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Simone Gbagbo acquittée de crime contre l’humanité
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le procureur avait requis la prison à vie pour l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire, jugée devant la cour d’assises d’Abidjan depuis mai 2016.
Jugée pour crime contre l’humanité, Simone Gbagbo, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire, a été acquitté mardi 28 mars par la Cour d’assises d’Abidjan. Un coup de théâtre alors que le procureur avait requis l’emprisonnement à vie.
« Le jury à la majorité déclare Simone Gbagbo non coupable des crimes qui lui sont reprochés, prononce son acquittement et ordonne qu’elle soit remise immédiatement en liberté si elle n’est retenue pour d’autres causes », a déclaré le juge Kouadjo Boiqui, président de la cour d’assises.
Simone Gbagbo purge déjà une peine de 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » prononcée en 2015. Les parties ont « 60 jours pour introduire un pourvoi contre cette décision », a souligné le juge, à l’issue de six heures de délibéré des six jurés.
« Dame de fer »
Plus tôt dans la journée, le procureur Aly Yéo avait requis la prison à vie à son encontre. « Messieurs les jurés, vous déclarerez Mme Gbagbo coupable de crime contre l’humanité et de crime de guerre et vous la condamnerez à l’emprisonnement à vie », avait-il déclaré à l’issue d’une heure de réquisitoire.
L’épouse de l’ex-président ivoirien était soupçonnée par les juges d’avoir eu un rôle central dans la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts. Il est reproché à « la Dame de fer », comme l’appellent les Ivoiriens, d’avoir participé à des réunions ayant mené à des meurtres, des viols et des actes de persécution commis sur le territoire national.
Selon le procureur, celle qui est considérée comme un pilier inébranlable du régime de Laurent Gbagbo « a commencé à s’imposer depuis l’accession de son époux au pouvoir en 2000 » comme le véritable chef de la Côte d’Ivoire, de l’armée, de la police et de la gendarmerie.
« L’ex-première dame de Côte d’Ivoire a été la chef d’une cellule de crise, véritable organe décisionnel sur le plan sécuritaire », avait souligné le parquet général, sur la base des documents pris chez le couple présidentiel, lors de leur arrestation le 11 avril 2011. Ces documents attestent qu’« elle a répondu à des correspondances de marchands d’armes qui lui proposaient des achats d’armes et d’hélicoptères de combat », affirmait le procureur.
Un procès sans l’accusée
Le procès de Mme Gbagbo s’est ouvert le 9 mai 2016 devant la cour d’assises d’Abidjan. Elle avait au préalable tenté d’éviter de comparaître en se pourvoyant en cassation, mais la Cour suprême du pays avait rejeté cette demande, ouvrant définitivement la voie à son procès pour crime contre l’humanité.
A la fin du mois d’octobre, les avocats de Mme Gbagbo se sont retirés du procès, invoquant le fait que la cour avait refusé de faire témoigner des personnalités ivoiriennes qu’ils souhaitaient faire entendre. Le lendemain, « la Dame de fer », suivant leur conseil, refusait de comparaître. Le reste du procès s’est déroulé sans elle, et sa défense a été assurée par des avocats commis d’office. Elle était toujours absente mardi, lors du réquisitoire.
Au tribunal, en juin 2016, Simone Gbagbo a plaidé non coupable. Face aux enquêteurs, elle a nié être intervenue dans la gestion du pouvoir et a soutenu que son rôle de première dame se limitait à être l’épouse du président de la République. Un président qui, selon elle, a été choisi par Dieu pour diriger la Côte d’Ivoire et dont les opposants ne pouvaient être que des « démons ».
Dans un autre procès, pour atteinte à la sûreté de l’Etat, la femme de l’ancien président Gbagbo a définitivement été condamnée à vingt ans de prison. Elle était jugée avec 78 coaccusés pour leur rôle dans la crise causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences qui marquèrent la crise postélectorale de 2010-2011.
Laurent Gbagbo est, quant à lui, jugé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour des crimes contre l’humanité commis pendant cette crise post-électorale.