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Recension de livres

Lien publiée le 1 juillet 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revue-ballast.fr/cartouches-11/

Une huitième de finale France-Irlande, la pensée critique revivifiée, le business vert, Karl Marx eurocentriste ?, des abattoirs à Auschwitz, la contre-parole décoloniale, reprendre son souffle et poursuivre la route, une ligne de flottaison et les Caraïbes, financiariser la nature : nos chroniques du mois de juin.


☰  Smart stadium — Le stade numérique du spectacle sportif, de Marc Perelman

  • smartstadiumEuro de football, huitième de finale France-Irlande, stade des Lumières. À la mi-temps, l'équipe de France est menée 1-0 par une solide formation irlandaise. En tribune, Mathieu, supporter des Bleus, est déçu. Il ouvre son application Parc olympique lyonnais sur sonsmartphone. C'est bien ce qu'il pensait : Blaise Matuidi livre une prestation moyenne, les stats' parlent d'elles-mêmes. Le jeu reprend. Il commande une boisson qui lui sera livrée à sa place via la même appli, quand... Pierre Bourdieu, son mentor de l’époque, le « patron » comme il le nommait avec un mélange d'ironie et d’affection : « Margaret Thatcher. Étonnant ? Pas tant que ça, nous répond l’auteur de ce livre, qui retrace « quarante ans d’impostures » et met à mal l’idée d’un verdissement progressif des élites politiques et économiques qui ont, dès la naissance de l’écologie politique et les premières grandes réunions internationales sur la préservation de la nature, posé une condition : la protection de l’environnement ne doit pas remettre en cause la mondialisation et le libre-échange. Car si la prise de pouvoir du capitalisme néolibéral et la montée de la prise de conscience écologique sont historiquement concomitantes, le premier génère des profits toujours plus grands quand la deuxième accouche de politiques largement insuffisantes face aux enjeux. Du « développement durable » au « business vert », de Giscard d’Estaing à Chirac, les politiques environnementales se font toujours de manière cosmétique et sont perçues comme une opportunité, soit pour justifier la mise en place d’une politique — de préférence de rigueur ou de privatisation —, soit pour créer un nouveau marché (les « technologies vertes », les « éco-industries », etc.). L’auteur reproche aux écologistes d’être passés « à côté des enjeux de la mondialisation » et d’être tombés dans le piège des deux diversions utilisées par les libéraux — le mondialisme et le localisme — pour justifier le démantèlement de l’État régulateur, car « il faut ouvrir les yeux et se rendre à l’évidence : s’il ne suffit pas d’être anticapitaliste pour être écologiste, ceux qui affirment pouvoir protéger les écosystèmes sans sortir du capitalisme sont des menteurs ou des naïfs. » [M.H.]

     Éditions Mille et une nuits, 2012

    ☰ Marx aux antipodes : nations, ethnicité et sociétés non-occidentales, de Kevin B. Anderson

    Le « marxisme » comme grand récit de l'émancipation de l'humanité aurait vécu. À la faveur des luttes nationales dans ce que l'on a appelé le « tiers-monde » mais, plus généralement, par le biais d'une décentralisation de l'étude du capitalisme et, surtout, avec l'effondrement du bloc soviétique, les écrits de Marx se sont trouvés marginalisés. En particulier l'introduction, dans l'analyse critique du monde, de concepts comme le genre ou la race ont conduit — à raison — à repenser les cadres de la doctrine (ou de la vulgate) marxiste, et à cantonner Marx lui-même à une époque et une zone géographique. Il ne serait plus que le penseur (homme blanc) du capitalisme occidental, qui ne prendrait pleinement la mesure ni du colonialisme, ni du patriarcat. Kevin Anderson vient complexifier cette présentation en s'appuyant sur des écrits peu connus, voire non encore publiés, de Marx. Ce livre s'appuie sur un certain nombre de cahiers dans lesquels Marx prenait note de ses lectures, et sur les articles de presse qu'il publiait pour survivre. Ces textes révèlent une évolution dans sa pensée, et démentent les accusations d'eurocentrisme. Le propos d'Anderson vise donc à mettre en avant la dimension multilinéaire que prennent progressivement les écrits de Marx à mesure qu'il étudie des événement historiques particuliers (la colonisation et les révoltes en Inde, la situation de l'Irlande, la question nationale en Pologne, les révoltes en Chine, les sociétés précapitalistes, la guerre de Sécession, les traditions précapitalistes des paysans russes, etc.). Les réalités particulières sur lesquelles Marx se penche viennent enrichir l'analyse de l'auteur du Capital, et font apparaître des éléments dont l'absence était suspecte : la question du nationalisme face au colonialisme, l'esclavage, le racisme, etc. Anderson nous fait voyager chronologiquement dans la construction de la pensée de Marx à propos des marges du capitalisme occidental, marges qui sont autant d'extériorités intégrées aux modes de production qui sont en train de se répandre sur le globe. À la fois mise en perspective de la pensée de Marx (et même de sa situation propre en tant qu'immigré allemand en Grande-Bretagne) et réfutation de son « eurocentrisme », ce livre permet de démystifier la figure tutélaire du penseur, pour faire apparaître le monstre de travail et le militant acharné qu'il était. [J.G]

    Margaret Thatcher. Étonnant ? Pas tant que ça, nous répond l’auteur de ce livre, qui retrace « quarante ans d’impostures » et met à mal l’idée d’un verdissement progressif des élites politiques et économiques qui ont, dès la naissance de l’écologie politique et les premières grandes réunions internationales sur la préservation de la nature, posé une condition : la protection de l’environnement ne doit pas remettre en cause la mondialisation et le libre-échange. Car si la prise de pouvoir du capitalisme néolibéral et la montée de la prise de conscience écologique sont historiquement concomitantes, le premier génère des profits toujours plus grands quand la deuxième accouche de politiques largement insuffisantes face aux enjeux. Du « développement durable » au « business vert », de Giscard d’Estaing à Chirac, les politiques environnementales se font toujours de manière cosmétique et sont perçues comme une opportunité, soit pour justifier la mise en place d’une politique — de préférence de rigueur ou de privatisation —, soit pour créer un nouveau marché (les « technologies vertes », les « éco-industries », etc.). L’auteur reproche aux écologistes d’être passés « à côté des enjeux de la mondialisation » et d’être tombés dans le piège des deux diversions utilisées par les libéraux — le mondialisme et le localisme — pour justifier le démantèlement de l’État régulateur, car « il faut ouvrir les yeux et se rendre à l’évidence : s’il ne suffit pas d’être anticapitaliste pour être écologiste, ceux qui affirment pouvoir protéger les écosystèmes sans sortir du capitalisme sont des menteurs ou des naïfs. » [M.H.]

     Éditions Mille et une nuits, 2012

    ☰ Marx aux antipodes : nations, ethnicité et sociétés non-occidentales, de Kevin B. Anderson

    Éditions Syllepse & M Éditeur, 2015

    Margaret Thatcher. Étonnant ? Pas tant que ça, nous répond l’auteur de ce livre, qui retrace « quarante ans d’impostures » et met à mal l’idée d’un verdissement progressif des élites politiques et économiques qui ont, dès la naissance de l’écologie politique et les premières grandes réunions internationales sur la préservation de la nature, posé une condition : la protection de l’environnement ne doit pas remettre en cause la mondialisation et le libre-échange. Car si la prise de pouvoir du capitalisme néolibéral et la montée de la prise de conscience écologique sont historiquement concomitantes, le premier génère des profits toujours plus grands quand la deuxième accouche de politiques largement insuffisantes face aux enjeux. Du « développement durable » au « business vert », de Giscard d’Estaing à Chirac, les politiques environnementales se font toujours de manière cosmétique et sont perçues comme une opportunité, soit pour justifier la mise en place d’une politique — de préférence de rigueur ou de privatisation —, soit pour créer un nouveau marché (les « technologies vertes », les « éco-industries », etc.). L’auteur reproche aux écologistes d’être passés « à côté des enjeux de la mondialisation » et d’être tombés dans le piège des deux diversions utilisées par les libéraux — le mondialisme et le localisme — pour justifier le démantèlement de l’État régulateur, car « il faut ouvrir les yeux et se rendre à l’évidence : s’il ne suffit pas d’être anticapitaliste pour être écologiste, ceux qui affirment pouvoir protéger les écosystèmes sans sortir du capitalisme sont des menteurs ou des naïfs. » [M.H.]

     Éditions Mille et une nuits, 2012

    ☰ Marx aux antipodes : nations, ethnicité et sociétés non-occidentales, de Kevin B. Anderson

    ☰ Un éternel Treblinka, de Charles Patterson

    Margaret Thatcher. Étonnant ? Pas tant que ça, nous répond l’auteur de ce livre, qui retrace « quarante ans d’impostures » et met à mal l’idée d’un verdissement progressif des élites politiques et économiques qui ont, dès la naissance de l’écologie politique et les premières grandes réunions internationales sur la préservation de la nature, posé une condition : la protection de l’environnement ne doit pas remettre en cause la mondialisation et le libre-échange. Car si la prise de pouvoir du capitalisme néolibéral et la montée de la prise de conscience écologique sont historiquement concomitantes, le premier génère des profits toujours plus grands quand la deuxième accouche de politiques largement insuffisantes face aux enjeux. Du « développement durable » au « business vert », de Giscard d’Estaing à Chirac, les politiques environnementales se font toujours de manière cosmétique et sont perçues comme une opportunité, soit pour justifier la mise en place d’une politique — de préférence de rigueur ou de privatisation —, soit pour créer un nouveau marché (les « technologies vertes », les « éco-industries », etc.). L’auteur reproche aux écologistes d’être passés « à côté des enjeux de la mondialisation » et d’être tombés dans le piège des deux diversions utilisées par les libéraux — le mondialisme et le localisme — pour justifier le démantèlement de l’État régulateur, car « il faut ouvrir les yeux et se rendre à l’évidence : s’il ne suffit pas d’être anticapitaliste pour être écologiste, ceux qui affirment pouvoir protéger les écosystèmes sans sortir du capitalisme sont des menteurs ou des naïfs. » [M.H.]

     Éditions Mille et une nuits, 2012

    ☰ Marx aux antipodes : nations, ethnicité et sociétés non-occidentales, de Kevin B. Anderson

    c11cLe nazisme — sauce privilégiée du débat d'idées — gâte à regret tous les plats de la pensée. Tant et si bien que le fameux « point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d' point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d'

     point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d'faire connaître la vérité, c’est aussi une manière d’aider au cessez-le-feu et à la paix ». Ce n’est que par la retranscription des faits dans leur atrocité, sans ambages, sans formules édulcorées, que l’on peut amener le pouvoir politique à régler le problème colonial, en assumant le fait que les fautes les plus graves proviennent du colon puisque, si les deux « camps » rivalisent dans l’horreur, celui du colonialisme pêche par le fait qu’elles émanent d’un État, et non d’une rébellion subversive. Le témoignage d’Alleg, c’est un travail douloureux et nécessaire de construction d’une mémoire alternative, car bien qu’il parle d’un fait contemporain — le temps dans lequel il écrit est celui de l’immédiateté — il s’adresse aussi bien aux lecteurs de son temps qu’à ceux de l’avenir. Tout ce que dénonce Alleg, il l’a vu, il l’a entendu, il l’a subi. Ce ne sont pas de vagues abstractions. La contre-parole qu’il développe se base sur l’expérience directe de ce qu’il dénonce. Mais elle vaut également comme un avertissement pour l’avenir : le pouvoir politique, qui ne manque pas de dénoncer la violence de son adversaire, masque souvent ses propres atrocités derrière un manteau de silence, qu’il s’agit alors de déchirer.  [J.B.D.]

     point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d' point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d' point Godwin » coupe court à qui déjà comptait couper court : on guette le spectre pour se plaire à le moquer. Mômeries et tours en rond... Il n'en demeure pas moins que, si comparaison n'est pas raison (voilà pour les précautions d'usage), certains liens et pendants peuvent faire sens. Que les recoupements et les analogies, froidement examinés, parviennent encore à éclairer. L'auteur du présent essai, américain et docteur en histoire, rompt avec toutes les convenances : les humains se comportent avec les animaux non-humains comme les nazis à l'endroit de ceux qu'ils jugeaient inférieurs. Nous avons déjà perdu quelques lecteurs — outrés. Dans les pas d'C'est dans l'écho qu'il nous faut être. Il nous faut perpétuer cet écho. » Temporalité du poète. Il en faut, des corps solitaires, des respirations rassemblées, des rêves avortés, pour former ce premier « nous » : celui de la jeunesse, comme celui des utopistes qui n'ont pas encore le cynisme aux sourcils. Fabrice Caravaca est poète, un poète « du parti des kaléidoscopes », un poète « du parti des accolades ». Et peut-être un tisserand, aussi : dans La Vie, il tisse dans l'humain l'action et le rêve ; il tisse des traces de pied et en fait une grande marche, un rassemblement de pas, se mouvant près d’une falaise, prêt à tout endurer. « Nous sommes plus qu'il n'y paraît. Ce n'est qu'un murmure. Bientôt une rumeur. Bientôt l'élan, l'éclat. On ne pourra pas nous arrêter. On ne pourra rien contre nous car nous sommes là depuis des millénaires à patienter, à creuser des sillons et briser des frontières. » C'est un « nous » qui abreuve. Chaque page est un pas supplémentaire : le livre est une procession que rien n'arrête, un caillou pris par la neige qui s'engraisse de la montagne. La foule de ceux qui ont le désir de rassembler davantage. « On ne pourra rien contre nous car nous avons déja tout enduré. Nous avons appris le silence, l'exil. Nous avons appris à supporter les tueries et le mensonge. Nous savons rêver sans fin et extirper la douleur. » Un « nous » de frères et de sœurs, comme une foule. Caravaca, originaire de Dordogne et responsable éditorial des éditions Dernier Télégramme, nous offre une foule où se fondre, une foule de marcheurs, où il ne serait même pas angoissant de se perdre. « Reprends ton souffle, l'ami. Et poursuivons notre route. » [M.M.]

    Éditions les Fondeurs de Briques, 2010

    Dernier Télégramme, nous offre une foule où se fondre, une foule de marcheurs, où il ne serait même pas angoissant de se perdre. « Reprends ton souffle, l'ami. Et poursuivons notre route. » [M.M.]

      Chaveta, l'arche d'or des incas, de Jéromine Pasteur

    Dernier Télégramme, nous offre une foule où se fondre, une foule de marcheurs, où il ne serait même pas angoissant de se perdre. « Reprends ton souffle, l'ami. Et poursuivons notre route. » [M.M.]

    c11-« J'ai abandonné ce que je nomme "les artifices de l'existence" au profit de la simplicité qui conduit à la plus absolue des libertés. » Jéromine Pasteur n'est pas de celles qu'on emmaillotent, pas de celles qui croupissent dans quelque sépulture — celle du chantage familial. Trois petits tours et puis s'en va, 23 ans, huit jours de mariage, faites place ! Jéromine cherche la brèche et reçoit l'interdiction. Un quart d'heure pour se marier, mais un an d'attente pour obtenir le droit de demander le divorce qu'elle souhaite déjà. La société édicte, la bourlingueuse en devenir rejette l'injonction et construit de ses mainsJydartha, un voilier de 9,20 mètres de long. Quatre ans de chantier naval dans sa cour lyonnaise, un tournevis qui traverse le creux de sa main de part en part, une vie sentimentale délaissée et des économies dilapidées. Le voilier est amené au port de Lyon. La ligne de flottaison a-t-elle été bien calculée ? Secondes en souffrance, les cordages mollissent, l'enfant choyé flotte bel et bien. Sa mère autoproclamée, ivre de bonheur, profite de la première nuit lovée dans sa couchette à écouter le clapotis des eaux. Apprendre à vivre avec lui, voguer de rivières en canaux, de villes en villages, de campagnes en vallées avant de mettre le cap sur l'Afrique, de rejoindre le Brésil en solitaire, la mer des Caraïbes, et de vagabonder en terres péruviennes. Ses pas croiseront ceux des guérilleros du Sentier Lumineux et des trafiquants de coca avant de rencontrer la communauté qui deviendra sa seconde famille, celle des indiens Ashanicas. Une tribu qui, comme tant d'autres, résiste au moloch gouvernemental et offrira la paix à l'aventurière française, qu'ils nommeront « Chaveta », du nom d'un papillon, symbole de connaissance. « Il y a tant à voir, à découvrir et à apprendre. Depuis mon enfance, je n'ai jamais dévié d'un pouce. Je me sens comme Diogène, une lampe à huile à la main, sous le grand soleil de midi, répondant à qui le questionnait sur son étrange démarche : Je cherche un homme. Moi aussi, je cherchais les hommes. Jamais nulle part, avant d'entrer pour la première fois à Cutivireni, je ne les avais trouvés. » [M.E.]

    Éditions Le Livre de poche, 1990

      Faut-il donner un prix à la nature ?, de Jean Gadrey et Aurore Lalucq

    Une idée s’est petit à petit installée au sein des institutions internationales et chez un certain nombre d’écologistes : pour répondre aux défis posés par la crise écologique, nous devons « mettre la nature à prix » pour la préserver, que ce soit pour rendre compte de la valeur d’un service écosystémique, créer un marché du carbone ou taxer une industrie polluante. Économistes, Gadrey et Lalucq reviennent sur les origines de ces approches — l’économie néoclassique et la « tragédie des communs » —, les différentes expérimentations et leurs résultats, et posent un certain nombre de préconisations. Dans un débat souvent réalisé loin des oreilles des citoyens, ils tentent d’expliquer les termes des controverses avec, en premier lieu, une distinction nécessaire entre monétarisation, marchandisation, privatisation et financiarisation de la nature. Partisans d’une approche au cas par cas, ils montrent que la monétarisation de la nature peut être un soutien utile à d’autres formes de politiques de protection de l’environnement, la réglementation contraignante restant la méthode la plus efficace. Doté de nombreux exemples — l’échec du marché du carbone européen, la taxe carbone suédoise créée en 1991, la taxe poids lourds allemande, etc. —, ce court ouvrage résume bien les dangers des méthodes issues d’une science économique pauvre mais toute puissante. Mettre un prix sur la nature revient vite à la découper en « ateliers fonctionnels » produisant chacun un service spécifique, approche très vendeuse en termes de communication — le travail des abeilles vaut des milliards, les chauves-souris sont plus rentables que les pesticides — mais n’ayant pas de sens d’un point de vue écologique. Parmi les préconisations pour une utilisation intelligente et mesurée de certains outils, la plus importante est peut-être celle résumée par cette formule de