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En Argentine, le président Macri affronte sa première grève générale

Argentine

Lien publiée le 6 avril 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/04/06/en-argentine-le-president-macri-affronte-sa-premiere-greve-generale_5106916_3234.html?xtor=RSS-3208

Des incidents avec la police ont éclaté jeudi à Buenos Aires où des manifestants bloquaient un accès à la capitale pour protester contre la politique de rigueur du gouvernement.

Seize mois après son arrivée au pouvoir, le président de centre droit Mauricio Macri a affronté, jeudi 6 avril, sa première grève générale. Lancée par la Confédération générale du travail (CGT), contre la politique de rigueur de son gouvernement, elle rassemble également la Centrale des travailleurs argentins (CTA), qui regroupe les employés publics et les enseignants, et des organisations sociales de gauche.

Dès minuit (dans la nuit de mercredi à jeudi), chauffeurs de bus et de poids lourds, enseignants, ouvriers, employés des aéroports ou des douanes aux commandes des exportations de céréales, vitales pour le pays, ont cessé le travail pour une durée de vingt-quatre heures. Aucun vol national ou international n’était prévu jeudi en Argentine, où les transports publics sont également à l’arrêt.

Echauffourées

Sur l’autoroute panaméricaine, qui relie le nord du pays à Buenos Aires, un nuage de gaz lacrymogène entourait les centaines de manifestants, selon les médias locaux. Quelques échauffourées ont eu lieu quand les forces de sécurité sont intervenues à plusieurs reprises pour disperser des piquets de grève. Les manifestants ont répondu par des jets de pierres au milieu des automobilistes.

Le gouvernement de Mauricio Macri avait prévenu qu’il ne tolérerait aucun blocage de route. « Notre objectif est que les gens qui veulent aller travailler puissent le faire », a déclaré la ministre de la sécurité, Patricia Bullrich. Dans la capitale, de nombreuses boutiques étaient fermées et des défilés ont eu lieu dans tout le pays.

A la veille de cette grève générale, le gouvernement avait reçu un soutien marquant avec, le 1er avril, une marche pour défendre la démocratie. Mobilisés par l’entremise des réseaux sociaux, des milliers de citoyens ont exprimé, dans les grandes villes du pays, leur appui au président Macri. « Nous ne pouvons plus accepter des comportements mafieux en Argentine », a déclaré ce dernier, le 3 avril, affirmant « que ces attitudes existent dans les syndicats, les entreprises, la politique et la justice ». Le gouvernement voit derrière les nombreuses manifestations et les coupures de rues quotidiennes qui paralysent Buenos Aires depuis de longues semaines la main de l’opposition péroniste, et surtout des partisans de l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), qu’il accuse d’attiser les revendications pour forcer un départ précipité du chef de l’Etat.

Le « lourd héritage » de Cristina Kirchner

« Il y a un malaise généralisé au sein de larges couches de la population », juge pour sa part Juan Carlos Schmid, un des trois secrétaires généraux de la puissante CGT. Il estime que « le gouvernement n’a pas pris la mesure de l’ampleur de la dernière mobilisation du 7 mars ». Cette grande manifestation de mécontentement, qui avait réuni plus de 400 000 personnes dans le centre de Buenos Aires, s’était terminée par des incidents avec des groupes radicaux qui ont fait pression pour que la CGT lance une grève générale, alors que le syndicat s’était montré jusque-là plutôt porté sur le dialogue avec le gouvernement. « La situation est intenable dans les quartiers pauvres », renchérit Esteban Castro, secrétaire général de la Confédération des travailleurs de l’économie populaire, qui multiplie les campements de fortune et les soupes populaires dans les quartiers les plus défavorisés.

Le président Macri invoque régulièrement le « lourd héritage » qu’il a reçu de Cristina Kirchner. Premier président de droite démocratiquement élu de l’histoire argentine, il avait promis « une révolution de la joie », mais le climat est maussade face aux incessantes augmentations des prix. La pauvreté touche 13 millions des 44 millions d’Argentins, soit 32,9 % de la population, alors que 2,7 millions de personnes vivent dans l’indigence, selon les statistiques de l’université catholique argentine.

Après la trêve de l’été austral, la rentrée scolaire est chaotique. Dans la province de Buenos Aires, qui regroupe 40 % de la population du pays, les classes n’ont toujours pas commencé dans la plupart des établissements publics. Les enseignants sont en grève depuis le 6 mars, date de la fin des vacances scolaires. Le système éducatif, qui faisait l’orgueil de l’Argentine en Amérique latine, il y a encore cinquante ans, avec un solide réseau public et gratuit, s’est détérioré au fil des années.

« Des premiers pas vers la croissance »

« L’économie n’a pas encore redémarré pour beaucoup de gens », a reconnu à la mi-mars le président Macri, ajoutant qu’il y avait cependant « des premiers pas vers la croissance ». Il a appelé au « dialogue » pour stimuler les investissements qui débouchent sur « un travail réel, productif et à long terme ». L’ancien maire de Buenos Aires, qui s’est entouré principalement de chefs d’entreprise et de financiers, mise sur des investissements étrangers pour réactiver l’industrie locale.

Critiqué par une partie des Argentins, M. Macri bénéficie en revanche d’opinions encourageantes à l’étranger. Le plan d’amnistie fiscale proposé par le gouvernement est considéré comme un succès. Lancée en août 2015, l’opération visait à régulariser 20 milliards de dollars (18,7 milliards d’euros) détenus par des Argentins à l’étranger et non déclarés au fisc. On avance le chiffre de 120 milliards de dollars (112 milliards d’euros) au minimum qui auraient déjà été rapatriés, en attendant que toutes les opérations en cours aient fini d’être traitées pour avoir un montant définitif.

Après une année 2016 difficile, marquée par la récession et une inflation de 40 %, le Fonds monétaire international table sur une croissance de 2,7 % en 2017. L’institution internationale a salué, dans son dernier rapport, les politiques mises en place par M. Macri, mentionnant, parmi les risques à court terme, « la détérioration des conditions externes » mais également « une tension sociale croissante et une perte d’appui politique pour le gouvernement si les conditions économiques ne s’améliorent pas de façon significative ».

Jusqu’ici, M. Macri a bénéficié de la mansuétude de nombreux Argentins lassés de douze ans de pouvoir kirchnériste, marqué du sceau de la corruption. Mais, à son tour, le chef de l’Etat est visé par les soupçons : on lui reproche des conflits d’intérêts entre sa charge présidentielle et les intérêts de sa famille de riches entrepreneurs.