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    Fillon sur TF1 : une prestation de début d’année qui fait pshitt…

    Fillon

    Lien publiée le 4 janvier 2017

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.revolutionpermanente.fr/Fillon-sur-TF1-une-prestation-de-debut-d-annee-qui-fait-pshitt

    Début de semaine chargé pour les grands candidats aux présidentielles. Tandis que Manuel Valls et Vincent Peillon tenaient ce mardi leurs réunions publiques de campagne en même temps, histoire de se tirer dans les pattes (chacun dans une salle trop petite, pour faire croire qu’il y a du monde), Marine Le Pen se gambergeait sur BFM grâce aux questions sur mesure de Jean-Jacques Bourdin. Mais le mieux servi était François Fillon, TF1 lui ayant offert rien moins que son 20h, c’est à dire l’occasion rêvée de profiter du pic d’audience pour reprendre la parole après cinq semaines de silence et répondre à tous ses adversaires. Il n’en fut rien, car la conjoncture en ce tout début d’année 2017 met décidément en difficulté le candidat libéral-réac’ qui s’y voyait déjà.

    Il se répète, c’est glauque et il a la voix cassée : Fillon à la défensive

    Ce mardi soir, Fillon avait donc droit au 20h, mais pour quoi faire ? C’est ce qu’on se demande après l’avoir écouté, pendant que les portes des médias restent entièrement closes à un candidat qui se situe de l’autre côté de la barricade sociale, comme notre camarade Philippe Poutou. Sa douzaine de minutes d’antenne, l’ancien Premier Ministre de Sarkozy les a essentiellement consacrées à répondre aux attaques de ses adversaires, à la défensive. Sur la santé, où il se proposait il y a encore quelques semaines de transférer des milliards d’euros du portefeuille des assurés vers les mutuelles, en déremboursant les soins de base. On l’a entendu ce soir jurer qu’il réformerait la Sécu, mais que tout le monde serait remboursé comme avant, « car je suis gaulliste, et chrétien », disait Fillon comme si cela avait l’air rassurant.

    Aussi, sur une autre de ses « promesses » qu’il a du enterrer, celle de nommer dès le lendemain des primaires les quatre principaux ministres de son prochain gouvernement, le responsable de la réforme des retraites de 2003 (Fillon a salué la mémoire d’un autre François, Chérèque, au passage) comme de celle de 2010 a expliqué, peu à l’aise, que « le lendemain » du 27 novembre pouvait tout aussi bien signifier « la veille » des présidentielles. C’est donc Le jour le plus long chez les Républicains, et ce n’est pas le signe d’une grande concorde, malgré les apparences.

    La réalité est que Fillon est un peu gêné aux entournures. Sa victoire surprise en novembre, c’était un combat interne au conglomérat de la droite traditionnelle, et contre Juppé, contre Sarko, il avait su faire percer son personnage de docteur la rigueur bien ancré dans le milieu manif pour tous. Désormais, il lui faut convaincre non plus une majorité parmi les couches moyennes favorisées et âgées qui ont voté à la primaire, mais parmi la population. Sorti de l’œuf, l’ancien premier ministre discipliné s’est retrouvé sous le feu nourri d’adversaires qui, sur sa droite avec Le Pen, sur sa gauche avec un PS en grande difficulté, ont vu dans son programme ultra-libéral un bon épouvantail. Celui qui, en novembre, promettait à un parterre de patrons de déclencher la « blitzkrieg » contre les salariés, se retrouve donc obligé de mettre un peu d’eau dans son vinaigre, pour ne pas être isolé. C’est toujours aussi glauque, mais la défensive est à noter (Fillon n’a attaqué aucun de ses adversaires ce soir, et leur reprochait même d’être trop durs avec lui), au moins d’ici à ce que les primaires de la gauche ouvrent une nouvelle conjoncture.

    Contre les pauvres, contre la fonction publique, contre les salariés

    Evidemment, ce petit faible, ce trou d’air, n’affecte pas les fondamentaux du personnage. Il a redit, fermement, son projet de supprimer 500 000 fonctionnaires, en augmentant le temps de travail de celles et ceux qui resteront. Tout en démogagie étant donné le peu de popularité de ces institutions, il a désigné les collectivités territoriales regroupées (type communauté de communes), mais il est évident qu’une telle saignée ne se fera pas sans affecter la santé, l’éducation, les services les plus indispensables qui déjà sont exsangues. De même, Fillon confirme sa volonté de faire adopter dès le mois de juillet, par ordonnance si nécessaire, une loi sur le temps de travail (i.e., abolissant les 35h), une autre sur la fiscalité (comprendre les baisses de charges pour les patrons, notamment), une dernière sur la sécurité publique (car le candidat des Républicains ne voulait pas manquer de participer au concert antiterroriste ce soir, et nous a lancé en passant qu’il voulait relancer le dossier de la déchéance de nationalité).

    Effectivement, François Fillon est catholique. C’est pour cela que, quand tout son programme vise à prendre aux plus démunis pour donner aux riches, à stigmatiser les plus fragiles, à précariser, il se sent obliger de commencer à parler des pauvres. Car il faut être charitable, comme on dit à l’église. C’est probablement pour cela que Fillon était ce mardi matin en visite dans un centre parisien d’Emmaüs, pour se présenter comme un combattant contre le chômage et la grande pauvreté. Opération manquée : l’association, qui n’est pourtant pas connue pour sa radicalité, en a profité pour demander une atténuation des aspects les plus brutalement anti-pauvres du programme du candidat de la droite.

    Fillon aux fraises, Macron et Le Pen aux anges ?

    Pour se conquérir une base sociale parmi les classes populaires, en 2007, Sarkozy avait lancé son fameux slogan « travailler plus pour gagner plus », et usé à plein de la démagogie xénophobe et islamophobe. Sur TF1 ce mardi soir, Fillon se défendait lui de s’en remettre à un slogan, à une stratégie de communication, pour se présenter comme « le candidat de la vérité ». Le problème (pour lui et pour l’instant) est que cette « vérité » est celle d’un secteur social de cadres du privé, de retraités, de petits et de grands patrons radicalisés, qui veulent en découdre avec les salariés. Et l’appui de ce secteur n’est pas suffisant pour gagner une présidentielle, encore moins pour mettre en place le gouvernement de combat dont rêve aujourd’hui la droite.

    Les jeux de la présidentielle 2017 ne sont donc pas encore faits. Et pour l’instant, c’est Macron d’une part, Le Pen de l’autre, qui profitent le plus des balbutiements qui affectent la campagne de François Fillon. Ce dernier peine en effet à séduire les jeunes, contrairement à ces deux concurrents à sa droite et sa gauche immédiates, et l’un comme l’autre pourraient séduire les électorats respectifs d’un Juppé et d’un Sarkozy. Voilà pourquoi, par exemple,Fillon cherche à acheter le soutien de François Bayrou. Mais le premier tour est encore loin, évidemment.