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Pierre Salvaing - Ce que je sais de ce que fut l’OCI

Lien publiée le 27 novembre 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

DOCUMENT A LIRE ICI : http://www.luttedeclasse.org/dossier44/oci_112016.pdf

http://www.anti-k.org/2016/11/26/ce-que-je-sais-que-fut-loci-livre-temoignage-de-420-p/#.WDolmvl_NBe

Voici comment Pierre Salvaing se présente:

« J’ai milité à l’OCI, puis à ce qui s’est appelé le PCI à partir de 1968, durant plus de vingt ans. J’avais commencé à militer très activement au C.L.E.R. (Comité de Liaison des Etudiants Révolutionnaires) et aux groupes Révoltes quelques mois seulement après mon arrivée à Paris en septembre 1965, où j’étais étudiant en Sorbonne : le 12 février 1966, j’ai demandé à Claude Chisserey, qui dirigeait alors tout le secteur « jeune », de faire partie du CLER. J’étais alors dans ma vingtième année.

Par la suite, après mon départ volontaire du PCI en juin 1989, après quelques années de flottements, de recherches, de discussions et de combats politiques, j’ai été coopté en 1992 au Comité construit et dirigé par Stéphane Just. Après la mort de Stéphane Just, le 12 août 1997, j’ai continué de militer dans un Comité qui a aussitôt commencé à éclater, à se diviser, à se combattre férocement. J’ai participé à la direction d’un petit noyau intitulé Regroupement pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire et de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire entre 2002 et 2005. Je l’ai quitté en septembre 2005, non par désaccord, mais parce que j’étais épuisé physiquement et psychiquement par un combat dont je ne voyais pas l’issue positive.

Ce n’est qu’à la fin de 2014 que je me suis senti avoir reconstitué assez de forces pour tenter d’élucider les raisons pour lesquelles le combat entamé par l’OCI avait été un échec. »

TABLE

Introduction

Première partie : Analyses justes, pronostics faux

1 – Une erreur de rythme jamais corrigée : les Thèses de 1972-1973

2 – 1968-1981 : Les Congrès de l’OCI et La Vérité annoncent la tempête

3 – La situation française à partir de 1968

4 – Le Chili entre 1971 et 1973- La Bolivie

5- Europe et Amérique

6- La révolution portugaise
7- Autre pronostic discutable : l’Espagne

8- Italie, Grande-Bretagne, Allemagne…
9- Qu’est devenue la révolution iranienne ?

10- Nicaragua

11- Qu’est devenue la Révolution politique ?

Deuxième partie : L’O.C.I. aux prises avec sa construction

12- L’hypothèse de la Ligue Ouvrière révolutionnaire

13- L’alternative de la L.O.R est envisagée

14- Au commencement étaient les principes : le centralisme démocratique

15- 1973, Année Varga

16- L’organisation de jeunesse, moteur de la construction de l’O.C.I.

Annexe : Rencontres avec d’anciens dirigeants étudiants à 115
17- 1977-1978 : La marche à la crise
Annexe : Rapport Sorel sur l’organisation

18- 1979 : L’affaire Berg, affaire OCI
19- 1979 (suite) Pierre Lambert face au Comité central – La mise au pas de l’O.C.I.
Annexe : Le cas de la Corrèze

20- 1980 : Lumières et ombres sur la marche en avant à 177
Annexe : 1980 – La question des cotisations

21- L’OCI, l’UNEF-id et 1981

Troisième partie : Le basculement

Annexe : Deux lettres de mlilitantes étudiantes p.192-193

22- 1981 : Le grand tournant
23- L’OCI de 1981 et celle de 1974
Annexe : Ce qu’en écrivait Stéphane Just en 1984

24- L’après Mai-Juin 1981 : L’OCI comme conseiller spécial de Mitterrand

25- Décembre 1981 : La fausse proclamation du Parti Communiste Internationaliste

26- 1982 : Les laborieux débuts du P.C.I.

27- La question de la laïcité, comme cheval de Troie dès le PCI proclamé

28- Laïcité (suite) et contribution à la destruction de la FEN

Annexes : Deux exemples d’ « indépendance réciproque » PCI-syndicats (F.O.)

Quatrième partie : vers la liquidation

29 – Comment est né le MPPT ou Comment est mort le PCI

Annexe : Stéphane Just à propos de la démocratie

30- 1984 : Orwell avait raison

dont Annexe : Lettre de l’ex-camarade Mazel à 336

31 – Les premiers pas du MPPT

32- 1986 : Extinction définitive de la Flamme de la révolution prolétarienne

Conclusion

Extrait de la conclusion de l’ouvrage:

« L’OCI s’était constituée sur ce qu’elle affirmait prendre comme modèle : le parti bolchevik de Lénine et Trotsky. Aujourd’hui, d’anciens militants affirment leur rejet général du parti bolchevik au regard de ce qu’ils ont vécu dans l’OCI.
Mais si l’OCI avait fonctionné comme le parti qu’elle prenait pour modèle -et que ses dirigeants avaient sans cesse à la bouche- et dont il n’est pas en rien certain qu’il soit un modèle général et éternel, il est absolument certain que la discussion y aurait été infiniment plus libre, et que des questions aussi essentielles que celle sur la nature et la délimitation de la période historique dans laquelle se construisait l’organisation n’auraient pas manqué de donner lieu à des discussions contradictoires, polémiques, en tout cas enrichissantes. Les erreurs d’appréciation, de pronostic, auraient-elles pu pour autant être corrigées ? C’était en tout cas le meilleur, et même le seul moyen d’y parvenir.

C’est pourquoi je me suis efforcé de rechercher et de comprendre les causes de ce qu’il faut bien appeler une limitation invisible mais redoutablement efficace de la libre discussion dans l’organisation.

Il suffit de lire les comptes rendus des comités centraux du parti bolchevik dans les mois précédant la révolution d’Octobre, de les confronter à ceux des comités centraux et bureaux politiques de l’OCI durant ces années soixante-dix, et a fortiori quatre-vingts, dont j’ai cité de nombreux extraits, pour mesurer l’écart considérable qui séparait le fonctionnement des deux organisations et faisait de la seconde une sorte de caricature de la première, au moins dans le domaine de son fonctionnement interne. Invariablement, les citations en fourmillent au long de ces pages, les rapports politiques ouvrant les congrès de l’OCI auxquels j’ai participé durant ces années commençaient par le constat ‘’irréfutable’’ que les événements confirmaient de manière éclatante les analyses et l’orientation définis. Dès lors, la discussion politique sur la situation était évacuée, le reste était délimité dans un cadre rétréci d’où il fallait être bien hardi pour tenter de s’évader. En tout cas, c’est ce qui établit le lien organique entre l’intervention de l’OCI dans la lutte des classes et son fonctionnement.

La crise ouverte, traversée actuellement par les derniers avatars de l’OCI, CCI/TCI, n’est que la répétition et la conséquence d’un état de fait établi depuis des décennies : la très grande difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, d’ouvrir une discussion contradictoire, pouvant même conduire à des courants, à des tendances, voire à des fractions. Cette possibilité ne pouvait voir le jour que si l’éventail entier des discussions avait été ouvert, comprenant donc l’appréciation de la situation générale.

De ce point de vue, la fonction politique interne des Thèses adoptées au XVIIème congrès de l’OCI, en 1972 fut de fermer toute discussion, toute remise en cause de l’analyse de la situation politique générale. Ce qui aurait dû constituer une base de réflexion d’une grande richesse s’est transformé en bâillon.

Il suffit de considérer que, dans une période analysée par cette l’OCI comme ouvrant sur les plus larges événements révolutionnaires, où le bouillonnement des idées, des opinions, aurait dû exister naturellement à l’intérieur de l’organisation, très contradictoirement jamais des divergences sérieuses ne parvinrent à voir le jour sur ces questions de fond (comme sur d’autres), sinon celles qui menèrent systématiquement à soupçon, condamnation, et exclusion comme agents de tel ou tel ennemi. Dans les congrès, les résolutions générales portant sur l’analyse de la situation étaient régulièrement votées à l’unanimité, après le constat tout aussi unanime que le déroulement des événements avait confirmé de manière éclatante la justesse de nos analyses.

Pourtant la direction de l’OCI eut conscience de ces questions, incontestablement. Dès son XIVème congrès, en 1965, le petit groupe qu’était alors l’OCI posait déjà en termes clairs la nécessité du passage du groupe à l’organisation. La croissance importante que connut l’OCI dans les années 70, et qui en fit réellement une organisation de taille respectable (et respectée), ne permit cependant pas que le problème soit résolu et surmonté, que ce passage soit effectué.

L’OCI resta obstinément dirigée par un seul homme, Pierre Lambert, pour le meilleur puis pour le pire.

Une véritable et consciente trahison

Pour moi, il ne fait aucun doute que Pierre Lambert a trahi consciemment la politique de l’organisation qu’il avait pourtant contribué pendant tant d’années, et à la première place, à construire. Cette trahison est la conséquence d’un échec : la construction d’une véritable direction, d’une direction collective à la tête de l’OCI. C’est l’illustration, une de plus, de la célèbre formule du programme de transition à propos de la crise de l’humanité.

A partir d’un certain moment du processus d’échec, Lambert a décidé de gouverner seul et d’éliminer ceux qui auraient pu partager sa direction : il avait déjà sans doute trop à dissimuler de son mode de fonctionnement politique personnel, en arrivant à le confondre avec son mode de vie.

Cet isolement volontaire l’a rendu éminemment fragile, et avec lui toute l’organisation : à un moment assez crucial de la situation française, où la force acquise de l’organisation aurait pu lui faire jouer un rôle important, voire décisif, en 1981, cette fragilité déjà grandissante depuis quelques années est devenue fracture, rupture. D’autant que cette force acquise avait des répercussions à l’internationale, il suffit de considérer le rôle tenu par l’OCI-PCI dans les développements de la révolution polonaise.

Il n’est pas difficile, partant de là, d’imaginer quelles forces sociales ont joué concrètement pour faire basculer Lambert. Pressions, menaces, chantages, conseils d’“amis“ bureaucrates, n’ont pas dû manquer, dont il était impossible à Lambert de faire part à son organisation.

Pour clore…

A y avoir ainsi plongé dans le cours tumultueux de ses années, les méandres de ses textes, les catastrophes de ses chutes, l’égarement de ses bras, on voit que le rivière OCI n’a pas atteint la mer (je m’autorise cette seule métaphore parce que c’est la fin de ce travail). Ce ne sont pourtant pas des réflexions sentimentales que m’occupent en terminant : c’est la suite, ce qui vient. L’entreprise si valeureuse, entamée à une cinquantaine vers le milieu des années 1950, a échoué, la IVème Internationale est définitivement morte. Et la disparition de la perspective de la révolution politique oblige à considérer que le Programme de transition de 1938 demande certains aménagements d‘importance.

Une Internationale ouvrière révolutionnaire demeure plus que jamais nécessaire, et à mes yeux la seule issue possible pour la survie de l’humanité. Celle-ci paraît à brève échéance sérieusement menacée. Il me paraît douteux, voire impossible, que la future Internationale, pour peu qu’elle ait le temps de se former, ressemble formellement à ce que fut le parti victorieux de la révolution d’octobre et le fonctionnement qu’il impulsa internationalement.

Ce qui a permis, au début des années 60, à l’OCI de sortir de ce tout petit groupement de militants rescapés, c’est la jeunesse. Quand la direction de l’OCI-PCI sacrifia sa jeunesse, à commencer par sa jeunesse étudiante, au profit de manœuvres d’appareil et de combinaisons dites politiques, elle se condamnait avec certitude.

La prise de l’UNEF engagea ce sacrifice dès 1971, mais c’était alors une nécessité impérieuse, totalement justifiée. Par la suite, la direction de l’OCI fit de cette nécessité vice. C’est pourquoi la direction jeune n’est pas directement responsable de la corruption politique (et matérielle pour certains) où une grande partie d’entre elle sombra.

Le petit groupe qui survécut de la crise pabliste des années cinquante dut une grande part de sa survie aux alliances que Lambert sut passer avec des morceaux d’appareil, notamment dans Force Ouvrière. Sans quoi il aurait été écrasé à la fois par l’appareil stalinien, le Secrétariat unifié, et les pressions de l’ensemble de la société bourgeoise. Alexandre Hébert, et sa région nantaise, furent très probablement le vecteur central de ce sauvetage. Cela s’est retourné ensuite dans son contraire : on ne laisse pas dans le corps d’un opéré les instruments, corps étrangers, qui ont servi à le sauver.

Peut-être que, pour n’avoir pas su rompre avec des méthodes qui avaient été nécessaires à une époque donnée, la direction de l’OCI, ramenée à Lambert, s’est empêchée de résoudre le problème, capital au sens propre, de l’évolution nécessaire de son organisation : la construction d’une véritable direction.

Il y a eu hésitation (durant des années), puis décision, décision d’isolement (durant d’autres années, de la décision à la réalisation), puis de destruction (accélérée).

De même, dans les années soixante, l’OCI, pour résister à la terreur politique instaurée par l’appareil stalinien, dut se muscler et faire un usage politique de la force physique.

Par la suite, cet usage fut souvent dénaturé, jusqu’à servir dans et contre ses propres rangs. C’est pourquoi aussi certains appareils –surtout celui de F.O.- s’en louèrent et louèrent ses services, qui peuvent se prolonger encore aujourd’hui.

L’histoire de l’OCI-PCI est donc à bien des égards celle d’une corruption. Je n’entends pas ici ce terme dans le sens qu’il a pris aujourd’hui, celui de la corruption matérielle. Je pense à la corruption des métaux, à leur oxydation.

L’OCI-PCI s’est oxydée pour n’avoir pas su construire son revêtement protecteur, sa direction collective, sa véritable liberté d’élaboration et de discussion, sa véritable démocratie interne. Elle s’est corrompue par la tête. »

Intégralité de l’ouvrage ici