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Burkini : "Les arrêtés sont des mesures guignolesques"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Une femme en burkini, le 4 août sur une plage de Marseille. (AP/SIPA)
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, les élus qui ont interdit cette tenue sur la plage sont dans "une logique de mise au pas".
En pleine polémique sur le burkini, cette tenue de plage qui couvre le corps des femmes, plusieurs mairies ont pris des arrêtés pour interdire ce vêtement. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, dénonce des mesures "effarantes de nullité".
Comment jugez-vous la décision prise par plusieurs maires d’interdire le burkini sur la plage ?
- Le burkini est un signe de régression, il couvre le corps de la femme et symbolise une pression religieuse. Celles qui ne le portent pas risquent être taxées d’impudiques par certains extrémistes. Mais c’est une chose d’être contre le burkini, une autre de l’interdire. Si l’on se met à proscrire tout ce qui nous choque, jusqu’où ira-t-on ?
Ces arrêtés ne savent pas sur quel pied danser, ils invoquent toutes sortes de raisons qui ne sont pas valables. Parler d’hygiène à la plage, cela n’a pas lieu d’être quand on voit l’état de la Méditerranée. Les arrêtés anti-burkini sont des mesures guignolesques, effarantes de nullité et contraires à l’Etat de droit.
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Ces élus invoquent aussi la laïcité…
- Il y a une grande confusion dans les termes employés. La laïcité est maintenant utilisée pour réprimer toute manifestation religieuse dans l’espace public. Je suis critique de toutes les religions, mais la laïcité, ce n’est pas la normalisation d’un groupe donné. Or, toutes les hystéries du débat actuel concernent l’islam. Christian Estrosi, député Les Républicains des Alpes-Maritimes, s’affiche publiquement lors d’une procession en l’honneur de la Vierge Marie, est-cela le respect de la laïcité ? Ces élus invoquent la laïcité quand ça leur chante. Lorsque des catholiques ont prié dans la rue devant l’Assemblée nationale contre le mariage pour tous, aucun d’entre eux ne s’en est ému.
Le port du burkini est-il un phénomène en expansion ?
- Le maire de Cannes se plaint des burkinis à Cannes, mais en tout et pour tout, il y a eu à peine trois verbalisations. On a vu plus fulgurant comme phénomène.
Il faut rappeler que les maires Les Républicains qui dénoncent le burkini dans les Alpes-Maritimes siègent tous dans des instances de pouvoir : Lionnel Luca, maire de Villeneuve-Loubet, est aussi député, David Lisnard, maire de Cannes, est vice-président du conseil départemental…Pourtant, ce département est l’un de ceux qui comptent le plus de radicalisés et un grand nombre de départs vers la Syrie. Qu’ont-ils fait pour empêcher cela ? Si la seule réponse que l’on apporte pour contrer des projets terroristes est de légiférer sur les tenues portées à la plage, c’est grave.
Un arrêté a été pris à Nice contre le burkini, mais pourquoi celui qui interdit la circulation des poids lourds en centre-ville n’a-t-il pas été respecté ? Ces élus devraient être interrogés sur leurs responsabilités.
Que dit cette polémique de l’état de notre société ?
- D’un épiphénomène, on a fait un débat. L’opinion est désormais polarisée. On est soit contre le racisme, soit contre l’islamisme, alors que la cohérence voudrait que l’on soit contre les deux. Face à ces phénomènes de régression, il faudrait réfléchir aux causes et non aux symptômes.
Au lieu de cela, ces élus sont dans une logique de caporalisme et de mise au pas qui n’aura que des effets limités, voire contre-productifs, puisqu’ils font émerger certains réseaux associatifs douteux qui se présentent comme défenseurs de la liberté. Les politiques déplorent le salafisme, ce sont pourtant eux qui ont laissé le tissu associatif de qualité se déliter dans les quartiers populaires, permettant l’installation de foyers de régression, et donc de danger.
Propos recueillis par Bérénice Rocfort-Giovanni