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2017: Mélenchon réunit des milliers de personnes à son meeting
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
« Il fallait commencer par résoudre le problème le plus simple : trouver un candidat, me voici ! ». Jean-Luc Mélenchon tenait ce dimanche son premier grand meeting de campagne place Stalingrad, trois mois après avoir « proposé » sa candidature à l’élection présidentielle. Sous le ciel menaçant de Paris, aucun parapluie n’était visible : la pluie annoncée n’est jamais tombée. Seules les pancartes contre la loi El Khomri étaient brandies par les sympathisants : 10.000 personnes, selon l’entourage du candidat.
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PRESIDENTIELLE 2017 - À ceux qui en doutaient encore, Jean-Luc Mélenchon ira jusqu'au bout. Avec ou sans le soutien de ses alliés naturels. En convoquant ce dimanche 5 juin plusieurs milliers de ses sympathisants (10.000 selon les organisateurs) place Stalingrad à Paris, le champion autoproclamé de la "France insoumise" a opposé une cinglante fin de non-recevoir à ceux qui le pressent de renoncer à sa candidature en solitaire pour se plier à une primaire des gauches.
La suite:
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Le candidat de la « France insoumise », Jean-Luc Mélenchon, a appelé, dimanche 5 juin, les milliers de personnes réunies place Stalingrad à Paris à une campagne présidentielle « victorieuse ». « Je vous appelle à une campagne qui n’est pas simplement faite pour témoigner, je vous appelle à une campagne pour conquérir le pouvoir ! », a harangué l’ancien candidat de 2012, qui organisait son premier meeting là même où il avait lancé sa précédente campagne en 2011.
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(Mediapart) Comme il y a cinq ans, il a choisi de se lancer depuis la place Stalingrad, à Paris. Il n'est plus le héraut du Front de gauche, mais se veut celui de la « France insoumise ». Devant un public nombreux, Jean-Luc Mélenchon a recueilli les fruits de sa stratégie tribunitienne ignorant les tergiversations d'appareils.
Au même endroit, mais pour faire différemment. Cinq ans après son premier lancement de candidature présidentielle, quasiment jour pour jour, Jean-Luc Mélenchon a choisi ce dimanche de s'élancer à nouveau de la place Stalingrad, dans le XIXe arrondissement parisien. Contrairement au 30 juin 2011, le Front de gauche n'est pas de la fête et le PCF a conclu son congrès par un pique-nique concurrent. Mais s'il n'y avait sans doute pas les 10 000 personnes annoncées au micro, la foule était clairement plus nombreuse qu'il y a cinq ans.
Voilà quatre mois que Jean-Luc Mélenchon a lancé sa « France insoumise » et « proposé » sa candidature au journal télévisé de TF1. S'il ne peut plus compter sur les bataillons militants communistes et anticapitalistes, il lui reste son noyau du Parti de gauche (PG), le renfort de quelques cadres du PCF (Francis Parny ou Christian Audouin) ou d'Ensemble! (Danielle Obono, plusieurs militants de Marseille), et surtout de ses « insoumis ». Ils sont plus de 100 000 à avoir donné leurs mails pour agir dans la campagne de Mélenchon, et ce dernier revendique 1 020 groupes d’appui locaux. La collecte des parrainages d'élus a déjà démarré, et le compteur approcherait les 150.
Discours de Jean-Luc Mélenchon, place Stalingrad, le 5 juin 2016 (à partir de 1h21)
Par rapport à sa première annonce de candidature, l'assistance paraît moins militante, les visages sont moins connus. Peu de drapeaux partisans virevoltent. On n’en compte même pas une dizaine du PG, trois du PCF, trois de la CGT, et trois drapeaux bleu blanc rouge. Davantage de pancartes faites main, en revanche. Pas de discours d'allié politique comme en 2011, mais « une sorte de marche des fiertés de la France insoumise », selon les termes de Charlotte Girard, animée par une « batucada des insoumis », accompagnant un défilé sur la scène de « lycéens et étudiants insoumis », de « cheminots insoumis », de « soignants insoumis », et autres féministes, artistes, intermittents, chômeurs, enseignants ou taxis, tous « insoumis ».
« On a voulu faire une démonstration de force, explique Alexis Corbière, un proche de Mélenchon. Une force qui se donne à voir, populaire et joyeuse. On est passé du réseau de notre plateforme internet à une réalité matérielle. » Il s'emballe : « Avec Jean-Luc, c'est le retour de l'esthétique en politique, c'est le retour du pédagogue en meeting ! Depuis 2011, il est resté cohérent, et aujourd'hui ils sont plus nombreux pour commencer la campagne. Oui, il a la tête dure, mais il n'a rien cédé depuis, et les gens lui en savent gré. »
Défilé des soignants insoumis © S.A
Au micro, Jean-Luc Mélenchon a alterné entre les allers et retours avec son premier discours de prétendant à l'Élysée. Comme en 2011, il a corrigé net la foule qui entamait des « Jean-Luc président ! » pour l’exhorter à scander « Résistance ! ». Il n'a en revanche guère parlé de la situation politique, faisant court sur ses adversaires, et ne parlant même pas de Marine Le Pen. François Hollande et Manuel Valls ont tout juste été moqués de « Plouf et Chocolat » (sans que personne ne saisisse la référence), le retour de la droite qualifié « de retour du loup dans la bergerie ». Le leader de la « France insoumise » a concentré ses coups et ses effets de manche contre la loi sur le travail, et contre l'usage de l'article 49-3, « la quintessence de la monarchie présidentielle au service du capitalisme absolu ».
Passé ces prolégomènes obligés, place à l'adoubement des « insoumis ». Il se fait jour progressivement, au fil du discours appliqué et passionné du tribun. « Ce n'est pas le temps des programmes minimums et des plateformes convenues, s'exclame Mélenchon. Ce n'est pas le temps des candidats passe-murailles qui ne font peur à personne. Je ne vous appelle pas à une campagne pour témoigner, mais à une campagne victorieuse ! » Le suspense n'a que trop duré, il est temps de se lancer. « Dans une présidentielle, il faut commencer par régler le plus simple et trouver un candidat… Me voici ! » Auto-désigné par une acclamation qui ne laisse aucun doute sur son investiture, il ponctue ce passage de son discours comme on reçoit une couronne de lauriers. « Je m'honore d'être accepté par vous comme porte-parole. »
Il y a deux ans, il nous confiait dans un TGV menant vers Montpellier et un meeting de campagne municipale, combien il entendait continuer à « creuser le sillon tribunitien ». À l'époque, il expliquait comment il voyait le chemin vers 2017. « En ce moment, disait-il, à gauche de Hollande, il y a ceux qui ont une stratégie et ceux qui n'en ont pas. » Lui a déroulé la sienne comme un tapis au départ solitaire, mais bien moins encombré que celui menant à une primaire des gauches, à la gauche de Valls et Hollande. Encore en 2014, Mélenchon expliquait déjà : « La démonstration est faite que ce rapprochement ne marche pas. On peut continuer à bavarder, à faire des goûters ou des colloques, il n'y a aucun débouché qui émerge. Tout le monde a un couteau sans lame et agite les bras en disant à Hollande : “Attention, on a un manche de couteau !”. »
À la tribune ce dimanche, il ne s'est pas adressé aux frondeurs du PS, aux écolos d'EELV ou au PCF, si ce n'est pour les implorer de voter la censure du gouvernement sur la loi sur le travail. En revanche, il s'est adressé à la communiste Marie-George Buffet et à la porte-parole d'Ensemble! Clémentine Autain, qu'il espérait dans l'assistance comme elles l'ont annoncé. « Je sais que vous réfléchissez et je respecte votre réflexion », leur a dit Mélenchon, leur enjoignant de ne pas se faire influencer par « d'obscures martingales » d'une « primaire d'amnistie générale » où il faudrait se ranger « derrière les moins-disants ».
Sept axes programmatiques
Sur le fond, Mélenchon a, à nouveau, des choses à dire. Et comparé à 2011, il n'est plus contraint dans son expression programmatique par les négociations de cartel. Plus de référendum sur le nucléaire, fruit du compromis avec le PCF, il met désormais franchement le cap sur l'écologie. Au micro de Stalingrad, il réaffirme des propositions déjà énoncées (règle verte, économie de la mer, planification écologique) et en annonce de nouvelles, comme la nécessité de passer au plus vite « aux 100 % d'énergies renouvelables ». Lors d'une conférence de presse le 24 mai dernier, Mélenchon avait déjà évoqué « la centralité de la question de la protection de l’écosystème ». Il estimait aussi possible une sortie du nucléaire en « 15/20 ans ».
© S.A
Le projet de « Mélenchon l'insoumis » a été confié à l'économiste Jacques Généreux (compagnon de longue date, qui avait quitté le PS avec lui) et à la constitutionnaliste Charlotte Girard (femme du bras droit François Delapierre, décédé il y a presque un an), qui coordonnent les rapporteurs faisant le récolement de l'ensemble des contributions (2 186 la semaine dernière), le tout devant aboutir à sept chapitres. On y croise la « réorganisation de la société politique » (processus constituant, fin de la monarchie présidentielle, référendum révocatoire), le salaire maximum et la révolution fiscale, la sortie des traités européens et l'entrée dans un « protectionnisme solidaire », la sortie de l’OTAN au profit d'une « nouvelle alliance altermondialiste ».
Place Stalingrad, Mélenchon parle d'« enrichissement » du programme de 2012, « L'Humain d'abord », dont la référence est encore assumée sur les pancartes et les travées de Stalingrad. Il verra le jour en septembre. Et s'il parle d'une « fédération » pour accueillir les « forces qui [le] rejoindront », il leur « demande de respecter l'autonomie de la France insoumise ». Affranchi d'un processus de désignation collective, il entend en profiter pour perdre moins de temps en discussions et en désaccords internes qu'en 2012, où sa coopération avec les communistes a fonctionné tant bien que mal, mais n'a pas créé la dynamique qui aurait pu l'amener devant Marine Le Pen.
Comme en 2012, il n'entend pas se laisser enfermer dans des discussions sur le coût du programme. « Rêvez fort, penser fort, réfléchissez fort ! Ne vous occupez pas de l'argent, je m'en débrouille. » En marge de sa conférence de presse de présentation des grands axes de son programme, il semblait voir son moment venu. « Quand on part de 3 % et qu’on arrive à 11 %, on peut raisonnablement penser qu’en partant de 12 % on peut finir plus haut », savourait-il en référence aux derniers sondages qui le situent au coude-à-coude avec François Hollande (mais loin derrière le candidat de droite et Marine Le Pen). « Mon sujet, c’est de mettre en mouvement les quatre millions de personnes qui ont voté pour moi en 2012, et que celles-ci en convainquent trois autres millions, dit-il. C’est un mouvement de masse dont nous avons besoin. »
En 2011, Jean-Luc Mélenchon s'agaçait de voir certains des alliés de tribune refuser d'entonner la Marseillaise succédant à l'Internationale. En 2016, l'ordre rituel a été inversé. L'Internationale passe après la Marseillaise. Cette fois-ci, il va pouvoir faire campagne comme il l'entend.