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Le Bateau-usine: l’enfer capitaliste
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://anticapitalisme-et-revolution.blogspot.fr/2016/11/le-bateau-usine-lenfer-capitaliste.html
Chef-d’œuvre de la littérature ouvrière et contestataire japonaise, Le Bateau-usine de Takiji Kobayashi est pourtant assez méconnu en France. Ce récit décrit les conditions de vie épouvantables des travailleurs d’un navire pêchant le crabe dans les mers hostiles, au début des années 1920, entre le Japon et l’URSS. Surexploités et humiliés, ces hommes découvrent la nécessité de s’unir et de se révolter.
La pêche au crabe dans les eaux glacées du Kamtchatka est alors l’une des principales ressources de l’Empire nippon. Dans un contexte de fortes tensions avec la jeune Russie soviétique voisine, des bateaux délabrés naviguent sans relâche, exposant leurs équipages à tous les dangers. Celui du roman a pour nom Hakkô-maru. Le comparer à une galère serait encore trop faible. « C’est parti ! En route pour l’enfer ! » : la première phrase du livre est claire.
Si l’auteur décrit dans le détail la dureté des éléments déchaînés, le froid polaire et la tempête au milieu de laquelle le rafiot menace de se disloquer ne sont rien à côté des conditions de vie et de travail dégradantes imposées aux 300 travailleurs, déshumanisés par l’exploitation et parfois « battus à mort, avec plus de mépris que les poux qu’on écrase ».
Les hommes sont soumis à des cadences réellement infernales. Le sommeil passe après le profit. Les blessés ou les malades sont forcés de travailler ou agonisent sans aucun soin, et l’hygiène est déplorable : « Au bout du compte, c’était à se demander si leur propre corps n’était pas en train de pourrir. Ça faisait une drôle d’impression quand même, d’être en quelque sorte devenu un cadavre en décomposition, rongé par la vermine ».
Révolte en mer
Les patrons sont représentés en premier lieu par Asakawa, le personnage monstrueux de l’intendant. Sans hésiter, pour enrichir quelques investisseurs, ils forcent les marins à renoncer à toute dignité en recourant à l’intimidation, aux sévices corporels et aux exhortations nationalistes. En somme, la chair des humains est broyée pour mettre en conserve de la chair de crabe.
Quand le bateau échappe au naufrage grâce à un chalutier russe, les esprits commencent pourtant à s’échauffer. Un jeune étudiant, influencé par les romans de Dostoïevski, décide de prendre la tête d’un mouvement de rébellion… La grève commence !
Le Bateau-usine est un récit sur l’abjection capitaliste et la condition ouvrière, mais aussi sur l’éveil de la conscience de classe et les tâtonnements de l’organisation collective. L’équipage cosmopolite – paysans pauvres, employés itinérants, étudiants désargentés – est devenu une classe qui doit apprendre à s’unir : « Et même s’ils appellent le destroyer, on y fera face tous ensemble – ce sera le moment ou jamais de se serrer les coudes, et s’ils veulent nous arrêter, il faudra qu’ils nous arrêtent tous, sans exception ! C’est précisément ce qui nous sauvera ! ». Ces prolétaires de la mer n’ont d’ailleurs pas de noms, car le personnage principal est une classe sociale, considérée comme un tout indivisible.
L’auteur Takiji Kobayashi avait observé pendant plusieurs années le quotidien des classes populaires, dans les champs, les usines et les ports du nord de l’île d’Honshu, pour écrire de la façon la plus réaliste. Publié en 1929, ce court roman inspiré de faits réels avait été immédiatement interdit. Le jeune romancier, militant communiste, fut emprisonné à plusieurs reprises et mourut à 29 ans sous la torture policière.
Le Bateau-usine, classique de la littérature prolétarienne, n’est sorti de l’oubli qu’en 2008 quand de nombreux jeunes, subissant de plein fouet la crise et n’acceptant plus de se sacrifier pour une minorité, se sont reconnus dans son esprit de révolte. Traduit pour la première fois en français en 2009, le roman a été réédité en 2015 et son adaptation en manga vient de paraître en France. A lire !
Gaël Klement