Agenda militant
Actualités et analyses
![S’abonner au flux RSS [RSS]](images/rss.jpg)
- Roubini: Une stagflation prochaine ? (18/04)
- Lucas Chancel: "Il faut un impôt sur la fortune avec un malus sur le carbone" (18/04)
- Morts du Covid-19: la pauvreté, une comorbidité sous-estimée (18/04)
- Sur le désespoir avec “L’espoir en commun” de David Graeber (18/04)
- Conférence de presse de "Occitanie populaire" (LFI-NPA-GDS) (18/04)
- Pays-de-la-Loire: LFI réinvente « l’union de la gauche » derrière un ex-macroniste (18/04)
- HK - Danser encore (17/04)
- Lutte contre la réforme chômage (17/04)
- Élections au Pérou : la gauche au 2nd tour et les défis à venir (17/04)
- 113e vendredi de protestation nationale : Hirakistes malgré la pluie (17/04)
- Il y a 40 ans, le premier gouvernement de François Mitterrand (17/04)
- Occitanie: Le NPA rejoint La France insoumise pour les élections régionales (17/04)
- Covid-19: 100 000 morts et un nouvel échec de Macron (17/04)
- La vie et rien d’autre du regretté Bertrand Tavernier (17/04)
- Denis Collin: Changement de période historique (16/04)
- Réforme chômage: Construire dès maintenant le 23 avril (16/04)
- Mort de Thomas Sankara : La France complice ? (16/04)
- Une coopérative boulangère repense la notion de rémunération (16/04)
- L’Intelligence Artificielle peut-elle penser? (16/04)
- Anticapitalistes, comment rebondir ? (16/04)
- Deux-Sèvres: cacophonie au PCF à l’approche des élections régionales (16/04)
- Calais, Grande-Synthe: chiffrer les violences d’État faites aux exilés (16/04)
- Convention pour le climat: seules 10 % des propositions ont été reprises par le gouvernement (16/04)
- "Personne ne peut imaginer les humiliations que ces jeunes subissent dès qu’ils arrivent en France" (16/04)
- Ruffin: Leur progrès et le nôtre (16/04)
- Algérie. Pour l’élection d’une assemblée constituante souveraine (15/04)
- Sophie Eustache : BFM TV, CNews, LCI… Les fléaux de l’information (15/04)
- Chambéry. La co-secrétaire de Solidaires en garde à vue pour une pancarte ! (15/04)
- # ShowMustGoOn - Flashmob pour la culture à l’Odéon (15/04)
- Brune Poirson: l’assistanat en Macronie (15/04)
- 72 jours qui ébranlèrent la France : la Commune de Paris (15/04)
- Comment les riches achètent les élections (15/04)
- Le Maire annonce qu’une "partie" de la dette de certaines entreprises pourrait être annulée (15/04)
- Christophe Guilluy : "Les gens ordinaires peuvent renverser la table" (15/04)
- Pérou. Qui est Pedro Castillo, cet enseignant qui a créé la surprise aux présidentielles ? (15/04)
- La résistible destruction de l’assurance chômage (15/04)
- Théâtres occupés : pas d’essoufflement après un mois de lutte (15/04)
- Réorganiser le travail ? À nous de décider, pas aux patrons ! (14/04)
- La Commune, hier et aujourd’hui : récits militants (14/04)
- Agriculture et climat : c’est maintenant que tout se joue (14/04)
Liens
- Notre page FaceBook
-
- NPA Commercy (Meuse)
- NPA Auxerre
- Démosphère (Paris, IdF)
- Groupe de travail économie du NPA
- Le blog de Jean-marc B
- CGT Goodyear
- Démocratie Révolutionnaire
- Fraction l'Étincelle
- La portion congrue
- Anticapitalisme & Révolution
- Révolution Permanente (courant CCR)
- Ex-Groupe CRI
- Poutou 2017
- Librairie «la Brèche»
- Secteur jeune du NPA
Un homme est mort sous les balles de la Police
Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://paris-luttes.info/un-homme-est-mort-sous-les-balles-7104
Le vendredi 2 septembre 2016, un homme est mort sous les balles des forces de l’ordre. Cet homme était suivi par un des secteurs psychiatriques du Val-de-Marne. Une visite à domicile par l’équipe soignante visait à le ré-hospitaliser. En difficulté face à l’agitation de ce patient, l’équipe soignante a appelé la police en renfort. C’est par voie de presse que nous avons appris sa mort. Retour critique sur un drame trop peu relayé.
Fait regrettable, un tel drame n’a été que très peu relayé. Fait encore plus regrettable, quand un organe de presse s’en charge [1], c’est pour alimenter les peurs et nourrir les fantasmes en stigmatisant le malade comme « agresseur » alors qu’il s’agit avant tout d’une personne vulnérable, avant même d’être victime des balles de la police. Cette formulation réactualise outrageusement le mythe du « fou dangereux ».
Nous n’avons eu que très peu d’éléments contextuels, mais cela doit-il pour autant nous empêcher de penser ?
Les deux infirmières et les deux équipes de police intervenues ce vendredi chez un malade psychiatrique de Vincennes ne sont pas près d’oublier la scène à laquelle ils ont assisté. Une violente agression qui s’est soldée par une policière blessée et l’agresseur abattu.
Vers 11 heures, les deux infirmières qui viennent donner son traitement à cet homme de 29 ans se heurtent à son refus. Appelés en renfort, les équipages de police de Vincennes et de Fontenay le trouvent retranché dans une pièce, un couteau de cuisine de 30 cm de long en sa possession. Quand la police lui intime l’ordre de sortir, l’homme finit par le faire, mais il fonce alors vers une policière, brigadier-chef de Vincennes et lui donne un coup de couteau à la nuque. Devant cet accès de violence soudain, la policière agressée et l’un de ses collègues tirent sur lui. Malgré les premiers soins prodigués, il décède peu après. La policière blessée est évacuée par les pompiers à l’hôpital Bégin. Sa plaie ne semble pas grave, mais elle est, de l’aveu de ses collègues sur place, « extrêmement choquée. » « Tout s’est passé tellement vite, raconte le gérant de l’auto-école située au pied de l’immeuble. Le temps de voir les policiers arriver en courant, j’ai entendu les trois coups de feux. C’est terrible parce qu’on ne sait pas ce qui se passe. J’envisageais déjà comment m’enfuir s’il s’agissait d’une attaque terroriste.
Le Parisien du vendredi 2 septembre 2016.
Que sa mort soit traitée médiatiquement comme un banal fait divers qui figurerait dans la rubrique « chien écrasé » nous affliges, sans que pour autant nous soyons étonné-e-s. Nous nous sommes ainsi réuni-e-s [2] pour tenter de restituer la part d’humanité qui lui a été honteusement retiré. Et d’une certaine manière, nous nous sentons responsables devant un tel drame. « Responsables non pas des victimes mais devant les victimes » comme le disaient Deleuze et Guattari.
L’article en question véhicule un discours sécuritaire et une hiérarchisation cynique des humains. Alors que les blessures « pas graves » de la policière retiennent toute la compassion des « journalistes » [3], la personne du malade elle, n’existe pas, elle est tue. Nous ne retiendrons d’elle que le mot « violence ». Peu importe le drame éthique que représente cette réification de l’humain, dont la subjectivité est niée, disqualifiée. Ici le malade n’est plus considéré comme une personne, faite de son histoire, de son vécu, traversée par des mouvements psychiques complexes, qu’il faut se donner le temps d’analyser pour comprendre, mettre en sens, mais bien comme un anormal qui ne se conforme pas à la « norme ».
Un homme est mort sous les balles des forces de l’ordre. Il n’était pas armé d’une arme à feu mais d’un couteau. Vaut-il la peine de convoquer cette nuance ? Vaut-il la peine de souligner que de telles situations sont toujours extrêmement complexes et qu’il n’y a pas de réponse univoque pour les traiter ?
Ce n’est pas uniquement par intuition ou par un quelconque humanisme moral mal dégrossi que nous défendons ces positions, mais bien précisément parce que nous sommes traversés au quotidien par ces questions, dans nos métiers et au travers de nos propres histoires. Nous gardons - et c’est sûrement pour cela que nous nous retrouvons autour de cette commission - cette fragilité, cette imperfection, seules à même de laisser de la place à de l’autre en nous. Nous revendiquons ce déséquilibre permanent.
Nous sommes touché-e-s en plein cœur lorsque nous apprenons qu’un patient à été tué par la police, un « malade psychiatrique ». Et parce qu’il était « malade psychiatrique », nous savons ô combien il devait se trouver dans une grande souffrance, pris par ses angoisses, et dans une colère extrême face à cette intrusion dans son domicile. Colère qui trouve sûrement un sens à qui veut bien l’écouter… Il aurait pu en être autrement.
Cette tragédie nous oblige à affronter a minima quatre questions. Celle de l’impact des « hospitalisations sous contrainte » et des « programmes de soins » protocolaires. Celle de l’intrication des soins et des forces de l’ordre. Celle de la destruction du service public hospitalier organisée par les politiques au pouvoir. Et enfin, la question de la criminalisation des personnes en souffrance psychique et de la dérive sécuritaire qu’ils subissent.
Il nous semble plus que jamais urgent de discuter collectivement de ces questions. Et pas seulement dans des commissions comme la nôtre, mais aussi au sein même de l’hôpital, et avec l’ensemble de celles et ceux qui sont concernés par ces questions.
Nous sommes déjà au travail pour proposer une publication plus longue qui développera ces questions et leurs corollaires et nous réfléchissons aux actions à mener. Nous sommes ouverts aux contributions et témoignages.
La Commission Psy, Soins et Accueil.
Contact : psysoinsaccueil@riseup.net
Blog : psysoinsaccueil.canalblog.com
Nous organisons des AG ouvertes à tou-tes-s. Pour venir il faut regarder sur le blog et/ou s’inscrire à la newsletter sur ce même blog.
P.-S.
Depuis que nous avons publié ce texte sut notre blog et à notre réseau, des gens nous envoient des infos relatant des faits similaires :
Un collectif "Vérité et Justice pour Babacar Gueye" de Rennes organise une marche le 3 décembre prochain. Voici le site qui explique ce qui s’est passé :https://justicepourbabacar.wordpress.com/
Un autre article de presse du même acabit que celui du parisien :http://www.larepublique77.fr/2016/08/02/forcene/
Et d’autres...
Notes
[1] Le Parisien
[2] Autour de la Commission Psy Soins Accueil
[3] Laure Parny avec Corinne Nèves.