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Nouveau revers électoral pour le parti de Merkel à Berlin
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(Le Monde) Berlin gardera le même maire. Sans surprise, la liste conduite par le social-démocrate Michäel Müller (SPD), un ancien imprimeur qui dirige la ville depuis la démission de Klaus Wowereit (SPD), en 2014, est arrivée en tête des élections organisées, dimanche 18 septembre, dans la ville-Land de Berlin. Avec 21,6 % des voix, le SPD reste donc la première force politique de la capitale allemande, ce qui n’est pas une surprise. En revanche, et c’est sans doute l’un des faits les plus importants de ce dimanche électoral, son poids relatif diminue sensiblement, puisqu’il perd 6,7 points par rapport aux élections de 2011.
Le recul est à peine moindre pour l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Avec 17,6 % des voix (–5,7 points), le parti d’Angela Merkel est le principal perdant du scrutin. Deux semaines après les élections régionales organisées dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, c’est un nouveau revers pour la chancelière allemande : le 4 septembre, dans cette région du nord de l’Allemagneoù Mme Merkel est élue depuis 1990, la CDU était arrivée troisième, avec 19 % des voix, derrière le SPD (30,6 %) et le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD, 20,8 %).
Constitution d’une coalition
A Berlin, le recul de la CDU est certes moins spectaculaire, mais il devrait avoirpour premier effet de faire basculer le parti dans l’opposition. Mi-août, Michaël Müller a en effet annoncé qu’il entendait, en cas de victoire, constituer une nouvelle majorité, et donc mettre un terme à la coalition SPD/CDU qui dirigeait Berlin depuis 2011.
Lire aussi : Elections à Berlin : le score du parti d’extrême droite AfD inquiète
Au vu des résultats et des premières déclarations, l’hypothèse la plus probable devrait donc être la constitution, sous l’égide du SPD, d’une coalition comprenant à la fois les Verts et le parti de gauche radicale die Linke. Dimanche, les deux formations ont fait à peu près jeu égal mais, surprise, die Linke a fait un meilleur score que les Verts (15,6 % contre 15,2 %), dont les zones de force se situent quasi-exclusivement au cœur de la ville (Mitte, Kreuzberg…). Quoi qu’il en soit, la fin de l’alliance SPD/CDU, dans ce lieu symbolique qu’est la capitale fédérale, n’est pas une bonne nouvelle pour Mme Merkel, qui dirige elle-même un gouvernement de coalition avec le SPD.
Valeur symbolique particulière
Avec 14,2 % des voix, l’AfD obtient certes un résultat inférieur aux derniers sondages, qui la créditaient de 15 % des voix. Mais, pour ce parti qui n’a été fondé qu’en 2013, ce score est un grand succès. Sa tête de liste à Berlin, Georg Pazderski, un ancien officier de 64 ans, n’a pas manqué de le faire remarquer.« Nous sommes passés de zéro à un résultat à deux chiffres », a-t-il ainsi déclaré, dès l’annonce des premiers chiffres, peu après 18 heures.
Pour l’AfD, ce résultat a d’ores et déjà une valeur symbolique particulière. Il montre d’abord que ce parti n’est pas seulement celui des territoires périphériques de l’ancienne Allemagne de l’Est, mais qu’il dispose d’une vraie audience dans la ville, Berlin, qui, plus que tout autre en Allemagne, symbolise l’ouverture au monde, le multiculturalisme et la tolérance. Il va permettre ensuite au parti de siéger dans différents conseils d’arrondissement, notamment dans trois quartiers pauvres de l’ancien Berlin-Est (Lichtenberg, Marzahn-Hellersdorf et Treptow-Köpenick), et donc à ses élus d’obtenir sans doute quelques postes de maires adjoints (le nombre est encore incertain). Pour une formation politique en quête de crédibilité, et dont l’objectif est à terme de gouverner, c’est là un point essentiel.
Lire aussi : A Berlin, des milliers de manifestants protestent contre le projet d’accord de libre-échange
Les limites de la mobilisation contre l’extrême droite
Mais le succès de l’AfD souligne aussi les limites de la très forte mobilisation contre l’extrême droite, telle qu’elle s’est exprimée par différents canaux dans les derniers jours avant le vote. A ce titre, il pose la question de l’efficacité d’une telle mobilisation, quand celle-ci se manifeste principalement par la dénonciation du danger « fasciste », argument utilisé notamment par Michaël Müller qui, à trois jours du scrutin, avait comparé l’AfD aux nazis sur sa page Facebook :
« 10 % ou 14 % pour l’AfD, est-ce sans importance ? Non. Ce serait perçu dans le monde entier comme le signe du retour de l’extrême droite et des nazis en Allemagne. Berlin n’est pas n’importe quelle ville. Berlin est une ville qui, de capitale de Hitler et de l’Allemagne nazie, est devenue un phare de la liberté, de la tolérance, de la diversité et de la cohésion sociale ».
Certes, la percée de l’extrême droite traduit sans doute la sensibilité d’une partie de l’opinion à des thèmes qui occupent aujourd’hui le devant de l’actualité en Allemagne, comme ailleurs en Europe (immigration, terrorisme, identité). Mais elle s’inscrit aussi dans un mouvement plus général, dont le scrutin organisé à Berlin est un symptôme éclatant, qui a pour principales victimes les partis au pouvoir et pour principaux bénéficiaires les partis qui n’y participaient pas.
Cela s’est vu ce dimanche, avec la progression importante de die Linke, qui gagne 4 points par rapport à 2011, mais aussi à travers le score du parti libéral FDP, qui dépasse la barre des 6 % des voix (+ 4 %) et fait ainsi son retour au parlement régional, dont il avait été chassé en 2011, faute d’avoir obtenu les 5 % nécessaires pour y siéger.