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    Où sont passés les économistes de Macron ?

    Lien publiée le 6 juillet 2017

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/edito/20170705.OBS1683/ou-sont-passes-les-economistes-de-macron.html

    Dans son discours de politique générale, Edouard Philippe a donné quelques coups de canif au programme présidentiel. La Cour des Comptes a-t-elle pris l'ascendant sur les économistes ?

    Au pouvoir, le temps passe sans doute plus vite que prévu et une idée chasse l’autre. Entré en fonction le 14 mai, Emmanuel Macron a déjà en partie oublié les recommandations des économistes – aussi prestigieux que modérés – qui l’ont aidé à préparer son programme présidentiel. Ces économistes ont d’ailleurs un peu disparu de la scène macroniste : ni Jean Pisani-Ferry, ni Philippe Martin ne sont entrés à l’Elysée dans l’équipe du président – à l'exception de David Amiel, 24 ans, qui y a trouvé un poste de chargé de mission. Alexis Kohler, le secrétaire général, leur a préféré des énarques, hauts fonctionnaires, jeunes et sans doute plus dociles.

    Ils ne sont pas davantage intégrés aux cabinets du Premier ministre, du ministre de l’Economie ou de celui des Comptes publics, tous issus de la droite. Seul Marc Ferracci, spécialiste du travail et ami personnel du président, a été intégré au cabinet de la ministre du Travail.

    Leur absence est palpable, comme l’a montré le discours de politique générale d’Edouard Philippe. Car une bonne politique économique, c’est un subtil équilibre de mesures qui doit produire une dynamique et l’équipe de Jean Pisani-Ferry l’avait conçue sur cinq ans, avec un rythme savamment pensé. Et une obsession : ne pas faire de rigueur en début de quinquennat pour laisser s’installer les réformes. Ce qui n’est pas du tout la tonalité du discours d’Edouard Philippe, trop prompt à donner des gages à la direction du Budget ou à la Cour des Comptes.

    "Trop de budgétaire, pas assez de réflexion économique", regrette un universitaire.  

    Baisse des cotisations : la dynamique perdue 

    Les économistes sont tout à fait conscients, par exemple, que les ordonnances sur le marché du travail vont sans doute faciliter la capacité d’adaptation des entreprises et le dialogue social à leur niveau, mais ils n’ont jamais prétendu que cela créerait directement et rapidement des emplois.

    Pour que cette réforme soit perçue comme positive et que le chômage baisse, ils comptaient sur une autre mesure : la transformation du Crédit d’impôt compétitivité emploi, le CICE, en baisse de cotisations. Elle a deux vertus à leurs yeux. Premièrement, l’année de transition, les entreprises bénéficieront à la fois du paiement du crédit d’impôt (dû au titre de l’année précédente) et de la baisse de cotisations. C’est donc un coup de pouce en trésorerie de près de 20 milliards d’euros, un mini-plan de relance. Deuxièmement, elle permet de mieux cibler le dispositif en concentrant les baisses de charges sur les plus bas salaires, ce qui est plus favorable à l’emploi.

    En faisant cette transformation dès 2018, Emmanuel Macron aurait donné un coup de pouce à l’activité, enclenché un redémarrage plus vigoureux de l’emploi, facilité l’acceptation des réformes sociales et amorti les effets des premières mesures de réductions des dépenses. Dès la campagne, les économistes chargés du programme étaient conscients que la mesure aurait du mal à passer. Chère pour les finances publiques, elle serait combattue par le budget et par la Commission européenne. Avantageant les très petites entreprises de service sur les industriels ou les plus grands groupes (qui pratiquent des salaires plus élevés), elle est aussi combattue par le Medef. C’est déjà ce qui avait fait reculer le précédent président.

    Un expert, qui aurait préféré que l’exécutif bataille à Bruxelles pour imposer sa trajectoire, regrette :

    "C’est la première hollanderie de Macron."

    ISF et taxes d'habitation : de mauvais signaux 

    Deuxième recul : la réforme de l’ISF et de la fiscalité sur le capital. C’est un report plus qu’un recul puisque, tout à fait conscient qu’il faut faire les réformes économiques et sociales en tout début de quinquennat, Emmanuel Macronet Edouard Philippe ont tenu à les faire voter dans la prochaine loi de Finances avec une application différée d’un an.

    Il gêne moins les économistes de gauche, car cette mesure favorise les actionnaires et les ménages les plus aisés. En revanche, il déclenche la bronca et la déception des économistes libéraux, notamment le médiatique et juppéiste Nicolas Bouzou. Le décalage peut peser sur l’envie de revenir en France de tous les exilés fiscaux ou des entrepreneurs partis travailler sous des cieux qu’ils jugent plus cléments. Si le signal est hésitant, peut-on vraiment croire aux autres réformes, à un changement d’état d’esprit pro-business dans le pays ? Chacun attendra pour se faire son opinion.

    Autre déception, la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français. Mesure populaire, elle devait équilibrer la réforme de l’imposition du capital, avec une mise en œuvre progressive mais commençant assez tôt dans le quinquennat. Etre pro-actionnaire "et en même temps" soucieux des classes moyennes et de la France des petites communes qui paie plus cher sa taxe d’habitation que celle de la plupart des grandes métropoles. Le Premier ministre ne donne plus de date précise.

    Une mission pour Pisani-Ferry

    Heureusement, Edouard Philippe n’a reculé ni sur le renforcement de la prime d’activité, ni sur la bascule des cotisations salariales vers la CSG (qui va augmenter le pouvoir d'achat des salariés) et surtout, il a confirmé le programme d’investissement de 50 milliards d’euros destiné à financer des projets innovants pour la transition énergétique, la formation des demandeurs d’emploi, l’agriculture, la santé, la modernisation de l’action publique….

    Il a d’ailleurs demandé à Jean Pisani-Ferry, le coordinateur du programme d’En Marche !, d’en définir la gouvernance. "Une bonne nouvelle", se réjouit un économiste, qui craignait que les budgétaires de Bercy ne rognent cette enveloppe. "No hype", a toutefois répondu Jean Pisani-Ferry à un ami qui le félicitait sur Twitter. En français : "Rien d’extraordinaire, on me demande un rapport (stimulant), mais pas plus."