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"Tout Khartoum veut la chute du tyran": 2013-2016, répliques soudanaises
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://lundi.am/Tout-Khartoum-veut-la-chute-du-tyran-2013-2016-repliques-soudanaises
Fin 2016, plusieurs manifestations éclatent au Soudan contre la hausse de 30% des prix du pétrole et du diesel, annoncée début novembre, et la dépréciation de la livre soudanaise, qui ont entraîné une augmentation des prix de nombreux produits, notamment des médicaments. Ces rassemblements sont rapidement étouffés par la police anti-émeute.
Des étudiants, des jeunes et des militants de l’opposition ont ensuite appelé sur les réseaux sociaux à des grèves générales et à des manifestations à Khartoum et dans d’autres villes pour renverser le régime. Les services de sécurité arrêtent plusieurs figures et activistes de l’opposition pour tenter d’empêcher la tenue de manifestations. Les agents du puissant service national de renseignement et de sécurité (NISS) du Soudan saisissent aussi tous les exemplaires de quatre quotidiens indépendants après la publication d’appels à des manifestations.
"Nous avons entendu ces derniers jours des appels à renverser le régime lancés par des personnes cachées derrière leurs claviers", avait déclaré devant des partisans rassemblés dans la ville de Kasala (est) le président El Béchir, au pouvoir depuis un coup d’État militaire en 1989.
"Nous leur disons : « si vous voulez renverser le régime, faites-nous face directement dans la rue. Je vous défie de descendre dans la rue". "Mais vous ne viendrez pas car vous n’avez pas oublié ce qui s’est passé ... Ce régime ne sera pas renversé par des claviers et Whatsapp", a prévenu le président lors de son discours retransmis à la télévision.
Il faisait allusion aux heurts sanglants qui avaient opposé manifestants et forces de l’ordre en 2013 à l’occasion d’une précédente hausse des prix consécutive à une réduction des subventions. Un mouvement populaire contre la dictature, semblable à ceux qui avaient mené aux renversement des régimes des pays arabes voisins, avait secoué le Soudan, plusieurs semaines durant. Les forces de sécurité Soudanaises avaient tiré à balles réelles pour disperser les manifestants. Plus de 170 personnes avaient été tuées dans la seule première journée de manifestations.
Osman, qui a vécu ces événements avant de devoir quitter son pays, a accepté de faire cet entretien avec nous.
clip sur les manifs de 2013 de rappeurs soudanais exilés aux Etats-Unis
En 2013 tu étais à Khartoum, la capitale du Soudan. Peux-tu nous raconter ce qu’il s’est passé ? Peux-tu nous expliquer comment les événements ont commencé et pourquoi les étudiants sont sortis dans la rue ?
Ce qui s’est passé en 2013, ce n’était pas la première fois au Soudan. Il y a eu de nombreux mouvements à cause de la guerre au Darfour et dans la région du Nil Bleu. La dictature sévit depuis 28 ans et donne lieu à beaucoup de maltraitances et de violences policières. En 2013, donc, le gouvernement a décidé de retirer les subventions sur les prix du carburants. Et à cause de ça la vie est devenue très chère : les médicaments, la nourriture etc... Il n’y a pas que les étudiants qui sont sortis dans la rue, c’était tous les soudanais, tout le peuple. Ça a commencé un lundi matin à Wad Madani (capitale de la wilaya de Al Jazira). Puis ça s’est propagé dès midi dans le reste du pays. Au début du mouvement, on disait juste qu’on n’était pas d’accord avec cette loi mais comme le gouvernement a refusé de retirer ces mesures d’austérité, le mouvement s’est renforcé. Ensuite les jeunes ont appelé sur Facebook à d’autres manifestations. Les partis politiques ont suivi. Et on a décidé de plusieurs jours pour faire des manifestations dans toutes les grandes villes du pays. A partir de là le peuple a commencé à demander le changement de gouvernement.
Tu peux nous donner des détails sur cette première manifestation du lundi à laquelle tu as participé à Khartoum ?
Il y a eu l’annonce de la hausse des prix et le jour d’après, le lundi, les gens sont sortis spontanément dans la rue. À Khartoum, la population est très mélangée. Beaucoup de gens viennent y vivre car il n’y a pas de guerre. Et donc quand il y a des manifestations il y a beaucoup de monde. Nous, avec des amis et des habitants du quartier on a écrit un appel, on s’est organisé et on a réfléchi à des plans d’attaque. Depuis le matin on regardait sur Facebook. On a vu que la première ville où ça a commencé c’était à Wad Madani. Là, les flics ont tiré et ils ont tué un gars. Puis à midi ça a démarré dans les autres villes. On est sortis de plusieurs endroits dans la rue. Mais il y avait plein de policiers qui barraient la route principale. Du coup on a bloqué la route, on a brûlé des pneus pour ralentir leur avancée. On a essayé de rejoindre le marché central car il y avait des manifestations là-bas aussi. Mais quand on a traversé le quartier, les flics tiraient du gaz lacrymogène, des balles en plastique et arrêtaient des gens. Les affrontements ont duré jusqu’à la nuit. À de nombreuses reprises, les flics ont essayé d’arrêter des gens mais nous avec nos amis on ne laisse pas les gens se faire arrêter, c’est un truc de santé quoi, c’est de la solidarité et des fois on y arrive. Mais il y a beaucoup de flics en civil, ils repèrent qui sont les plus organisés, qui a les contacts, qui filme, qui met ces vidéos sur internet. Ce lundi-là, des amis sont montés dans un appartement et du balcon ils filmaient la manifestation. C’était moins dangereux mais les images n’étaient pas très précises avec le téléphone. Ça donnait quand même des informations sur ce qui se passait et elles étaient directement relayées sur Facebook : « ce quartier-là ils sont dans la rue », « allez, là on commence... » Mais le gouvernement a commencé à faire tout ce qui était possible pour faire cesser les manifestations. La police a beaucoup gazé, elle a tiré à balles réelles directement sur les manifestants. Il y a eu des morts et plusieurs milliers de personnes arrêtées et il n’y avait rien dans les médias. Seuls restaient les journaux pro-gouvernementaux, les médias indépendants avaient été interdits. Pendant les manifestations des stations essences ont brûlé, des commerces et des banques ont été cassés. Le gouvernement a tenté de se servir aussi de ça pour diviser les manifestants. Les vieux qui lisaient les journaux, disaient « ce ne sont pas des manifestants, ce sont des voleurs, des casseurs. »
Comment les gens pouvaient-ils suivre les événements puisqu’il n’y avait pas de médias ? Toi comment savais-tu quand il y avait une manifestation, comment te mettais-tu au courant de ce qu’il se passait ?
Les étudiants étaient les plus actifs pour faire les appels et faire circuler l’information. À Khartoum la plupart habitent dans des cités universitaires où ils sont très nombreux et viennent de l’ensemble du pays. L’information y circule donc bien plus vite qu’ailleurs et il y a des discussions tous les soirs. Presque tous les mouvements partent de là. Moi j’ai vécu dans une de ces cités de 2008 à 2009. On y croise aussi des gens qui ne sont pas étudiants, venus des villages, de passage dans la capitale, invités par des amis ou de la famille. Il y a beaucoup de partage, de solidarité dans le quotidien entre les résidents. On vit ensemble, on mange ensemble, on partage les chambres, les vêtements… Par contre les formes d’organisation ont du mal à sortir de la mobilisation par internet. C’est très dangereux de faire des discussions dans la rue ou dans un club. Il y a les locaux des partis politiques où on discute, surtout à l’université. Mais là, il y a souvent des arrestations. Il y a un groupe d’étudiants qui s’appelle Grifna. Dans les rues ils faisaient des meetings pendant 20 minutes, deux personnes parlent avant que les policiers arrivent. Des fois ils se font arrêter mais ils continuent à faire des choses. C’est un des groupes principaux qui appelaient aux manifestations. Grifna existait depuis au moins 2011. En 2013, les étudiants ont donc commencé à faire des appels sur Facebook et certains partis politiques ont ensuite annoncé qu’ils soutenaient les mouvements : les communistes, les fédéralistes (c’est un parti démocratique, ce n’est ni la droite ni la gauche, c’est le centre !). Les gens écrivaient aussi des tracts et des messages qu’ils distribuaient dans la rue. Les organisations avaient appelé sur internet à sortir dans la rue, à la sortie de la mosquée le vendredi. Ce jour-là, même dans les camps de réfugiés du Darfour et dans la région du Nil Bleu il y a eu des manifestations. Là des médias étaient présents, à différents endroits du pays, et ont relayé les images des manifestations.
Et c’était quoi les slogans dans la rue ?
Il y en avait beaucoup : « Houria houria » (Liberté liberté), « yescout yescout al ob malesker » (On veut la chute du gouvernement militaire), « Ash-shab yurid isqat an nizam » (Le peuple veut faire tomber le gouvernement), « la lelharb » (Non à la guerre), « la lelgala » (Non à la hausse des prix), « Soudan bala kezan » (Soudan sans le tyran). Kezan c’est le nom que l’on donne au gouvernement, « ya Khartoum suri suri did alhokum dictatori » (Tout Khartoum veut la révolution contre la dictature).
Quels rôles ont les femmes dans les manifestations ? Font-elles partie des clubs de discussion ? Quelles places ont-elles ?
Les femmes bougent beaucoup dans le mouvement au Soudan, dans les rues, dans les universités. Kendaca c’est le nom d’une femme importante dans l’histoire du Soudan, c’était le nom qu’on donnait aux reines guerrières nubiennes dans l’antiquité, et maintenant toutes les femmes révolutionnaires on les appelle Kendaca ! Elles font des meeting dans les rues. Et le premier groupe qui a fait des appels en novembre c’était des femmes médecins et des amies à elles. Elles sont allées bloquer l’aéroport, elles ont écrit des pancartes, des banderoles et beaucoup se sont fait tabasser et arrêter. Il y a beaucoup de femmes qui sont étudiantes à Khartoum, elles participent à la politique, aux discussions sur Facebook et aux manifestations.
Tu disais que des groupes de jeunes étaient organisés sur Facebook pour appeler aux manifestations, ça existait déjà avant 2013 ?
Il y avait déjà des groupes sur Facebook mais on n’avait pas beaucoup d’informations sur comment rejoindre tel ou tel groupe, comment y participer. Après la sécession du Soudan du Sud, en 2011, ça a pris de l’ampleur. Cette année-là il y a eu des manifestations pendant les fêtes organisées par le parti réactionnaire proche du pouvoir (-Forum pour une Paix Juste - Minbar Al Salam Al Adil- parti de Al Tayeb Mustafa, oncle du président El Béchir) qui soutenait la séparation avec le Soudan du Sud d’un point de vue racial et islamiste radical (le Soudan du Sud a une population majoritairement chrétienne ou animiste contrairement au reste du pays qui est majoritairement musulman).
Ça a continué encore après cette manifestation du vendredi ?
Oui mais il y a eu moins de gens. Beaucoup ont été arrêtés, surtout les étudiants qui étaient très actifs dans le mouvement. Et nombre d’entre eux avaient fui car ils avaient peur.
Et toi tu as été arrêté ce vendredi-là ?
Oui. J’habite dans un quartier à Khartoum qui s’appelle Al Hedid Elrida. Il y a un club où on va souvent, où on discute, on regarde le foot. Et c’est un quartier où il y a beaucoup d’opposants politiques. Il y a beaucoup de discussions politiques dans ces clubs mais les agents de la police secrète, « Al Jehaz » sont très présents. Ils sont habillés en civil. C’est une police politique spéciale qui s’appelle Jehaz Al Amn Wa Al Mukhabarat al Watani (service de sécurité et de renseignement national). Moi j’ai été arrêté juste après la prière, la manifestation n’avait pas encore commencé. Quand on est sorti de la mosquée on a eu peur car on a vu qu’il y avait beaucoup de voitures de police. Ça a commencé petit à petit. L’idée c’était que dans chaque quartier les gens sortent de leurs mosquées puis se retrouvent tous dans la rue pour converger. Mais ça s’est mal passé car ils ont fermé toutes les routes et arrêtaient les gens directement à la sortie des mosquées. Le gouvernement a dit que 700 à 800 personnes avaient été arrêtées. Mais les organisations de droits de l’homme parlaient de 8000 à 9000 personnes dans tout le Soudan.
Tu étais particulièrement ciblé ou ils t’ont arrêté par hasard ? De quoi t’accusaient-ils ?
Tu sais dans mon quartier les flics connaissent ceux qui parlent, ceux qui organisent les manifs, ceux qui disent qu’il ne faut pas avoir peur et qu’il faut participer au mouvement. Et ils ont ciblé particulièrement les jeunes car ce sont eux qui lançaient les appels sur Facebook, qui écrivaient les banderoles, qui participaient aux manifestations. Ce n’est pas la 1re fois, en 2012 j’avais déjà été arrêté. C’est normal, à Khartoum, ils connaissent tout le monde dans le milieu. Pendant la première semaine en prison, ils ne m’ont pas dit pourquoi ils m’avaient arrêté, ils me demandaient des informations générales : « Pourquoi tu étais dans les manifestations ? ». Ils m’ont battu tous les jours, sans me donner à manger, c’était très dur. Ensuite ils ont commencé à me dire que je faisais partie d’un groupe qui organisait les manifestations et qu’on était en lien avec les groupes politiques du Darfour, qu’on voulait faire des connections avec les groupes de la guérilla. Le gouvernement cherchait à dire que derrière le mouvement populaire, il y avait les groupes séparatistes du Darfour, qu’en gros c’étaient eux qui manipulaient le mouvement. Mais ce n’était pas le cas . Le gouvernement disait que les manifestations étaient organisées par le Jabbaht Souria (front de la liberté) : c’est un groupe qui est contre le gouvernement et qui rassemble tous les partis politiques du Darfour. Mais c’est les jeunes, les étudiants, qui ont commencé et les partis nous ont rejoint après. Je n’ai jamais eu de contact avec ces organisations, j’étais dans la rue avec tout le peuple pour demander la chute du régime. Mais la police ne me croyait pas. Et en plus elle savait que j’étais beaucoup dans les clubs politiques, que j’avais plein d’amis. C’est pour ça que quand ils m’ont relâché après un mois de détention, ils m’ont demandé de travailler pour eux. Il fallait que je vienne chaque semaine signer au commissariat de police et leur apporter des informations. Ils voulaient savoir ce qui se faisait dans le quartier, qui je connaissais, qui était contre le gouvernement… Si ma famille me demandait où j’étais passé pendant un mois, je ne devais rien leur dire. Je ne pouvais même pas aller voir le médecin. Personne ne devait savoir que j’étais en prison. Je n’avais pas le choix car si je ne travaillais pas avec eux, je ne sortirais plus. Beaucoup de gens sont encore en prison et leur famille n’ont aucune nouvelle d’eux. Mais moi je ne pouvais pas faire ça. Je suis resté 3 jours caché à Khartoum. J’ai tout raconté à mon père et il m’a dit de partir du Soudan. Des amis à lui m’ont aidé à partir. Il fallait que j’aille par la Libye car je n’avais pas de passeport et même si j’en avais eu un, je n’aurais pas pu prendre l’avion. C’était trop risqué.
Cette fois en 2016, c’était aussi le jour de l’anniversaire de l’indépendance, le départ des manifestations ?
Non, les fêtes de l’indépendance c’est toujours le 31 décembre. Mais cette fois, le gouvernement a fait la fête de l’indépendance le 19 décembre car il y avait eu un appel pour faire la grève générale ce jour-là. Il voulait qu’il y ait plein de monde dans les rues pour montrer que tout allait bien dans le pays et que la grève générale n’avait pas marché. Le 27 novembre 2016 il y avait déjà eu un mouvement de grève qui a été très bien suivi pendant 3 jours, énormément de gens n’étaient pas sortis de chez eux et les rues étaient restées vides. Nous, en 2013, on savait bien qu’on n’allait pas changer le gouvernement avec une grève ou deux mais c’était pour être tous ensemble, toute la population soudanaise unie. Il y a eu des mouvements dans chaque région mais chacun faisait ça de son côté dans le pays : au Darfour, dans les Monts Nouba... il y avait pas vraiment de coordination. Là, en 2016 c’était la première fois que tout le monde sortait dans la rue en même temps dans toutes les villes. On sentait qu’on était ensemble : pas de région, pas de religion, pas de parti politique. On disait tous qu’on ne voulait pas de ce gouvernement ! Comme c’est le gouvernement qui distribue le travail il y a beaucoup de gens qui le soutiennent par intérêt. Alors le 18 décembre, les usines ont envoyé des messages aux ouvriers qui disaient : si tu ne viens pas demain, tu es viré. Le même jour, le président Omar El Béchir était à Wad Madani. Il y a fait un discours où on a senti qu’il avait peur. Les petits écoliers ont été obligé d’aller souhaiter la bienvenue au président. Tout ça en France on ne le sait pas. Il est très difficile d’avoir des informations sur ce qui se passe au Soudan sauf si on a des contacts sur Facebook. Le gouvernement a peur de ce qui se passe sur Facebook et whatsapp. El Béchir a répété que ce n’était pas avec ces applications qu’on allait renverser le gouvernement, « c’est dans vos rêves ça, nous on n’est pas venus avec internet, on est venus par le sang ! ».
Maintenant la police traque les gens sur Facebook ?
Là en novembre et décembre 2016, il y a encore eu de nombreuses arrestations. La police arrive à repérer et à identifier plein de personnes sur Facebook. Il y a des policiers qui prennent des comptes Facebook et qui se font passer pour des manifestants. En Arabie Saoudite ils ont arrêté 2 personnes juste parce qu’ils ont écrit des trucs sur Facebook contre le gouvernement et pour la grève générale. L’Arabie Saoudite a laissé les policiers soudanais les arrêter.
Les appels pour le 19 décembre disaient explicitement que c’était pour renverser le gouvernement ?
En 2013 on a commencé par dire qu’on n’était pas d’accord avec la hausse des prix mais ensuite on a dit qu’on ne voulait plus du gouvernement. Cette fois-ci en 2016 on a directement commencé en disant qu’on voulait la chute du régime. Même si la hausse des prix c’est très dur pour la population. On ne peut plus acheter de médicaments par exemple. Les médecins sont les premiers à avoir lancé les appels, ils ont plusieurs fois fait la grève puis les autres ont suivi. Cette fois-ci la police n’a pas tiré car il ne s’agissait pas d’une manifestation. Il avait été décidé de ne pas sortir dans les rues car on ne voulait pas qu’il y ait d’autres morts. Tous les appels des ministres et du président consistaient à dire « Allez-y, si vous voulez continuer le mouvement affrontez-nous dans la rue ! ». La stratégie du mouvement c’est de dire on fait la grève générale, tout le monde reste chez soi et il n’y a plus personne dans la rue. Le 31 décembre 2016 il y a eu de nouveaux appels à manifester mais il y avait désormais beaucoup de peur. Il y a eu des concerts pendant les fêtes du nouvel an mais il n’y a pas eu beaucoup de manifestations après. Il y a eu un appel début janvier pour faire un rassemblement après la prière de midi. Tous les habitants des quartiers étaient appelés à sortir dans la rue et à y rester pendant deux heures sans manifester avant de rentrer chez eux. L’idée c’était de dire « le peuple est encore là ! ». Beaucoup ne font rien, ne comprennent rien à ce qu’il se passe, ils ne sont ni avec le gouvernement ni avec le peuple, ils travaillent, ils ne se bougent pas, ils ne disent ni oui ni non. Mais je pense que le mouvement va quand même continuer.