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    Fidel Castro et son apport dans l’histoire

    Cuba

    Lien publiée le 28 novembre 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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    Fidel Castro a occupé un espace central dans l’histoire politique de la seconde moitié du XXe siècle. Il a été la tête et la voix de l’unique révolution socialiste triomphante en Amérique Latine. Pour beaucoup, il symbolise la résistance face à l’impérialisme. Il fut le leader d’une bureaucratie qui dirige aujourd’hui le processus de restauration capitaliste.

    Facundo Aguirre

    Fidel est une légende, un véritable mythe qui a engendré une véritable vénération de plus d’une génération de militants de gauche. C’est aussi la haine viscérale des gouvernements Nord-américain et la contre-révolution cubaine exilée à Miami. Castro a survécu à plus de 600 attentats orchestrés par la CIA.

    Fidel a survécu à l’attaque à Moncada en 1953 en défiant les juges : « Me condamner, peu importe, l’histoire m’acquittera ». En 1956, l’historique débarquement à bord Granma était un élément d’un plan insurrectionnel avorté. Il a combattu aux côtés d’Ernesto Che Guevara et Camilli Cienfuegos, depuis les entrailles de la Sierra Maestra contre la brutale dictature de Fulgencio Batista. Par cette lutte, il a réussi à gagner l’appui des guajiros, mais aussi la sympathie de la presse impérialiste qui voyait ces « barbus » de la Sierra comme les héros de la liberté. Un des moments les plus symboliques de la révolution fut l’entrée de Fidel Castro à la Havane en janvier 1959 incarnant la tête de l’armée rebelle qui réussit à prendre la capitale du pays grâce à la grève générale qui a vaincu les dernières manœuvres du régime de Batista voulant empêcher la victoire des masses.

    Fidel a été un démocrate bourgeois qui s’est vu contraint de mettre en avant un programme socialiste. Dans les premiers jours de la révolution, Fidel Castro s’est efforcé de maintenir la bourgeoisie à l’intérieur du gouvernement affirmant que « cette révolution est verte comme les palmiers ». Face à l’abandon rapide de la bourgeoisie et les tentatives de l’impérialisme de mettre fin à la Révolution, Fidel fut la figure de la « révolution de contrecoup d’Etat » comme le définissait Che Guevara. La révolution a liquidé l’armée bourgeoise et l’a remplacée par les milices de l’armée rebelle composée de manœuvres ruraux, ouvriers et paysans qui accompagnèrent le nouveau pouvoir et composèrent la force sociale poussant la radicalisation du processus révolutionnaire par l’expropriation de la bourgeoisie et des propriétaires terriens.

    Cuba a montré que la victoire des masses ouvrières et paysannes était possible et que la lutte la lutte pour la terre et l’indépendance nationale ne pouvait triompher que par le programme et les méthodes de la révolution socialiste.

    Fidel, el Che et la révolution ont rempli le cœur des masses du continent sud-américain. Fidel s’est érigé en icone de toute une génération de militants de gauche, qui voyaient l’exemple de la Sierra Maestra et la méthode de la guérilla une voie pour vaincre l’impérialisme en Amérique Latine. Une lecture erronée et une conception bureaucratique, incarnée par le castrisme, d’un profond processus social dans lequel les masses ont été les véritables protagonistes. Une authentique tragédie stratégique qui a conduit à la défaite de ceux qui ont tenté la voie de la guérilla isolée, sans donner une valeur combative au mouvement réel des masses.

    En janvier 1961 les Etats-Unis ont rompu les relations officielles et en avril ont organisé la tentative d’invasion des exilés cubains (qui furent alors appelés gusanos - les vers - par le peuple cubain), armés par la CIA, à Bahia de los Cochinos. Les milices populaires ont mis en échec cette tentative d’incursion en quelques jours et le caractère socialiste de la révolution fut proclamé.

    Fidel fut le dirigeant de ce régime bonapartiste qui a bloqué le surgissement d’organes d’auto-organisation des ouvriers et paysans et a concentré le pouvoir en un parti unique. Avec le temps, le nouveau régime cubain a étouffé petit à petit les libertés politiques que toute révolution authentique a besoin pour se développer. L’alliance avec l’URSS est devenue plus étroite et avec elle la lumière qui a irradié la révolution cubaine s’est assombrie.

    La persécution des homosexuels pour imposer une morale bureaucratique calquée sur les préjugés patriarcaux du capitalisme, a montré le caractère d’oppresseur de la bureaucratie au pouvoir. Fidel a appuyé la répression de l’armée rouge qui a écrasé dans le sang le Printemps de Prague en 1968 et a joué un rôle important dans l’appui du gouvernement d’Unité Populaire au Chili qui a incarné la « voie pacifique au socialisme ». Une conclusion opposée à celle de la Révolution cubaine qui avait démontré la nécessité de défaire les forces répressives et militaires de l’Etat bourgeois pour remporter la victoire.

    Dans les années obscures des dictatures de Cône Sud, Cuba a été un sanctuaire pour les milliers d’exilés. Cependant, la politique internationale du castrisme, alignée à celle du Kremlin, n’a jamais dénoncé la dictature génocidaire en Argentine, laquelle approvisionnait l’URSS en matières premières.

    En 1980, la révolution a vécu une de ses crises les plus importantes. Après qu’un groupe de cubains ont tenté d’entrer par la force dans l’Ambassade péruvienne pour demander l’asile politique, Fidel a permis la sortie de milliers de cubains d’embarquer jusque Miami. Une crise s’est ouverte pour l’administration des Etats-Unis de Jimmy Carter.

    Durant la révolution au Nicaragua, Cuba a été un appui essentiel du FSLN. Fidel a signalé aux dirigeants sandinistes que « le Nicaragua ne doit pas être un nouveau Cuba ». La révolution nicaraguayenne a été défaite en 1990, par la restauration au pouvoir du représentant de la bourgeoisie contre-révolutionnaire, Violeta Chamorro.
    Fidel Castro fut l’ultime survivant d’un monde qui a cessé d’exister en 1989, quand les régimes mal-nommés du « socialisme réel » se sont effondrés comme des châteaux de carte et que la période de restauration capitaliste s’est ouverte. Lors de ces événements, Fidel s’est rangé du côté de la bureaucratie soviétique des pays de l’Est de l’Europe. En 1981, il avait appuyé le coup d’Etat du général Jaruzelski en Pologne qui écrasait le mouvement ouvrier organisé autour du syndicat Solidarnosc. En 1989, il a défendu le régime de la Stasi (police secrète) d’Allemagne de l’Est incarnée par Erich Honecker. La révolution cubaine ne tenait plus qu’à un fil depuis la chute de son principal soutien économique, l’URSS, éclatée en morceaux, laissant l’île sans plus aucune aide matérielle. Une situation permise par le choix de Fidel d’opter pour l’alliance avec la bureaucratie du Kremlin, et de rejeter la proposition de Che Guevara de mener un programme d’industrialisation et mettre les forces pour étendre la révolution au-delà du territoire cubain.

    C’est de nouveau la résistance des masses ouvrières et paysannes qui ont toléré la faim et de famine de cette dénommée « période spéciale », ce qui a permis la survivance de la Révolution. En 1994, des milliers de cubains ont tenté de fuir par la mer, via des radeaux improvisés, cette situation désespérée sous la protection des Etats-Unis qui entendaient renverser le gouvernement cubain.

    A partir de 1997, la révolution a opéré un tournant dans sa politique en s’ouvrant à l’investissement étranger et à l’instauration d’entreprises capitalistes lui permettant de sortir de la situation désespérée. Mais aucun changement pour le régime politique. En 1998, Karol Wojtila, Jean-Paul II, un des artisans de la chute de l’Est, visite Cuba et l’Eglise catholique cubaine est réhabilitée comme interlocutrice du régime.

    Ces dernières années, Castro a orienté sa politique internationale en appuyant le chavisme et les gouvernements progressistes d’Amérique Latine. Il s’est rendu en Argentine en 2003. Dans un discours historique sur les marches de la fac de droit, il prône la bataille des idées en remplacement à la lutte pour le pouvoir ouvrier et paysan.

    Après 47 ans au pouvoir de manière ininterrompue, Fidel Castro abandonne le pouvoir en 2006, pour des problèmes de santé. Raúl Castro, a pris le mandat de manière provisoire pendant deux ans, puis en 2008, il succède officiellement comme président du Conseil de l’Etat et du conseil des Ministres.

    Fidel Castro s’est maintenu comme caution morale de la révolution et fut un appui fondamental autant dans l’approfondissement du tournant vers la restauration de la bureaucratie cubaine, mais aussi dans l’historique ouverture des négociations avec les Etats-Unis, où le pape François a joué un rôle fondamental. En politique internationale, Fidel s’est prononcé contre le Printemps arabe se plaçant alors comme la main de l’impérialisme.

    Fidel fut une figure controversée, aimé par ses défenseurs, détesté par l’impérialisme. Il a joué un rôle central dans l’histoire de l’Amérique Latine. Il laisse en héritage la résistance face à toutes les tentatives de l’impérialisme de l’éliminer, mais aussi une Cuba asphyxiée par une bureaucratie privilégiée et menacée par la restauration capitaliste qui avance sur toutes les conquêtes que les ouvriers et paysans avaient conquis en 1959.