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Mélenchon président ? Panique dans plusieurs médias français
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Arrêt sur images) "Maximilien Ilitch Mélenchon" : c'est le surnom donné au candidat des Insoumis par le directeur adjoint de la rédaction du Figaro dans son éditorial du jour. Le quotidien de Dassault n'est pas le seul à s'attaquer soudainement à Mélenchon, passé devant Fillon dans certains sondages. Les Echos, L'Obs et BFMTV s'essayent aussi, depuis peu, à la diabolisation du candidat des Insoumis, qui a répliqué dans un post de blog.
Au moins, on ne pourra pas accuser Le Figaro de faire semblant. Le 9 avril, Mélenchonpassait pour la toute première fois devant Fillon dans un sondage. Deux jours plus tard, une photo d'un Mélenchon souriant, prise lors de son meeting en plein air à Marseille, s'affiche en page d'accueil du site du Figaro. Avec ce titre : "Mélenchon, un projet dévastateur pour la France". Pour Marie Visot, grand reporter pour Le Figaro, le coût "faramineux" du programme du candidat de la France insoumise se traduirait par "une explosion des impôts et de la dette".
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Le Figaro ne s'est pas arrêté là : sous le gros titre, pas moins de quatre articles aux titres tous plus effrayants les uns que les autres : "Le coup de massue fiscal sans précédent de Jean-Luc Mélenchon", "Un big bang social d'un autre temps", "Castro, Chavez... Mélenchon, l'apôtre des dictateurs révolutionnaires", ou encore "Mélenchon veut faire voler en éclats l'Europe « libérale »".
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On s'arrête là ? Non. Ce copieux dossier, mis en ligne dans la soirée du 11 avril, est accompagné d'un éditorial, signé Paul Henri du Limbert, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, sobrement intitulé : "Maximilien Ilitch Mélenchon", en référence à Maximilien Robespierre et Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine. Trotski et Fidel Castro sont aussi cités dans cet édito, où le journaliste écrit : "Jean-Luc Mélenchon ne manque certes pas de bagout ni de talent, mais il est assez navrant de constater qu'un homme au programme aussi grossièrement démagogique puisse s'attirer autant de sympathie".
A quoi ressemblerait, selon lui, une France dont Mélenchon serait président ? "Un pays de fonctionnaires surnuméraires payés par un secteur privé à qui on réclamerait toujours davantage d'impôts et par des créanciers à qui on devrait toujours davantage d'argent". Avant de s'émouvoir des conséquences d'un tel choix : "Et il faut craindre que la France ruinée de M. Mélenchon ne se résolve bien vite à devoir importer du fromage et du vin...".
"Maximilien Mélenchon" fait aussi la Une de la version papier du Figaro. Le titre cette fois-ci ? "Mélenchon le délirant projet du Chavez français".
LES ECHOS INQUIETS POUR LES MARCHÉS
Le quotidien de Serge Dassault n'est pas le seul à alerter ses lecteurs sur le "risque Mélenchon". Le 10 avril, au lendemain du premier sondage plaçant le candidat des Insoumis devant Fillon, Les Echos (groupe LVMH) titraient : "Le risque Mélenchon fait son apparition sur les marchés financiers". L'écart du taux d'emprunt à 10 ans entre la France et l'Allemagne a augmenté à 70 points de base après le sondage plaçant Mélenchon devant Fillon, explique le quotidien, qui avait déjà publié, le 27 janvier, le premier épisode, intitulé : "Dette française : les marchés financiers intègrent un risque Marine Le Pen".
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Le lendemain, dans une tribune publiée sur le site, Les Echos s'en prenaient cette fois à la "dangereuse rhétorique de Jean-Luc Mélenchon". "Soyons attentifs à ne pas appliquer à la politique un imaginaire qui a toute sa place en littérature, mais qui devient dangereux dès lors qu'il prétend dresser la réalité et s'y substituer. Apprenons plutôt à voir et à nommer le réel pour mieux le transformer. Oui au pragmatisme radical, non à la faillite révolutionnaire et à sa funeste poésie !", écrivait Jean-François Pascal, présenté dans un premier temps par Les Echos comme "consultant en communication et soutien d'En Marche". Mais dans la version papier de la tribune, publiée le lendemain dans le quotidien, la mention "soutien d'En Marche" a disparu. Le contributeur semble pourtant bien, du moins sur son compte Twitter, un fervent soutien de Macron.
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Version web
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Version papier
L'OBS ET LES 100 PREMIERS JOURS DE MÉLENCHON
Dans un tout autre style, L'Obs publie ce 12 avril un article intitulé : "Mélenchon à l'Elysée : à quoi ressembleraient ses 100 premiers jours ?". Pour imaginer ce scénario "catastrophe" (augmentation du SMIC de 20%, nationalisation des banques, Philippe Poutou secrétaire général adjoint de l'Elysée, interdiction des licenciements et sortie de la zone euro), l'Obs a fait appel à l'expertise de Olivier Blanchard, présenté par l'hebdo comme ancien économiste en chef du FMI, chercheur au Peterson Institute de Washington et professeur au Massachusetts Institute of Technology. Il est aussi, et cela n'est pas précisé dans l'article de L'Obs, auteur d'une tribune publiée dans Le Monde le 31 mars dernier, dans laquelle il écrit : "Si toutes les réformes proposées par Macron étaient réalisées, la France serait en bien meilleure forme". [Mise à jour du 12 avril à 18h25 : après publication de notre article, L'Obs a modifié le sien, précisant dès le chapeau que Blanchard, tout comme Charles Wyplosz, autre économiste sollicité pour la rédaction de ce papier, "penchaient pour Emmanuel Macron"].
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"GUERRE CIVILE SOFT" SUR BFMTV
Ce vent de panique a aussi soufflé sur BFMTV. Lundi 10 avril, Ruth Elkrief, accompagnée de quatre "experts" (Jérôme Béglé du Point, Cécile Cornudet des Echos, Jean-Sébastien Ferjou d'Atlantico, et le sondeur François Miquet-Marty) commentait la "dynamique Mélenchon". Pour Ferjou, qui reconnaît que le candidat des Insoumis a "plus d'épaisseur que les autres candidats", le vote Mélenchon est avant un "vote plaisir". "Concrètement, il n'est pas attaqué", relance Elkrief, pour qui "c'est une figure qui a émergé, beaucoup plus sympathique qu'en 2012, mais sur le fond personne n'a regardé ce qu'il propose".
A priori, Béglé du Point a regardé et son verdict fait froid dans le dos : "200 000 fonctionnaires de plus, grand emprunt de 100 milliards, aller renégocier l'Europe et convoquer une Constituante... C'est pas la paix ça, c'est la guerre civile. Dans un sens soft quand même". Et Elkrief de revenir sur son discours de Marseille, dans lequel Mélenchon s'est présenté comme le "candidat de la paix". "Quand on parle de “la paix”, ça a aussi un sens, ça renvoie aux années 50 et à l’URSS et à son discours pacifiste".
MÉLENCHON RÉAGIT
Sur son blog, Mélenchon revient, ce 12 avril, sur ces critiques. "De nouveau on annonce avec ma victoire électorale l’arrivée de l’hiver nucléaire, des pluies de grenouilles, les chars de l’Armée Rouge et le débarquement des Vénézuéliens", écrit-il dans un post intitulé "La rage est de retour". Sans la citer, il mentionne Ruth Elkrief : "Qu’une commentatrice puisse dire que mon projet « c’est l’URSS des années 50 » est tellement frappant !".
Avant de poursuivre : "L’intéressée n’a rien suivi du déroulement de la campagne depuis des mois et s’est contentée de répéter les leçons des dîners en ville auquels elle participe. Cruel réveil des paresseux qui n’ont pas fait leur travail !" commente le candidat, qui répond aussi aux Echos, concernant l'inquiétude des marchés : "En réalité, le taux des emprunts à 10 ans reste extrêmement bas (...) Ce taux est plus bas aujourd’hui qu’il était il y a un mois quand Monsieur Fillon était loin devant moi dans les sondages. Ça va donc mieux sur les marchés financiers!". Pas sûr qu'on puisse en dire autant des relations entre Mélenchon et ces différents médias.
(avec Manuel Vicuña pour la vidéo)