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Bilan de la répression lors des manifs des 14 et 23 juin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://paris-luttes.info/bilan-de-la-repression-lors-des-6303
Communiqué de Defcol du dimanche 26 juin sur la répression judiciaire et les arrestations massives de ces deux dernieres manifestations.
Manif du 23 juin : arrestations massives
Le dispositif policier adopté pour la manifestation du 23 juin combinait une sorte de nasse géante autour du parcours imposé par la préfecture de police et des contrôles policiers systématiques un peu partout dans l’est parisien.
Ces contrôles ont en effet été effectués dans des lieux assez éloignés de la manif elle-même, comme Oberkampf, Richard-Lenoir, Saint-Paul, Voltaire, Faubourg Saint-Antoine, etc. Ils ont conduit des dizaines de personnes (une centaine au total selon le bilan de la pref) à des vérifications d’identité longues et poussées, avec embarquement au comico de l’Evangile pour la plupart, et ce alors même que nombre de ces personnes étaient munies de leurs pièces d’identité. Les motifs de ces contrôles étaient on ne peut plus futiles : être porteur de casques de moto, de sérum physiologique, de lunettes de piscine, de k-way, de foulards ou de caméra suffisait pour se retrouver au poste.
Ce genre de contrôle n’a évidemment qu’un but : empêcher concrètement un grand nombre de manifestants de participer à la protestation. L’aspect un peu trop indiscipliné des précédents cortèges a souverainement déplu, on le sait, en haut lieu et il s’agissait de contraindre le maximum de personnes à renoncer à défiler. D’une certaine manière, cette politique de contrôles élargis est une extension de la logique de l’interdiction de manifester.
Pour les personnes qui auront réussi à passer les multiples contrôles (jusqu’à quatre fois entre Gare de Lyon et Bastille), l’intimidation se poursuit avec le spectaculaire déploiement policier tout l’après-midi. Plusieurs récits de ces contrôles et de cette manif ont été publiés, par exemple celui-ci : Quand cesserons-nous d’être ingénus ?
Quelques irréductibles, rétifs à l’idée de se contenter du manège syndical autour du bassin de l’Arsenal, sont venus agrémenter cette après-midi de quelques défilés improvisés du côté de Bonne Nouvelle ou de Daumesnil. De nouvelles interpellations ont eu lieu à la fin de certaines de ces manifs sauvages, tandis que plusieurs dizaines de manifestants étaient nassés ici ou là.
A 18 h 30, la préfecture de police annonçait onze garde à vues, dont quatre pour « attroupement armé », deux pour détention « d’engin pyrotechnique », deux pour « port d’arme » (dont un couteau pour découper une tarte au fraise, voir plus bas), deux pour « dégradations » et une pour « violence » à personne dépositaire de l’autorité de la force publique.
La journée n’était toutefois pas encore finie puisqu’elle fut aussi rythmée, dans la soirée, par une nouvelle manif sauvage à la suite de laquelle une personne était grièvement blessée tandis que neuf autres étaient interpellées.
Sur les vingt garde-à-vue (onze l’après-midi et neuf le soir à la manif sauvage), on n’a compté, pour une fois, qu’une seule comparution immédiate le samedi après-midi : le manifestant a obtenu un délai pour sa défense et a été libéré sous contrôle judiciaire.
Certains manifestants ont été libérés de garde-à-vue sans poursuites, parfois avec un rappel à la loi. Le récit d’une de ces garde-à-vue a été publié ici :L’avocat et la tarte aux fraises.
Au moins quatre autres manifestants ont été libérés avec une convocation pour un procès ultérieur, que ce soit après un déferrement ou directement en sortant de garde à vue. Enfin et surtout, plusieurs manifestants sont sortis de garde-à-vue avec une nouvelle convocation dans un service de police la semaine prochaine. Des poursuites sont donc toujours possibles pour eux, et même une reprise de leur garde-à-vue.
Manifestation du 14 juin : la pire répression judiciaire depuis le début du mouvement
Le 14 juin, ce sont des militants de tous les horizons qui sont venus manifester à Paris. La réponse à cette mobilisation exceptionnelle a été une répression elle aussi exceptionnelle tant par le nombre de personnes qui ont été interpellées que par l’intensité des peines prononcées.
La répression de cette journée a commencé bien avant le début de la manifestation dans la mesure où un nombre délirant d’interdictions de manifester a été prononcé par la préfecture.
Defcol a recensé plusieurs cas pour examiner si un recours au fond est possible contre ces arrêtés.
Le dispositif policier chargé de baliser le parcours de la manifestation en a impressionné beaucoup. Les barrières anti-émeutes étaient de sorties ainsi que les canons à eau, ce qui n’avait pas été vue à Paris depuis très longtemps.
La préfecture a annoncé avoir interpellé 65 personnes au cours de la manifestation. Defcol a pu recenser 37 de ces arrestations. 11 personnes sont sorties sans suites de leur garde-à-vue, deux se sont vu signifier un rappel à la loi et deux mineurs ont été convoqués en audition libre.
Les arrestations aux Invalides se sont accompagnées de brutalités policières systématiques. Les photos publiés sur Internet et les nombreux témoignages révèlent que les manifestants ont été passés à tabac après avoir été interpelés, alors qu’ils étaient entravés et emmenés à l’écart, de sang-froid et en parfaite connaissance de cause. Il ne s’agit nullement de « bavures policières », mais bien d’une pratique de répression voulue et assumée par les autorités.
S’agissant des présentations devant le tribunal. Trois personnes ont été déferrées le 15 juin, lendemain de la manifestation, tandis que l’essentiel des personnes sont passées en audience le 16 juin. Ce jour-là, devant le nombre de dossiers à traiter, le tribunal a ouvert une chambre de comparution immédiate supplémentaire où n’ont été présentés que des manifestants.
Même si on peut noter deux relaxes, le bilan de la répression judiciaire est particulièrement lourd. Il y a eu :
5 condamnations entre 6 et 10 mois de prison avec sursis
2 condamnations à 3 mois ferme sans mandat de dépôt
1 condamnation à 4 mois ferme avec mandat de dépôt
Parmi ceux qui ont demandé un délai pour préparer leur défense, sept personnes ont été placées sous contrôle judiciaire, tandis qu’une autre est placée en détention d’ici à son procès qui se tiendra en juillet.
Autrement dit, deux personnes sont parties en détention suite à cette manif (un condamné et un détenu en attente de son procès).
Enfin, une personne qui n’a pas été condamné par le tribunal pour les faits qui lui étaient reprochés s’est quand même vu remettre une Obligation à Quitter le Territoire Français (OQTF), et deux personnes ont fait le choix de passer en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC - le « plaider coupable »).