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Le coup du doux Poutou

Poutou2017

Lien publiée le 5 avril 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/sur-le-radar/20170405.OBS7582/le-coup-du-doux-poutou.html?xtor=RSS-87

Chaque matin du lundi au vendredi, si possible à 9 h 15 précises, Daniel Schneidermann publie cette chronique sur les dominantes médiatico-numériques du matin. Ou parfois de la veille au soir (n'abusons pas des contraintes). Cette chronique est publiée sur le site indépendant arrêt sur images (financé par les abonnements) puis sur Rue89.

J'ai beau tenter de prendre quelques vacances de matinaute, impossible de ne pas revenir sur le moment Poutou. Impossible de ne pas le savourer, s'en délecter comme d'un bonbon qui ne devrait jamais fondre.

Impossible de ne pas se repasser la video qui, ce matin, galope partout sur Twitter, de toute l'allégresse de ses petites jambes. Impossible de ne pas se repasser "la" réplique de la soirée, à une Le Pen scotchée.

"Nous quand on est convoqués par la police, on n'a pas d'immunité ouvrière, on y va."

Le moment après lequel il n'est plus nécessaire de regarder.

Tout le reste, en comparaison, sera fade. Les "petits" à l'assaut des "grands" : l'étrange bastringue lilliputien de BFMTV et CNews, que TF1 s'était évertué à éviter en n'invitant que les "grands", a rempli sa fonction, mission accomplie, le travail est fait, les cartes sont redistribuées, et Le Pen marquée au front comme elle doit l'être.

Affaire classée.

Je ne sais trop pourquoi, j'attendais Lassalle. J'ai eu Poutou, et je n'ai pas perdu au change. Le berger n'est pas descendu de ses montagnes. Il repassera à la prochaine transhumance. Ils auraient dû s'en méfier, de Poutou.

Déjà avant le début, il s'était fait remarquer en refusant de participer à la "photo de famille". Poser avec Le Pen ? Poser avec Fillon ? Non merci. Sain réflexe, d'ailleurs. Au nom de quoi "poser avec Le Pen" ? C'est une fête ? Une kermesse ? Un barbecue des voisins ? Une équipe de foot ? C'est la classe 2017 ?

Macron peut bien aller le chercher, pour lui demander de poser, non, il n'est pas de cette famille. L'absence de cravate, ensuite, aurait pu alerter. Mais ils n'ont pas dû se méfier. Le doux Poutou. Le gentil Poutou, souffre-douleur préféré de la bande à Ruquier, qui se laisse tondre, et se venge à distance, sur les réseaux sociaux. Hé hé. Les naïfs.

Fillon d'abord : "plus on sent la corruption, plus on sent la triche".Et Le Pen dans la foulée. Strike.

"Votre vrai visage"

C'est Poutou qui a raflé la mise, et qui restera. Il y aura des gifs, des memes, des détournements. En parlant de Ruquier, Poutou avait dévoilé la vraie nature de l'amuseur, quelques jours plus tôt. Revenant après une précédente séance de tonte, il s'était aussitôt vu reprocher par la bande de s'en être plaint sur Facebook. Ruquier :

"Vous avez un double visage, Monsieur Poutou. Je tiens à vous le dire. Sympathique en coulisse, et beaucoup moins sympathique sur Twitter. C'est bien que votre vrai visage ressorte".

A cet instant, c'est le vrai visage de Ruquier, qui ressortait. Pas uniquement le mépris, non.

Quelque chose de plus complexe et de plus triste, comme une profonde, sincère incompréhension, que la France ne soit pas uniquement peuplée de gens qui rient des blagues de Ruquier, sont prêts à se laisser ruquieriser, et à poser pour des photos avec la bande à Ruquier. L'éternel "mais pourquoi ne nous aiment-ils pas ?" des dominants, quand un accident de la vie les place face aux dominés.