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En réponse à l’article de Chesnais: Le cours actuel du capitalisme

économie

Lien publiée le 23 janvier 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2017/01/22/en-reponse-a-larticle-de-francois-chesnais-le-cours-actuel-du-capitalisme/

LR: Anne-Marie Chartier signale ses désaccords à l’encontre de l’article de François Chesnais paru sur Inprecor. : 

http://www.inprecor.fr/article-Crises-Le%20cours%20actuel%20du%20capitalisme%20et%20les%20perspectives%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9%20humaine%20civilis%C3%A9e?id=1952

Rappelons que ce dernier présentera son ouvrage:

« Le cours actuel du capitalisme et les perspectives de la société humaine civilisée »

Mercredi 25 janvier 18h30 à Librairie La Brèche, 27 Rue Taine, 75012 Paris – 01 49 28 52 44

Réunion organisée par  le groupe de travail économique du NPA et la revue  Inprecor sept/nov 2016
(avec le soutien de la librairie La Brèche et de l’association Alfred Rosmer)

Francois Chesnais présentera son livre récent (Finance Capital Today)
et surtout le dernier chapitre publié en français dans Inprecor.
Michel Husson sera le discutant

En réponse à l’article de François Chesnais: Le cours actuel du capitalisme…dans Inprecor sept-nov 2016 (revue de la 4ème Internationale

Effondrement programmé du capitalisme ??? ou Résistance potentiellement victorieuse de la société civile ?

F Chesnais pose d’emblée l’orientation de son texte en écrivant :  « Nous atteignons un point crucial dans l’histoire du monde, celui où le capitalisme atteint ses limites absolues. » Cette phrase emblématique est empruntée à Robert Kurz, un penseur allemand.

Je me positionne en total désaccord avec cette affirmation qui se situe du point de vue du capitalisme. Je me situe, moi, du côté de la société civile qui résiste à la barbarie capitaliste avec des défaites et des victoires. S’il faut discuter du capitalisme, je dis qu’Il n’y a aucune limite interne à la barbarie dans laquelle évolue le capitalisme. Les arguments sur le taux de profit ou la suraccumulation ne démontrent pas des limites au capitalisme, par conséquent il n’a aucune raison de s’effondrer.

Avant d’en venir à l’explicitation de ce point de vue, il convient d’abord d’indiquer à quelle théorie se rattache l’affirmation de Chesnais, car il n’invente rien. Sa sentence appartient à ce qui dans le « marxisme » relève en même temps d’un déterminisme historique que je juge dévastateur (parce qu’il élimine l’activité libre de la société civile) , et d’une pensée scientiste. Il s’agit, selon moi, de la mythologie léniniste / trotskyste

On en trouve les éléments chez Marx, théorisés par les léninistes, les bolchéviks et les trotskystes. Cela a constitué leur fond de commerce. Mais il y a également chez celui-là, la contradiction possible à une telle orientation, tant son imagination était fertile, et sa finesse d’analyse grande. C’est pourquoi les écrits de Marx ne peuvent se lire comme la bible, mais sont une invitation à réfléchir.

Cependant, il est vrai, la préférence de Marx a souvent été vers des perspectives historiques déterministes (la succession inéluctable des « modes de production » par exemple) qui ont porté les dictateurs à venir, et permis à des théories érigées en vérités intangibles de s’imposer, à l’égale de celles des Pères de l’Eglise.

Il n’est pas inutile de préciser qu’Il y avait, et il y a toujours, chez les trotskystes deux discours conjoints, qui objectivement étranglent toute initiative de combat, et toute réflexion libre hors des sentiers autorisés.

C’est ce que j’appelle la chape de plomb idéologique qui a pesé très gravement sur l’émancipation de l’humanité à l’époque de l’URSS, et encore après, soit bien plus de 70 ans, je dirais un siècle. Et cela n’est pas à rejeter principalement sur Staline, mais sur les bolchéviks, même si la pensée stalinienne a fait dans la caricature.

1)Premier discours : Il fallait construire le parti révolutionnaire sans quoi on ne ferait pas la révolution, moyennant quoi on était incapable d’aider les salariés à gagner des batailles, puisqu’il était dit qu’ « on n’était pas comptable de gagner mais seulement de construire le parti » . Autrement dit, on ne pouvait rien conquérir avant la révolution.

Mais ce « parti révolutionnaire »était inconstructible précisément pour cette raison : le fait de reporter à « après la révolution » la conquête de droits indispensables, par exemple sur les conditions de travail, sur les droits des femmes, les discriminations, l’école, la lutte contre les centrales nucléaires (eh oui !!) et pour l’écologie (il y a à peine 20 ans que l’écologie est prise en compte par les trotskystes qui ont combattu….. les « excités » réactionnaires de Creys Malville !)

On se félicitait pourtant des « acquis » sociaux d’après- guerre qui étaient cependant souvent discutables et loin d’être ce qu’ils auraient dû être, comme la Sécu…qui n’a jamais dit un mot sur la prévention, et les dangers de sa liaison mortifère avec les laboratoires pharmaceutiques .

2)Deuxième discours : Dans le même temps, il était expliqué à satiété que le capitalisme allait s’effondrer. Donc à quoi bon construire le parti ??! Et pourquoi mettre en avant le prolétariat qui n’avait plus de rôle majeur si ce n’est dans le discours ?

La proposition affirmative de Chesnais se situe dans le cadre de ces deux discours. Cela relève d’une ritournelle répétitive que j’ai entendue pendant plus de 20 ans, sous des formes différentes, à des intervalles de temps réguliers.

Un texte bien oublié de 1939, mis en brochure par l’OCI, portait le titre « Le marxisme et notre époque » de Léon Trotsky. Il faut relire cette brochure en détail. Tout n’y est pas absurde, mais l’idée que le prolétariat puisse imposer des avancées, certes toujours menacées, n’est même pas évoquée. L’activité du prolétariat n’existe pas dans ce long texte. Et pour cause. La conclusion de Trotsky est sans appel :  « ….il n’y a pas de doute que la « théorie de l’effondrement » a triomphé de la théorie du développement pacifique ». Et le paragraphe qui suit concerne le « déclin du capitalisme » (p15)….. Moyennant quoi, il y a nécessairement « l’ultime crise » qui va emporter le système, la terrible chute de la bourse… « ça y est c’est fini !  Camarades, clamait Berg en 1968, on vit notre dernier été tranquille, .il va falloir construire la société communiste…Il y a des drapeaux rouges sur Renault… » etc etc  Combien de fois, a-t-on entendu cela, tandis que les rieurs ne se privaient pas de se moquer…

Léon Trotsky va plus loin dans ce texte, il explique que le NEW DEAL est impossible, car c’est une politique extravagante, qui ne peut conduire qu’au fascisme en raison de l’endettement qu’elle produira…. En fait « Sur la base du capitalisme, la situation est désespérée » (p16)…

Chesnais nous dit en 2016 que « le capitalisme atteint ses limites absolues. ». Nouvelle façon de redire sans fin la même chose, comme pour conjurer la terreur qui s’est emparée des tenants du « marxisme » qui constatent la barbarie, savent bien la décrire, mais ne voient pas…. venir l’effondrement tant attendu, et en oublient … de parler du « parti », mais surtout de l’activité des masses.

Je n’insisterai pas sur le fait qu’il n’y a aucune théorie de l’effondrement chez Marx (les contre-tendances à la tendance à la baisse du taux de profit seront toujours à l’œuvre selon lui). Seules les masses ont le pouvoir d’en finir avec le capitalisme. Ici, c’est le Marx non déterministe qui laisse l’initiative aux masses qui feront l’histoire, ou dans le pire des cas….ne pourront résister à la barbarie.

En fait, la vraie terreur, c’est sans doute l’activité autonome de ces masses qui s’expriment toujours, mais dont la lisibilité n’est pas forcément évidente, surtout par ceux qui ont la vérité « marxiste ». Les masses ne font pas ce qu’on désire qu’elles fassent. Elles font autre chose, mais elles résistent à leur façon, par les mille canaux à leur disposition (la résistance quotidienne qui parfois ouvre des vannes inespérées), dont Chesnais avait tenté il n’y a pas si longtemps d’en établir un début de synthèse. A-t-il oublié ?

Toujours dans la même brochure de LT , on trouve écrit l’affirmation de l’inéluctabilité du socialisme:  « Les élucubrations de certains intellectuels, selon lesquelles, en dépit de l’enseignement de Marx, le socialisme ne serait pas inéluctable, mais seulementpossible, sont absolument vides de sens », et plus loin « Marx a prédit que pour sortir de la catastrophe….etc » (p21). Ici la responsabilité de Marx est engagée, il a bien avancé ce type d’affirmation mais …. n’a rien prédit. Il a aussi énoncé l’alternative « socialisme ou barbarie », repris par Rosa Luxembourg… Pas si inéluctable que cela.. ! F Chesnais en convient à la fin de son article, mais dans le cadre de l’effondrement du capitalisme qui doit arriver.

Donc pourquoi se livrer à de quelconques batailles, si le socialisme est inéluctable. Ceci expliquerait-il cela ? Certains n’ont pas oublié le 10 mai 1968 où il a fallu sur ordre se retirer des barricades (et laisser une partie de la jeunesse seule face aux policiers) pour construire le parti dans le cadre de la révolution inéluctable que les troskystes s’apprêtaient à administrer..

Je tenais à indiquer dans quel cadre absurde, et aliénant, cette discussion est posée. Le déterminisme qui nous est imposé dans l’idéologie « marxiste » autant que dans celle du libéralisme économique, aboutit à nous priver, concrètement et intellectuellement, des moyens de nous saisir de notre propre histoire, de la faire nôtre, contre toutes les sortes d’oligarques qui prétendent nous impuissanter pour pouvoir faire, eux, ce qu’ils veulent. L’affirmation déterministe est le fusil d’assaut des dictateurs ou des futurs dictateurs.

Venons en à ce qui est le fond de la question : la nature du capitalisme.

Au moment où l’article de Chesnais est proposé par le site Anti-k, géré par les trotskystes du NPA, apparaît le 6 décembre 2016, toujours dans ANTI-K, un article sous ce titre : « Italie : aucune solution n’apparaît dans le cadre capitaliste ». Quelle signification ?? Le chaos ou la révolution ??

Or le 4-12, les italiens ont voté massivement contre les propositions de réforme constitutionnelle très liberticides de M Renzi, ce qui constitue une victoire majeure de la société civile.

Toujours la même absurdité. Evidemment qu’Il y a des solutions politiques et sociales, imprévues, bonnes et mauvaises, possibles sous le capitalisme, dans n’importe quelle situation. Ce sont les hommes qui font l’histoire, et malgré la dure loi du capital, les réponses humaines sont parfois étonnantes, hors de tout déterminisme…

De la même façon, la victoire de Van der Bellen en Autriche est à mettre au compte de la résistance de la société civile. De la même façon encore, le recul du gouvernement français, inattendu, à propos de Notre dame des Landes, est une victoire de la société civile…

J’en profite pour dire qu’il y a toujours eu des avancées sociales en même temps que des reculs et des désastres sociaux, dans le capitalisme, comme conséquences conjointes des luttes sociales, des nécessités de la paix sociale, et de la mise en place d’une exploitation toujours plus violente…Le tout constituant d’inextricables contradictions, et sacs de noeuds, dus précisément à l’activité contrariante des masses pour le capital.

Mais le vrai problème est ailleurs

-Quelle est donc la nature du capitalisme

Il me semble que Chesnais confond largement le système capitaliste, qui s’est assujetti la plus grande partie du monde, avec ce qui relève du fonctionnement de l’humanité et de la nature elles-mêmes. Les deux sont dans une contradiction et un combat larvé en continu.

Chesnais écrit par exemple à propos du capitalisme ( p8 de son article) :

« Son affaissement progressif allant de pair avec les effets prévisibles et imprévisibles du changement climatique sera accompagné par des guerres et par la régression idéologique et culturelle – provoquée par la marchandisation et la financiarisation de la vie quotidienne – qui prend la forme du fondamentalisme religieux et du fanatisme des trois monothéismes »

Le capitalisme et le changement climatique ont-ils partie liée ? Comment ? Où était donc le capitalisme avant d’être « affaissé » ? Dans quelle sphère élevée ? Que signifie ce mélange des genres qui prédit déjà une défaite humaine en même temps que celle du capitalisme ? Nous vivons déjà des guerres tous les jours par pays interposés dans plus du tiers des pays du monde grâce aux complexes militaro industriels des grands pays capitalistes : là est la plus grande catastrophe imposée dont il n’est guère question dans le texte de Chesnais. Pourtant d’autres parties du monde résistent à cela. Par ailleurs nous ne vivons pas une régression idéologique et culturelle générale homogène, les ripostes à la régression sont très vives. Si une certaine intelligentsia a failli, une autre a pris la relève. L’ensemble de la population et de la jeunesse ne sont pas victimes du fanatisme religieux ! La marchandisation imposée comme mode de vie, est fortement contestée aujourd’hui de manière très diverse et contradictoire, ne serait-ce que par la récupération d’ampleur de la surproduction jetée dans les poubelles dans toutes les parties du monde.

Le capitalisme a-t-il donc été civilisateur à moment donné de son histoire ?

La première raison d’être du capitalisme, et des classes sociales qui le portent, est defaire toujours plus de profit sans la moindre moralité, sans le moindre état d’âme vis-à-vis d’une humanité souffrante, en se moquant éperdument de la planète elle-même (après moi le déluge) et des dégâts que l’économie industrielle y fait…Cela était annoncé par l’économiste Von Hayek au début du 20ème siècle , puis Friedman (quasi théoricien de la dictature au Chili). « La justice est étrangère à l’économie » écrivait Hayek. L’économie est antinomique, dans son fondement même, avec la justice et la morale, disait-il sans fard.

Il n’y a aucune limite à la fringale de vautour de ce système et des hommes qui s’y rattachent : l’argent, le pouvoir, les femmes à disposition… Ce système peut détruire l’humanité partiellement ou totalement, et détruire sa propre progéniture. Mais il ne peut pas se détruire lui-même. La destruction d’une partie de l’humanité ne peut pas l’entraîner à la faillite, bien au contraire. La destruction de territoires entiers ne peut qu’être une nouvelle occasion d’investissements.

L’humanité, elle, est astreinte, à des limites pour pouvoir survivre. Elle est dans la nécessité de freiner, voire de supprimer, l’agriculture industrielle, et grand nombre d’industries dont les industries extractives et d’armement pour ne pas mourir. Elle se donne le devoir de protéger l’environnement, les forêts, l’eau, l’air, non pas pour des raisons de morale intrinsèque mais pour subsister.

Le progrès concerne l’humanité, de façon non linéaire. Il ne concerne pas le capitalisme. Les progrès humains furent le fruit de la résistance de la société civile : des ouvriers, des paysans, des femmes, des intellectuels, des médecins, des écrivains. Mais pas du capitalisme. Dans le texte de Chesnais suinte l’idée que le capitalisme serait devenu autre que ce qu’il était au départ, à savoir un système barbare

Ce dernier n’a jamais eu une phase progressive, et là c’est Marx qui est à contester. C’est une question récurrente et lointaine. Lénine, après la première guerre mondiale a écrit que le capitalisme en sombrant dans l’ impérialisme était devenu totalement réactionnaire et décadent. Ainsi, avant la grande guerre, le capitalisme n’était pas décadent, n’était pas barbare…Pourtant le capitalisme a toujours été impérialiste (1). La GB s’était approprié le tiers de l’humanité au 19ème. Le capitalisme n’a jamais eu de mission civilisatrice dans l’histoire comme l’a laissé entendre Marx, avant Lénine, en présentant la bourgeoisie comme ayant été révolutionnaire à ses heures (voir le Manifeste communiste de 1848). Dès le départ, le capitalisme était un système barbare et impérialiste. Les analyses de Marx expriment deux points de vue opposés. D’une part la montée en puissance de l’exploitation ouvrière par une extraction de plus- value sans limite, et d’autre part l’admiration pour les appétits triomphants du capitalisme industriel en construction, et pour les techniques totalement contradictoires du système. C’est l’admiration de Marx pour ce dernier qui a forgé le discours « marxiste » scientiste, contraire à l’émancipation humaine. En effet, il a vu dans le capitalisme du 19ème la civilisation la plus élevée. Marx était un homme du 19ème siècle, amoureux de la science (la « science est sainte ») et des Saint Simoniens. Marx s’est trompé, c’est tout. De ce point de vue, selon moi, l’idée « d’affaissement » est inappropriée.

Et tout se tient. C’est ainsi que Marx a assigné un rôle libérateur des forces productives à la concurrence (les forces productives n’étant cependant rien d’autre que le Capital et l’exploitation des hommes et de la nature). Il a donné par ex en France une image positive de la Loi Le Chapelier, qui a au contraire été une défaite majeure des travailleurs. Cette loi instaurait la concurrence et détruisait l’organisation artisanale, où les compagnons contrôlaient l’usage des techniques.

C’est l’économiste Serge Latouche qui a expliqué dans les années 90 que l’humanité avait lutté victorieusement contre l’établissement de la concurrence pendant des siècles, en percevant très clairement quels terribles dangers elle comportait, jusqu’à ce que les marchands finissement pas l’imposer en s’introduisant, après bien des batailles, dans la maîtrise de la production…..

-Mais dans le même temps, Marx a fourni des pages lumineuses sur l’encasernement militaire des ouvriers dans les usines, lesquelles privaient ceux-ci de leurs outils, de leur savoir et de leur autonomie, et leur apprenait l’obéissance à un patron tout puissant. Ce fut le début de l’asservissement et du formatage humain produit par le système d’organisation des machines en usine.

Cependant les ouvriers brisèrent les machines. Marx, en contestant le bri des machines, ne distinguait plus l’usine des machines, et la simplification de ces dernières pour asservir l’ouvrier. C’est l’usine qui est barbare, c’est le salariat en usine qui est une barbarie, le salariat est indissociable de l’usine. C’est cela qu’il fallait expliquer.Or rapidement Marx, subjugué par l’industrie, n’a plus fait les bonnes distinctions et a cessé de militer pour la fin du salariat qui impliquait la fin des usines.

S’il y a eu progrès, c’est bien grâce à l’activité de résistance des grandes masses. Le capitalisme se moquait de voir croupir le salariat dans les bas-fonds des villes …Faut-il citer le « rapport Villermé » ? Jamais le capitalisme n’a milité pour le progrès social et humain. Il a été contraint d’aller quelque peu dans cette voie, au 19ème, pour préserver le système des usines. Il s’est aventuré dans les années 30 dans le New Deal, comme stratégie pour contrôler et asservir les masses, attirées par les supposés bienfaits du communisme en URSS.

En réalité quand Chesnais croit que la crise écologique se confond avec la crise du capitalisme, il subit l’influence des keynésiens qui s’ajoute à son idéologie. Il pense que la justice sociale va de pair avec l’efficacité économique, et que si l’une fait défaut, l’autre suit. Ce qui est totalement inexact, et contraire, ici, à toute la pensée de Marx.

Le capitalisme ne s’effondrera pas de l’immense misère humaine qu’il veut impulser, du formatage humain qui devrait mettre en déroute toute réflexion, du désastre écologique qu’il crée. C’est exactement l’inverse.

Toute l’analyse de Mandel citée par Chesnais est fondée sur cette confusion majeure.

Les hommes politiques du capitalisme comprennent fort bien la lutte des classes, en l’appelant « subversion », et y font face en navigant à vue : comment garder la maîtrise du système par un discours adéquat et pervers, par des reculs choisis (transitoires dans leur esprit), afin d’éviter les écueils sociaux qui les mettraient en cause. Ou comment contourner les récifs en pleine mer en racontant des contes de fées !

Ces hommes politiques vont jusqu’à faire fi de l’avenir pour leurs propres progénitures, parce qu’ils croient pouvoir dominer complètement la nature à leur profit (exactement comme les bolchéviques l’avaient imaginé). Une certaine « science » à leur service surmontera toutes les difficultés comme la fin de la pollinisation, la pollution extrême, la disparition des poissons, la mort de l’agriculture, la mort prématurée de l’homme…ils peuvent imaginer des villes suspendues où l’on mangera des cachets créés par la chimie, avec des humains standardisés, tandis que travailleront encore au sol pour eux des larves humaines pouilleuses… Mais ils oublient, se faisant, les larges couches humaines cachées qui résisteront, car la question de la survie humaine ne peut pas s’analyser de façon homogène. De larges couches de populations peuvent disparaître tandis que d’autres combattront et survivront. L’humanité n’est pas une entité uniforme, elle est composite, diversifiée.

Chesnais qui fait tant de cas pour l’écologie, au contraire de la tradition trotskyste, ne dit pas un mot en fin de texte sur la nécessité absolue, avant toutes choses, d’en finir avec les massacres quotidiens d’humains, d’en finir avec la guerre et les industries d’armement.

Le NPA a des positions sur ces questions mais il n’engage pas, une bataille d’ampleur nationale contre la guerre, ni contre le libre-échange qui dévaste les pays du Tiers monde. Il n’a certes pas l’audience d’un Mélenchon, mais il n’utilise pas le charisme d’un Besancenot à cet égard, ni le site Anti-K, ni ses sections en province. En fait le NPA commente la lutte des classes, en se trompant parfois et attend la crise qui emportera le système capitaliste.

Comme la révolution sociale ne leur semble de fait plus possible, le NPA comme Chesnais, lui substituent l’effondrement du capitalisme !

AMC le 12-12-2016

(1)Le capitalisme a toujours été impérialiste, et barbare à l’extrême, dans sa conquête des pays lointains, dès ses prémisses et dans sa construction. Quelques exemples : la conquête du Siam par le massacre épouvantable des populations de Hué en 1883 ; l’enfumage des populations algériennes résistantes dans des grottes et l’expulsion de leurs terres en 1830 ; le massacre des congolais par les belges ; le massacre des namibiens par les allemands (dont il a été écrit que cela préfigurait les camps nazis) ; les tentatives d’asservissement de l’Afghanistan et la création de la « question pachtoune » ; la traite des noirs et l’industrialisation de la culture du sucre en Amérique centrale et du sud ; la destruction de l’industrie artisanale en Inde par les anglais par les métiers mécaniques, symbolisant par-là que la fabrication des marchandises ne pouvait que se faire dans les usines mécaniques et non dans des entreprise artisanales, cette destruction ayant entraîné une famine inouïe en Inde ; les enclosures anglaises jetant par milliers des paysans hors des terres et obligés de partir en Am du nord pour faire aux indiens pire que ce qu’on leur avait fait en GB ; etc etc Tout cela est l’expression barbare du pré-capitalisme et du capitalisme ; à qui l’on ne peut pas reconnaître une mission civilisatrice !

Ajoutons que l’acharnement du capitalisme à détruire l’agriculture paysanne dans toute l’Europe et aux USA, fin 19ème et début 20ème siècle, pour une agriculture industrielle mortifère, a jeté des milliers de gens dans les bras des usines avec bas salaires, au motif frauduleux du progrès. Marx a joué un rôle négatif à ce sujet.