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Au gouvernement, c’est la guerre du chiffrement
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Protectrice pour les uns, outil des terroristes pour les autres, cette technologie qui permet de rendre illisibles les communications divise au sommet de l’Etat.
Mais que pense officiellement la France du chiffrement ? Bien malin celui qui pourra donner une réponse claire, tant les avis divergent de ministère en ministère. Et tant Matignon est réticent à se prononcer sur ce débat qui, malgré sa complexité, a déjà fait les gros titres aux Etats-Unis.
Des annonces le 23 août
La dernière déclaration en date est celle du premier flic de France. A en croire Bernard Cazeneuve, le gouvernement entend bien prendre exemple sur ses copains américains, en se payant le chiffrement.
Jeudi 11 août, le ministre de l’Intérieur déclarait en effet vouloir « faire face » à cette variable de plus en plus visible dans l’organisation d’actes terroristes : leurs auteurs communiqueraient de manière sécurisée grâce à cette technologie.
Après les révélations d’Edward Snowden, de plus en plus d’applications grand public (WhatsApp, Signal, Telegram et d’autres, comme le montre notre comparatif) ont progressivement masqué de la sorte les échanges de leurs utilisateurs, afin de préserver leur vie privée.
Sauf que parmi ces utilisateurs, on retrouve aussi des auteurs d’actes terroristes. Ainsi, à Saint-Etienne-du-Rouvray, où un prêtre a été assassiné par deux hommes adeptes de Telegram. Ou à San Bernardino (Etats-Unis), où l’un des auteurs de la tuerie avait en sa possession un iPhone illisible pour le FBI – il était chiffré.
« La sécurité par le chiffrement »
Ces exemples, Beauvau les a bien en tête. Pour le ministère, ils incarnent la preuve que le chiffrement des communications est un obstacle à la lutte antiterroriste. Et nécessitent, pour reprendre les mots de Bernard Cazeneuve, « d’y faire face au plan international ».
Pour lancer le mouvement, ce dernier doit aborder le sujet avec son homologue allemand Thomas de Maizière ce mardi 23 août, à l’occasion d’une réunion bilatérale sur « la sécurité intérieure en Europe ».
« Le chiffrement ne sera qu’un des aspects », insiste-t-on à l’Intérieur, qui promet néanmoins des annonces sur le sujet. Du côté allemand, on ne se montre pas plus loquace. Leur ministère de l’Intérieur se contente d’un mystérieux :
« C’est un challenge technique et social ambitieux que de maintenir l’équilibre entre la sécurité par le chiffrement et la sécurité malgré le chiffrement. »
« Choix du gouvernement »
Le problème, c’est qu’officiellement, la France pense que le chiffrement est une bonne chose. C’est en tout cas ce qu’assure la secrétaire d’Etat au numérique. Et on a eu l’occasion de lui demander, et de lui redemander, durant ces derniers mois qui ont vu le sujet enfler aux Etats-Unis et en Europe.
En mai dernier, quand une rumeur insistante évoquait la préparation à Bruxelles d’un texte sur le sujet. Et avant ça en novembre, quand Rue89 la recevait. Axelle Lemaire l’affirmait alors sans détour :
« Il n’y a pas de volonté de lutter contre le chiffrement en France. »
Ce « choix du gouvernement » s’incarne selon elle dans un volet de la loi numérique, qui ajoute aux missions de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) celle de promouvoir le chiffrement.
« Affaiblissement généralisé »
Cette volonté s’incarne, nous assure encore Bercy, dans un arbitrage formel du Premier ministre de ne pas toucher au cadre juridique du chiffrement, pris en avril dernier.
Axelle Lemaire n’est pas la seule à défendre le chiffrement. Tous les experts de cette technologie difficile d’accès le disent : il est impossible de trouver une solution qui permettrait de préserver le chiffrement pour les gentils, tout en faisant sauter ce verrou pour les méchants.
On a beau avoir cherché, il y a consensus : affaiblir cette protection pour certains reviendrait à l’affaiblir pour tous ceux qui l’utilisent. Et ils sont nombreux : entreprises, individus qui n’ont rien à se reprocher et même Etats.
Guillaume Poupard, le patron de l’Anssi, l’agence chargée de la cybersécurité de l’Etat, ne dit pas autre chose. Dans une note datée de fin mars, et révélée début août par Libération, il écrivait :
« [Un tel] affaiblissement généralisé serait attentatoire à la sécurité numérique et aux libertés de l’immense majorité des utilisateurs respectueux des règles tout en étant rapidement inefficace vis-à-vis de la minorité ciblée. »
« Aucun signal de la part de Matignon »
Reste que malgré ce consensus apparent, Bernard Cazeneuve promet des « propositions » sur le sujet. Et Axelle Lemaire a jugé bon de répéter son argumentaire deux jours plus tard sur Twitter. Juste au cas où. Y aurait-il du flottement sur le chiffrement ?
Contacté à cette occasion, Bercy nous renvoie une nouvelle fois à l’arbitrage passé du Premier ministre sur le sujet. On demande si celui-ci n’aurait pas évolué, notamment après les attaques qui ont visé la France cet été.
« Il n’y a aucun signal en ce sens de la part de Matignon. »
Pourtant, le dossier semble loin d’être bouclé. S’il refuse « pour le moment de communiquer sur le sujet », le ministère de la justice confirme qu’un travail est toujours en cours : « Work in progress ».
Problème : les services de Matignon refusent pour le moment d’arbitrer cette partie de poker menteur. Agacés par notre insistance, ils finissent néanmoins pas nous diriger vers le ministère de l’Intérieur : « C’est à eux de vous répondre ! »
« On n’a pas besoin de tes gadgets »
Si là-bas, on ne le confirme pas explicitement, on insiste néanmoins lourdement sur le fait que la sortie de Bernard Cazeneuve a eu lieu juste après un Conseil restreint de défense. Soit après avoir échangé en petit comité avec le chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre de la Défense et les chefs des services de renseignement.
Sous-entendu : le ministre avait évidemment reçu la bénédiction de ses supérieurs avant d’ouvrir la bouche. Et Axelle Lemaire n’a pas eu son mot à dire.
Ce nouvel épisode ne devrait pas arranger les relations déjà tendues entre la secrétaire d’Etat et son collègue de l’Intérieur. Fin juillet, le Canard enchaîné racontait comment celle-ci s’était fait rabrouer par Cazeneuve, après avoir proposé son aide pour mieux « contrôler les réseaux sociaux » :
« On n’a pas attendu pour travailler là-dessus. On n’a pas besoin de tes gadgets. »