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Sept millions de Français ont besoin des autres pour se déplacer
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
16% des personnes âgées de 56 à 74 ans et 44% des plus de 75 ans ont du mal à se déplacer au quotidien. C'est le résultat d'une étude conduite par le Laboratoire de la Mobilité inclusive.
Il y a quelques années, une étude de l'Insee estimait que 1.200.000 personnes seraient dépendantes en 2040. Aujourd'hui, un Français sur quatre à plus de 60 ans. Et d'après le baromètre de la dépendance 2016, réalisé par TNS Sofres, un individu sur trois a parmi ses proches une personne concernée . «7 millions de citoyens, autrement dit 20 % de la population active, ont des difficultés à se déplacer. Ces personnes ont besoin des autres au quotidien, que ce soit pour aller travailler, participer à une activité, ou rendre visite à des proches», déplore Florence Gilbert, présidente du Laboratoire de la Mobilité inclusive. Un nom un peu barbare, pour désigner un collectif qui rassemble plusieurs institutions publiques et privées, sensibilisées à la problématique de la mobilité des séniors. Jeudi, sa dernière étude sur la question sera présentée au public. Avec ces nouvelles données chiffrées, le collectif espère alerter les pouvoirs publics sur la question de la dépendance.
5% utilisent les transports en commun
«Nous sommes en train de créer un monde dans lequel chacun ne sera pas libre de ses déplacements. Certaines personnes vont jusqu'à éviter des rendez-vous médicaux, pour éviter de devoir sortir», explique la présidente au Figaro. Cela va dela dame handicapée «coincée» au cinquième étage sans ascenseur, au monsieur qui ne prendra pas le bus car le conducteur est trop brutal dans sa manière de conduire. «Aujourd'hui, seuls 5% des plus de 65 ans utilisent les transports en commun, analyse-t-elle. Et concernant les plus de 60 ans, c'est le niveau de vie qui influe le plus sur leur mobilité: 36% des plus fragiles renoncent à se déplacer contre 13% pour les plus aisés».
Face à ces écueils, le Laboratoire de la Mobilité inclusive mise sur la prévention. Une partie de l'étude s'intéresse aux futurs seniors, à la manière dont ils perçoivent leur future mobilité. «On s'est rendus compte qu'aucun d'entre eux n'a conscience des problèmes qu'ils risquent de rencontrer», observe Hugo Baillet, consultant senior en influence et innovation digitale. Effectivement, 21% des futurs seniors n'ont jamais réfléchi à la question, 32% d'entre eux anticipent un report sur les transports en commun, et 31% le renoncement aux déplacements. «En France, on crée les moyens de transports pour la masse, pour qu'un maximum de personnes puisse les utiliser, et cela au détriment des populations en difficulté, renchérit la présidente. Pourtant, avec la croissance démographique, il sera bientôt trop tard pour répondre aux besoins de chacun...»
25 structures en France
Pour y répondre, le laboratoire s'évertue à mettre en place des dispositifs de formation pour les particuliers. Entre autres choses, ils leur apprennent à maîtriser les services proposés via Internet, les transports en commun, le vélo ou encore le co-voiturage. «Notre objectif, c'est de cerner à quelles difficultés ils sont confrontés, puis de leur proposer des solutions, que l'on testera ensemble, explique Florence Gilbert. Mais surtout de s'implanter davantage dans les territoires ruraux, souvent privés de projets expérimentaux pour des raisons financières». Aujourd'hui, 25 structures sont présentes en France, et permettent d'accompagner 10.000 personnes. Un diagnostic d'une heure leur est proposé, «pour étudier leurs problématiques financières, physiques et cognitives». Ensuite, est mis en place un parcours «personnalisé» vers l'autonomie. «La mobilité durable, c'est quelque chose d'extraordinaire, qui favorise le développement économique, résume Florence Gilbert. C'est aussi un enjeu de santé publique. La capacité d'accueil des Ehpad est insuffisante aujourd'hui. Si l'on permettait à chacun de garder son indépendance, beaucoup pourraient rester à domicile».