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Théorie critique de la crise
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http://www.medelu.org/Theorie-critique-de-la-crise,2618
Ce troisième volume consacré à l’actualisation de la Théorie critique porte, essentiellement, sur la thématique du corps au sens large. Ce numéro aborde les sujets de la marchandisation du désir, de l’amour et de la sexualité, des pulsions de vie et de mort, ainsi qu’une critique radicale du sport comme analyseur déterminant de la réification contemporaine. Ces thématiques sont développées dans une démarche transdisciplinaire (psychanalyse, philosophie, anthropologie, sociologie, science politique), par des auteurs français et étrangers parmi lesquels Angela Davis, Christophe Dejours, Axel Honneth, Eva Illouz, Anselm Jappe, Herbert Marcuse, Gérard Rabinovitch, Roswitha Scholz, etc.
Ne regroupant pas moins d’une trentaine de textes, ce nouveau numéro (n° 14/15) se compose de trois parties :
La première, « Éros réifié : patriarcat et marchandisation du désir », regroupe et met en perspective les analyses théoriques héritées de la première génération de l’École de Francfort et du freudo-marxisme autour de la question sexuelle et du patriarcat (Douglas Kellner). Nous proposons une partie historique avec des textes de Theodor W. Adorno et Erich Fromm, dans le cadre d’une critique de la domination masculine, de l’exploitation des femmes dans les camps nazis (Robert Sommer). Ce cheminement nous mène vers les mouvements politiques et d’émancipation, analysés par Herbert Marcuse et Angela Davis ou, aujourd’hui, par Barbara Umrath. Aujourd’hui encore, le freudo-marxisme représente un mouvement théorique toujours discuté, en particulier en Allemagne ; la sexualité y est analysée avec parfois de profonds désaccords, comme c’est le cas ici entre Reimut Reiche et Volkmar Sigusch.
Dans cette partie sont également abordés les thèmes du care (Regina Becker-Schmidt), de la dissociation-valeur (concept marxien de Roswitha Scholz) ou encore de la marchandisation de l’amour et de la sexualité à l’époque de la virtualisation numérique de la vie (Eva Illouz et Ronan David).
La deuxième partie, « Théorie critique et psychanalyse : altérations », se tourne résolument du côté de la psychanalyse et de la psychologie sociale. La genèse de la rencontre entre psychanalyse et Théorie critique y est exposée (Paul-Laurent Assoun et Inara Luisa Marin, Robin Celikates et Thiery Simonelli). L’enjeu ici est bien l’articulation entre le social, le psychologique et le politique (dialectique société/individu), interrogeant notamment les nouvelles formes du psychisme de masse (la pulsion de mort et la destruction se matérialisant dans notre modernité par le terrorisme comme le propose Gérard Rabinovitch, ou par le narcissisme comme l’indique Anselm Jappe). Sont également abordés les thèmes de la reconnaissance (Axel Honneth), l’origine de la pulsion (Christophe Dejours), ou la mort (Herbert Marcuse).
La troisième et dernière partie, « À bout de souffle ? Théorie critique du sport », situe la critique du sport au carrefour des problématiques d’Eros, de la réification du désir et du corps. Elle cristallise en quelque sorte toutes les dimensions parcourues dans ces trois volumes : culture de masse, domination politique, de l’homme et de la nature, rationalité instrumentale, mécanisation du corps et prolongements technologiques, etc.
Ce troisième volume poursuit également la volonté présente dès le volume I, École de Francfort, controverses et interprétations (n° 10/11, septembre 2013, épuisé), puis dans le volume II, Du crépuscule de la pensée à la catastrophe (n° 12/13, octobre 2014), de donner une dimension anthologique à cette actualisation de la pensée critique. Il regroupe ainsi de nombreux auteurs, tant francophones que non-francophones (l’ouvrage comporte de nombreux textes inédits en français).
Théorie critique de la crise. Capitalisme, corps et réification, Editions Le Bord de l’eau, Paris, février 2016, 620 pages, 33 euros.