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Grève des soignantes des Opalines: 109 jours de silence médiatique

Lien publiée le 29 juillet 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Arrêt sur images) L’une des plus longues grèves de France touche à sa fin. Ce vendredi, les salariés de l’Ehpad des Opalines peuvent enfin souffler. Pendant plus de quatre mois, ces aides soignantes d’une maison de retraite privée du Jura avaient cessé le travail pour protester contre l’insuffisance de personnel et les cadences infernales. Il aura fallu une enquête publiée en Une du Monde, le 19 juillet, pour que les médias nationaux s’intéressent à leur cri d’alerte, et qu’une mobilisation nationale se mette en place. Jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues.

"C’est chouette, une lutte de classes qui gagne", commente Anne-Sophie Pelletier. Ce jeudi, la porte-parole des grévistes de l’établissement hospitalier pour personnages âgés dépendantes (Ehpad) "Les Opalines" de Foucherans dans le Jura peut se réjouir. Elle, qui avec une dizaine de collègues, avaient débrayé le 3 avril dernier pour dénoncer leurs conditions de travail souhaitaient négocier une prime, en reconnaissance du travail fourni malgré le manque d'effectifs. En définitive et alors que la direction leur en proposait 350 euros, les grévistes ont finalement gagné leur bras de fer. En plus de la création de deux nouveaux postes, ce sera 450 euros de prime, et chose inattendue, trois semaines de congés payés supplémentaires. "La plus longue grève de soignants jamais menée se termine par une victoire"se réjouissait l’Humanité ce jeudi. Et pourtant, pendant de long mois, les aides soignantes ont mené leur lutte dans une indifférence médiatique générale. Avant de faire la Une des médias, le combat de ces femmes s’est heurté au mutisme de leur employeur et au silence de la presse nationale.

Si les médias régionaux et locaux, tels l’Est RépublicainFrance Bleu Besançon et France 3 Bourgogne Franche-Comté, ont rendu compte de ce mouvement depuis ses débuts, il aura fallu attendre le 109e jour de grève à la mi-juillet, et un article du Monde, pour que les télés et médias nationaux s’en saisissent. C’était le 19 juillet. Ce jour-là, le quotidien publie en page de Une une enquête-reportage de sa journaliste Florence Aubenas, partie à la rencontre des salariées des Opalines sur le piquet de grève.

nouveau media

Aubenas y racontait le calvaire de ces aides soignantes confrontées aux cadences infernales et aux journées de 10 heures pour 1 250 euros net par mois. "Quinze minutes pour la toilette, l’habillement, le petit déjeuner, les médicaments. Alors, il faut choisir. Est-ce qu’on lave les cheveux? Ou les dents? La douche hebdomadaire, c’est rare qu’on la tienne", témoigne l’une des aides-soignantes relatant un quotidien où tout est course contre la montre. Le temps de coucher des résidents ? 3 minutes et 41 secondes. "On ne les met pas au lit, on les jette", expliquait l’une des grévistes. "On ne se bat plus seulement pour les sous, mais pour la dignité", racontait alors la porte-parole du mouvement à la reporter du Monde qui écrivait : "Quand elles ont osé le mot «grève», au printemps, «la coordinatrice a posé son stylo et elle a rigolé», se souvient l’une. Puis un cadre leur a lancé: «Vous n’aurez rien, ni aujourd’hui ni demain ni jamais»." La journaliste du Monde racontait l’épuisement et la volonté de ces salariées déterminées, malgré une direction inflexible, à poursuivre leur combat "dans un silence national absolu".

"LES FAMILLES SE PRÊTENT AU JEU DES INTERVIEWS À LA CHAÎNE"

Il aura finalement suffi d'un article du Monde pour rompre le silence. "Les grévistes l’attendaient depuis plusieurs semaines ce long article de Florence Aubenas, avec lui arrive aussi les télévisions et les radios nationales frappées par la ténacité des aides soignantes", raconte France 3 Bourgogne Franche Comté dans un reportage consacré à cette médiatisation soudaine. Voici désormais les RTL, Europe 1, RMC et TF1 qui accourent au chevet des grévistes.

”Depuis la parution de l’article mercredi dans Le Monde, on reçoit des appels de toute la France, hier d’Angleterre, de familles avec des parents dans des EHPAD (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) nous témoignent leur soutien”, racontait à l'Est Républicain la porte-parole des grévistes au lendemain de la parution du reportage. La locale de France 3 observe : "Les familles de résidents qui soutiennent le mouvement depuis le début se prêtent au jeu des interviews à la chaîne pour témoigner des conditions de vie de leur proche." Un coup de projecteur médiatique qui va donner un écho sans précédent au combat des aides soignantes. La situation des grévistes s'invite à l'assemblée. Dans l'hémicycle, le jour de la publication de l'enquête du Monde, le député France Insoumise François Ruffin interpelle, journal à la main, la ministre de la Santé et les députés République En Marche sur la situation des résidents et des salariées des Opalines. Il se déplacera par la suite le 25 juillet à Fourcherans pour soutenir le mouvement. Des réunions sont organisées au ministère de la santé.

La suite, c'est Aubenas qui la raconte ce jeudi dans le Monde : "D’autres Ehpad commencent à se solidariser, un peu partout en France (...) Le groupe des Opalines (quarante-trois Ehpad en France) se décide enfin à nommer un médiateur". Jusqu'à ce que ce jeudi, les négociations trouvent enfin une issue.