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    Risques psychosociaux ? Il faut réhabiliter la colère !

    Lien publiée le 9 avril 2012

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://proletariatuniversel.blogspot.fr/2012/04/risques-psychosociaux-il-faut.html

    EXTRAITS

    " …Parler en termes de « risques », c’est risquer d’occulter la violence, de ne pas reconnaître la souffrance, de nier les sources du malaise, de ne pas entendre la colère face à un pouvoir qui se présente comme parfaitement « innocent ». Le pouvoir managérial est passé maître dans l’art d’anesthésier la violence, d’aseptiser la souffrance, de renvoyer le mal-être à la personne. Les dirigeants confient aux managers la tâche de canaliser l’agressivité pour la rendre productive. Les symptômes de souffrance sont considérés comme des reliquats qu’il convient de minimiser, comme un coût marginal qui ne doit pas détourner l’attention de l’essentiel, une meilleure productivité. La souffrance est alors une question personnelle, psychologique, qui doit être traitée comme telle : un Numéro Vert pour recueillir les plaintes, une cellule psychologique pour soutenir les plus vulnérables, sont les « solutions » communément admises pour résoudre le problème. Le monde positiviste et pragmatique bannit toutes les formes d’expression qui n’apportent pas de solution concrète."

    "Poser les questions en termes de bien-être et de mal-être permet de remettre la subjectivité au cœur de la réflexion et de provoquer une rupture par rapport aux approches positivistes et objectivistes. Il convient de se départir de « l’approche solution » pour revenir à des questions existentielles sur le sens de la vie, les finalités de l’existence, la place du travail dans la société, la valeur et l’utilité des biens et services produits, les dimensions subjectives du rapport au travail. Il s’agit de sortir d’une conception gestionnaire et comptable du travail pour revenir à son essence même. Il s’agit de reconsidérer l’humain, non plus comme une ressource, mais comme un sujet qui cherche à advenir dans un monde pétri de conflits et de contradictions"

    "Le mal-être devrait susciter la colère. Mais dans l’univers policé des organisations, celle-ci est considérée comme inutile et même nuisible : elle ne sert à rien. C’est une débauche d’énergie improductive qui perturbe le fonctionnement normal. Dans l’ordre managérial, la colère est reconnue non pas comme une réaction saine face à l’insupportable, mais comme un manque de retenue, une absence de maîtrise de soi, l’indice d’une déficience de l’individu, un défaut d’adaptabilité, un manque de flexibilité. Pour une part, bon nombre des symptômes de la souffrance au travail sont la manifestation de ces colères rentrées. Faute de pouvoir exprimer un sentiment « juste » face à une situation intolérable, le sujet détourne sa colère contre lui sous forme de culpabilité, de ressentiment intérieur. La culpabilité est une agressivité que le sujet retourne contre lui-même. Faute de pouvoir exprimer son ressentiment face à l’injustice, ses indignations face aux tricheries, aux malversations dont il est le témoin et dont il risque de devenir le complice malgré lui, sa révolte face à la violence et à l’arbitraire, son exaspération face à la bêtise et à l’indigence de certaines prescriptions, il ravale l’agressivité. Il est alors tiraillé dans un conflit interne entre révolte et soumission. Faute de pouvoir exprimer sa colère, il se sent mal à l’intérieur, partagé entre la montée de pulsions agressives qui expriment son refus et l’intériorisation des normes qui le conduisent à accepter la « réalité » telle qu’elle est, à s’adapter aux exigences de l’organisation."

    "Il est temps d’inverser ce processus et de libérer la colère, d’affirmer sa légitimité, de favoriser l’expression du mal-être sous d’autres formes que les troubles psychosomatiques. Si les salariés de France Télécom, de Renault ou d’ailleurs pouvaient se mettre en colère, individuellement et collectivement, il y aurait sans doute moins de suicides, moins de dépressions, moins de troubles somatiques et psychosomatiques. La colère est l’expression d’un refus. Elle est un chemin qui favorise l’expression de l’agressivité face au mal, le rejet de la destructivité dont ce mal est porteur. Elle est parfaitement justifiée et nécessaire lorsqu’il s’agit de dire non à la maltraitance, à la tricherie et au non-sens. Face à toutes les tentatives de neutralisation des « risques psychosociaux », il faut réhabiliter la colère, favoriser son expression, libérer le potentiel d’agressivité qu’elle contient, cultiver toutes les bonnes raisons de se mettre en colère contre toutes les pratiques qui ne relèvent pas du bien-être"

    "Mais pour pouvoir s’exprimer, la colère doit être partagée. L’expression individuelle de la colère est facilement renvoyée à celui qui l’exprime comme un manque de savoir-vivre. Si elle est psychologiquement utile pour exprimer l’agressivité, elle est socialement réprouvée. Ne dit-on pas qu’elle est « mauvaise conseillère » ? Pour être acceptée, la colère doit être le véhicule d’une indignation collective face à une situation jugée intolérable. Elle est alors tolérée parce qu’elle est considérée comme juste et nécessaire. La colère n’est pas toujours mauvaise conseillère. Elle exprime une indignation qui peut parfaitement être légitime. Elle est profondément humaine parce qu’elle est le signe d’un refus, le refus de la maltraitance, de la violence, de l’injustice et des inégalités dont le monde du travail est porteur."