Toutefois, aucune des sept organisations syndicales n’a lancé d’appel national, comptant plutôt sur le fait que la base (les salariés) s’empare du sujet. «Nous ne sommes plus dans les années 1970-80 quand la CGT pouvait bloquer le pays», explique Emmanuel Vire, responsable CGT, avant de reconnaître: «aujourd’hui, la grève reconductible ne se décrète plus du sommet mais part de la base et là-dessus, pour l’instant nous sommes en échec». «Pour beaucoup de salariés, c’est difficile financièrement de faire grève», souligne Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.
«Le gouvernement a accéléré l’allure en recourant au 49-3, et à moins d’abandonner en rase campagne, les syndicats contestataires ne peuvent qu’accélérer le mouvement aussi», analyse Stéphane Sirot, spécialiste des syndicats, professeur à Cergy-Pontoise. «La grève reconductible, c’est la dernière cartouche qui annonce peut-être un arrêt du mouvement», ajoute-t-il, relevant toutefois que «l’histoire n’est pas finie, puisqu’il y a encore d’autres étapes pour faire voter la loi travail».
Q: Les syndicats sont-ils affaiblis ou renforcés?
R: A ce stade, sur la revendication de retrait de la loi, «c’est clairement un échec», estime M. Sirot. Mais «à l’heure du bilan, ces syndicats pourront toujours mettre en avant un certain nombre de modifications intervenues sur la loi travail, même si ce n’était pas l’objectif de départ», ajoute-t-il.
Les syndicats contestataires, eux, assurent être «renforcés», évoquant une hausse des demandes d’adhésion. «Il y a même des militants qui viennent d’autres syndicats», assure Mme Biaggi. «On a gagné la bataille de l’opinion publique», estime M. Vire.
Une chose est sûre, le divorce est consommé entre les contestataires et les réformistes (CFDT, Unsa, CFTC), qui eux soutiennent le projet de loi.