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Le revenu des agriculteurs pourrait chuter de 26 % en 2016
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Preuve de la crise qui secoue nombre d’agriculteurs, le revenu agricole moyen d’un exploitant français pourrait chuter de 26 % en 2016, selon les estimations publiées par l’Insee mardi 13 décembre. Certes, ce chiffre sera corrigé au fil des mois, mais il donne la tendance. Il y a un an, l’Insee prévoyait une hausse du revenu des agriculteurs de 8,8 % en 2015. Ce chiffre avait provoqué un tollé des syndicats agricoles, ces derniers expliquant qu’il ne reflétait pas la réalité du terrain.
Finalement, il a été révisé à la baisse et la progression n’atteint plus que 1,2 %. Le revenu moyen des agriculteurs français a donc très légèrement augmenté en 2015 pour s’établir à 25 400 euros. Ces corrections mettent en lumière la difficulté de l’exercice. D’autant que le revenu moyen donne une image très partielle de la situation. D’abord parce qu’il concerne seulement les moyennes et grandes exploitations, c’est-à-dire celles dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 25 000 euros. Ce qui exclut d’emblée un tiers des fermes françaises. Ensuite, car selon les régions, les productions, les agriculteurs, la diversité de la « ferme France » est grande.
Cette disparité est en partie reflétée par la publication des revenus par type de production. Une fois encore, le ministère de l’agriculture s’est livré à cette analyse. Pour 2015, la viticulture se distingue avec le meilleur revenu moyen à 51 720 euros en progression de 4 %. Le maraîchage, l’horticulture et la production de fruits, bénéficient, eux, de la plus forte progression sur cette période, avec une hausse comprise entre 40 et 50 %, pour atteindre respectivement 35 390 euros, 33 131 euros et 31 751 euros.
Plongeon pour les éleveurs laitiers
A l’inverse, les éleveurs laitiers enregistrent la plus forte chute, avec un plongeon de 28,4 % des revenus en 2015, à 17 539 euros. Autre forte secousse pour les éleveurs de bovins (–13,9 % à 19 394 euros). Le bas du tableau est occupé pour la deuxième année consécutive par les éleveurs porcins, avec un montant de 12 992 euros.
Les céréaliers ne sont guère mieux lotis, avec un revenu moyen de 16 709 euros. Ils sont touchés de plein fouet par la chute du prix des céréales. Seule consolation pour les céréaliers qui ont souvent d’autres grandes cultures comme la betterave ou la pomme de terre, le prix de cette dernière s’est revalorisée en 2015. Résultat, les producteurs de ces grandes cultures industrielles voient leur revenu progresser de 18,3 %, à 40 355 euros, soit la deuxième meilleure performance du classement.
En 2016, qualifiée par les chambres d’agriculture « d’année noire », la situation s’est assombrie, ce qui conduit l’Insee à faire des prévisions de revenu agricole en forte baisse. Les phénomènes météorologiques ont amputé les récoltes. Les cultures de blé et d’orge ont tout particulièrement été touchées, tout comme la vigne, les betteraves ou les pommes de terre.
Revalorisation pour les éleveurs porcins
Pour les céréales, les baisses de production ne sont pas compensées par une hausse des prix car la récolte mondiale est une fois de plus très abondante. Egalement plombés par l’excès d’offre avec la fin des quotas laitiers européens, les éleveurs laitiers continuent à souffrir d’un prix du lait trop bas, même si au niveauinternational, les produits laitiers ont été fortement revalorisés depuis l’été. Les éleveurs bovins dénoncent toujours un tarif de carcasse non rémunérateur, le marché étant perturbé par l’afflux de vaches laitières envoyées à l’abattoir pour tenter de réduire le flux de lait.
Dans ce tableau plutôt sombre, il y a tout de même des signes positifs. Les producteurs de pommes de terre et de betteraves bénéficient de cours stables, voire en progression. Les éleveurs porcins ont bénéficié depuis le printemps d’une revalorisation grâce à une forte demande chinoise. Et les producteurs de fruits et légumes continuent à tirer leur épingle du jeu.
Globalement, l’Insee estime que la valeur de la production de la « Ferme France » devrait atteindre 69 milliards d’euros en 2016. Un chiffre en retrait de 6,9 %. Le recul étant dû à une baisse des volumes de 6,1 % et à une érosion des prix de 0,8 %.