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Du MDC au MRC. La désagrégation du chevènementisme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La désagrégation du chevènementisme par un de ses anciens partisans. Instructif...
http://la-sociale.viabloga.com/news/du-mdc-au-mrc-la-desagregation-du-chevenementisme
Par Denis Collin
Il apparaît donc que faute de pouvoir se présenter, Bastien Faudot, le candidat du MRC (ex-parti de Jean-Pierre Chevènement) va se rapprocher de Benoît Hamon. Certains de mes amis, en partie par défiance envers Mélenchon (une défiance fondée sur l’expérience), s’étaient engagés derrière Bastien Faudot. Personnellement, je n’ai jamais cru à cette option. Il se trouve que j’ai une certaine expérience du courant chevènementiste. Je ne suis pas un historique du CERES, mais j’ai rejoint Chevènement au moment de la campagne pour le « non » au référendum sur le traité de Maastricht en 1992, après avoir quitté le PS au moment de la guerre du Golfe de 1991 que Chevènement avait condamnée en démissionnant de son poste de ministre de la Défense. J’ai adhéré dès le début au Mouvement Des Citoyens que j’ai largement contribué à créer dans mon département. J’ai même été élu sur la liste du maire d’Évreux au titre du MDC en 1995. Le premier adjoint avait d’ailleurs rejoint, lui aussi, le mouvement. Les choses se sont gâtées avec la « gauche plurielle », arrivée au pouvoir par surprise en 1997, une coalition que le MDC soutenait, y compris au plan gouvernemental avec la participation de Chevènement au gouvernement Jospin. Très vite, les camarades MDC de mon département se sont demandé ce que nous étions allés faire dans cette galère puisque, avec les accords d’Amsterdam, Jospin reniait tous ses engagements sur la question européenne (engagements pourtant bien tièdes) et qu’il se lançait dans une politique de privatisations sans précédant, avec, au premier chef, la privatisation de France-Télécom. Nous avons donc écrit un texte critique en vue du congrès… Texte que la direction a rejeté en le qualifiant de « lambertiste » ; quand on connaît la composition du MDC-27 à l’époque, ce qualificatif était on ne peut plus saugrenu… Cela ne nous a pas empêché de soutenir la candidature de Chevènement 2002… avec un comité « Pôle républicain » relativement important, rejoint par des militants syndicaux en vue. On sait comment l’affaire s’est terminée. Les minauderies de Chevènement en direction de Villiers et de la droite dite « nationale » ont passablement déboussolé les militants et au lendemain de l’élection de 2002, il ne restait plus rien de cette aventure.
Mon ami Cotta et moi-même avions rencontré à sa demande Chevènement après la publication de notre livre L’illusion plurielle en 2001. Le chef consultait… Nous lui avions donné notre avis : il devait se présenter comme le représentant légitime du socialisme dans ce pays, il avait écrit le programme de Metz (1979) et il était donc le seul à pouvoir assumer la continuité de la gauche. Nous lui avions clairement dit que le cœur de cible de sa campagne ne devait pas être la droite gaulliste mais d’abord les ouvriers communistes en déshérence. Il n’a évidement tenu aucun compte de notre avis et a fait tout le contraire. J’ai la faiblesse de penser que son erreur historique est là. Toute la suite de l’histoire du MRC est là-dedans : entre la chimère d’une alliance des « républicains des deux rives » et le ralliement de fait au PS (soutient à Royal en 2007) au mépris de tout principe politique. Ce tout petit parti était condamné à la dislocation qui aboutit … au départ de son chef vers d’autres rives, quand le MRC refusa de se joindre au mouvement de Dupont-Aignan !
Je continue d’écouter attentivement Chevènement – bien que je croie qu’en ce moment il se trompe beaucoup, y compris en ce qui concerne les relations internationales et ce qu’on appelle par commodité le « monde arabe ». Mais son influence réelle est maintenant proche de zéro et le courant politique dont il est l’initiateur est voué à une prompte disparition.
Je termine par une remarque : à certains moments importants, guerre du Golfe de 1991 ou référendum de 2005, Mélenchon et Chevènement ont été proches. Mais on ne peut pas mettre deux coqs dans le même poulailler. L’existence d’un courant socialiste, républicain, hostile à l’OTAN et partisan de l’émancipation des peuples pouvait fournir la base d’un rapprochement qui n’a jamais eu lieu et n’aura pas lieu. Les deux « chefs » en portent la responsabilité.
Le 27-02-2017
Denis COLLIN