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De Cannes à Nice, la verbalisation de plusieurs femmes simplement voilées sur la plage fait polémique
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
BURKINI – La scène se déroule ce mardi 23 août sur la plage de Nice. Une femme est verbalisée par la police pour un simple port de voile. Dans une vidéo que Le HuffPost a pu se procurer, elle engage une discussion avec un policier qui rapporte les consignes émises dans un arrêté municipal en vigueur depuis le 19 août dernier, comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Alors qu’une dizaine de communes françaises ont interdit le burkini sur les plages et que le Conseil d’État va examiner la question ce jeudi 25 août, le tribunal administratif de Nice a validé l’interdiction des tenues de bain islamiques pour éviter des troubles à l’ordre public.
"Je suis toujours venue ici, je n’ai jamais eu de problème", explique calmement la femme voilée au policier. "C’est pour éviter qu’il y ait des problèmes comme en Corse où des gens se sont fait caillasser", répond l'agent qui lui rappelle l’entrée en vigueur à Nice de l’arrêté municipal.
Le texte, qui ne mentionne pas directement le terme "burkini", dispose effectivement que "toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité" est interdite "d’accès aux plages publiques, aux sites de mise à l'eau ainsi qu'à la baignade", et ce jusqu’au 15 septembre prochain.
"On n’a pas le droit d’afficher son appartenance religieuse, continue le policier. Le problème c’est qu’il y a des gens que cela dérange, qui nous appellent. Du coup, ils ont pris un arrêté, les communes du littoral ont fait pareil, comme ça il n’y a pas de problèmes", répète-t-il.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des clichés publiés par le DailyMail de ce qui semble être une nouvelle verbalisation à Cannes ont engendré de nombreuses réactions sur Twitter. Beaucoup d'internautes se sont émus de "l'humiliation" subie par cette femme voilée qui bronzait sur la plage avant que la police ne vienne la voir.
La veille, une première vidéo de verbalisation de femme voilée sur une plage à Nice est devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans cette séquence récupérée et diffusée le soir-même elle aussi par Feiza Ben Mohamed, porte-parole et secrétaire générale de la Fédération des Musulmans du Sud, on peut voir une femme voilée et habillée sortir de l’eau devant deux policiers municipaux. La scène, déjà vue plus de 100.000 fois en moins de 24 heures a également été très partagée.
"C’était autour de 14 heures, raconte la témoin Sarah à BuzzFeed. Plusieurs policiers municipaux se sont adressés à un maître nageur, qui a pointé un groupe de quatre filles, dont une qui portait le voile. Les policiers leur ont demandé de quitter l’eau, et j’ai vu que le policier écrivait sur un papier."
"Une fois que l’interpellation était terminée, je me suis rendue vers elles, rajoute Sarah. La fille voilée était en pleurs et pouvait à peine parler. Sa copine, qui n’était pas voilée, mais portait un t-shirt et un short, a aussi eu un PV. Les deux autres filles, qui portaient des maillots deux-pièces, n’ont pas été verbalisées. Elles sont toutes les quatre parties de la plage. Elles n’avaient même pas la vingtaine."
Des actions en justice à venir?
Ces faits s’ajoutent au témoignage de Siam, une femme voilée verbalisée sur une plage de Cannes le 16 août dernier. Elle a raconté la scène à L’Obs: "La parole raciste s’est totalement libérée. J'étais abasourdie. J’ai entendu des choses que l’on ne m’avait jamais dites en face, comme 'rentrez chez vous!' 'Madame, la loi c’est la loi, on en a marre de ces histoires', 'Ici, on est catholiques!'"
Avec la Fédération des Musulmans du Sud, Feiza Ben Mohamed s’est engagée à retrouver ces jeunes femmes verbalisées à Nice pour les accompagner dans leurs démarches dans le but de contester les procès verbaux.
"C’est très humiliant, mais je ne suis pas sûr qu’elles se manifestent, avoue la secrétaire générale de l’association. Il est hors de question, sous prétexte qu’un tribunal administratif a pris une décision politique d’interdire le burkini et a laissé transparaître son idéologie à travers un jugement, que les musulmans se laissent taper dessus comme cela, lance Feiza Ben Mohamed. Si nous parvenons à les retrouver, ces femmes pourront se constituer partie civile et nous opposerons au juge les principes de liberté de culte, la liberté d’aller et venir et la liberté de conscience."