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Algérie: “Comment sortir de l’impasse libérale, antisociale et antinationale”
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PST
Abdelatif Rebah lors des rencontres-débats du PST. “Comment sortir de l’impasse libérale, antisociale et antinationale est l’intitulé de la conférence débat présentée le jeudi 30 juin 2016, au siège national du PST à Alger, par Abdelatif Rebah, enseignant chercheur en économie et militant de l’ex-PCA, le Parti communiste algérien. Le conférencier a hypnotisé l’assistance qui lui était tout acquise. Dans un silence de cathédrale, les invités du PST tendaient une oreille très attentive à l’exposé de Rebah qui était méthodique et précis. Programmée à 22h jeudi, la conférence, et les débats enflammés qui s’en sont sui- vis, ne s’est achevée qu’après 2h du matin (le vendredi). Une soirée des plus réussies du PST dont les activités ramadanesques ont drainé plein de monde avide de débat et d’échange dans cette conjoncture difficile.
Abdelatif Rebah, économiste, a fait œuvre de déconstruction des politiques et discours libéraux dont l’impasse structurelle entraîne, à ses dires, inexorablement, le pays vers l’apocalypse. «Les libéraux nous disent qu’il n’y a pas de plan B, professe-t-il, que c’est le sentier libéral qui est dans l’impasse et non pas le libéralisme lui-même (…). Ils nous imposent un débat circulaire pour éviter de toucher à l’essentiel et de continuer à agir par parades, par rajouts, par mesures conjoncturelles. Car ce qui se pra- tique aujourd’hui en Algérie n’est rien d’autre qu’une politique de gestion de l’impasse. Le gouverne- ment fait tourner le ballon. Et à trop gérer l’impasse, on risque de perdre aussi bien le ballon que l’Algérie.» Pour Rebah, l’impasse structurelle du choix libéral incite les libéraux algériens à forcer le passage : «La contrainte extérieure est instrumentalisée par le gouvernement.
Elle sert de prétexte à la normalisation, au retour des ces bons samaritains que sont les FMI et Banque mondiale (…). Ce qu’ils nous proposent, c’est de discuter des marges de manœuvre comme s’il pouvait y en avoir dans cette configuration libérale ; le gouvernement demande un autre chèque en blanc or l’impasse est structu- relle et ce que celle-ci nous an- nonce comme scénario catastrophe est pire que la Libye ou la Syrie, c’est la dislocation du tissu social et de cet espace national en forma- tion.» Auteur — entre autres — de Economie algérienne : le développement national contrarié (Inas Editions, 2011), Rebah analysera les «mutations systémiques» opérées et mettra à nu ces «transitions masquées» vers le libéralisme effectuées dans le sang et les larmes.
«Le summum de ces transitions masquées fut atteint durant les années 1990, la décennie noire où un pouvoir de l’ombre, un pouvoir dans l’ombre a piloté un train de transformations libérales.» Aujourd’hui encore, souligne-t-il, il s’agit encore d’achever l’œuvre de « déconstruction » de l’entreprise de développement national. «Parler des réformes chez nous n’est qu’un paravent du Consensus de Washington», appellation donnée à ce corpus de mesures standard pour économie en difficultés prescrites par le FMI et la BM. Puisant profond dans l’histoire, l’universitaire épiloguera sur les limites objectives du mouvement national. «Le PPA, le Parti du peuple algérien a été un parti plébéien, mais ses dirigeants étaient pour la plupart des moyens et/ou de petits propriétaires.» «Et l’Algérie, ajoute-t-il, n’est venue au socialisme qu’à reculons. Et à la mort de Boumediène, son entourage était pressé de démanteler l’option socialiste qui a été et demeure un véritable casse- tête pour eux car seul le socialisme est à même de défendre l’indépendance nationale alors que la mondialisation capitaliste n’offre à l’Etat national que le suicide comme choix.» L’entrave au projet libéral, réitère Rebah, a été l’histoire. «132 ans de colonisation, de libéralisme n’ont pas développé l’Algérie (…)», oppose-t-il en argument massue aux divagations d’un gouvernement Sellal se voulant plus royaliste que le roi. «Et jusqu’à aujourd’hui, l’histoire, Novembre 1954 constituent l’entrave au libéralisme. La force motrice de la libération a été, ne l’oublions pas, la paysannerie. C’est la paysannerie qui a libéré l’Algérie.»