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    L’insertion remplace la lutte des classes

    Lien publiée le 14 août 2017

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://blogs.mediapart.fr/edition/decryptage-de-la-pensee-neo-liberale/article/110817/linsertion-remplace-la-lutte-des-classes

    Depuis les années 80, la notion d'insertion a changé de définition. Le pouvoir l'utilise à des fins d'individualisations. Individualiser la personne, pour empêcher de penser la structure économique dans son ensemble. Nous devenons les seuls responsables du caractères de prédation de la classe dominante capitaliste. Le problème devient nous, pas eux.

    Depuis 40 ans, la classe dirigeante essaie de responsabiliser l'individu sur sa situation précaire. Derrière ce terme positif se cache un piège. L'individu devient le seul responsable de sa situation. Personne n'a crée ses difficultés. Il est victime mais il n'y a pas de coupable. En fait, l'individu devient les deux. Il ne faut pas qu'il pense ses difficultés comme conséquence d'un système d'exploitation. Individualiser la personne, c'est empêcher la création d'une dynamique collective, car beaucoup d'autres individus sont également dans la même situation. Au lieu qu'un collectif se bat pour un intérêt commun, le pouvoir va mettre les individus en concurrence. L'individualisation de l'individu, c'est retenir la lutte sociale. L'individualisation de la situation, c'est empêcher de penser la structure sociale et économique dans son ensemble. C'est donc l'interdiction de contextualiser.

    1. Penser « lutte des classes » et non « insertion »

    Penser « luttes des classes » est le contraire de penser « insertion professionnelle ». Attention, je ne dis pas qu'il ne faut pas trouver un travail, mais que réfléchir seulement en terme d'insertion est impossible pour contredire les lois du marché, et le mode de production capitaliste. Et aujourd'hui, nous parlons tous d'insertion, qui a remplacé la lutte des classes. C'est un danger...

    L'insertion dans les années 1970 consistait à ce que chacun trouve du travail. Depuis Rocard et le RMI, l'insertion caractérise les personnes pauvres ou marginalisés du modèle de vie dominant. Ce que je conteste, c'est l'utilisation du terme qui en est fait par le capitalisme. L'insertion devient proprement individuel. L'insertion consisterait à ce que chacun essaye individuellement, au sein d'un dispositif de trouver une place dans la société, en ayant conscience qu'il n'y a pas assez de place pour tout le monde. Réflechir en terme d'insertion, c'est prétendre qu'il y a des gens dans la société et des gens en dehors. C'est quoi être en dehors de la société ?  Même la personne marginalisée a une place dans la société, dans la domination qu'elle subit dans les rapports sociaux. Elle peut être très éloigné du mode de vie dominant, mais elle fait toujours partie de cette société. Considérer qu'elle n'en fait plus partie, c'est enlever une charge de responsabilité au modèle socio-économique. Et c'est cette même personne qui doit montrer des efforts pour se réinsérer dans une société qu'elle aurait elle-même quitté. C'est un déplacement de la responsabilité. Comme dirait Bernard Ime, qui a travaillé pendant 15 ans dans la sociologie de l'insertion : « L'insertion, ça n'a jamais inséré personne ». Si le pouvoir appuie tellement sur cette notion, c'est parce qu'une personne éloignée du marché de l'emploi, est moins dangereuse dans un dispositif contrôlé par des agents, plutôt que dans la rue avec des revendications politiques. C'est clair qu'il vaut mieux que Pôle Emploi trouve des petites formations aux individus, au lieu de leur expliquer comment et pourquoi leurs emplois ont été détruit volontairement par le capitalisme.

    2. L'individualisation de la situation et de la personne par le chômage

    Dans les années 80, l'UNEDIC affirmé qu'un chômeur avait le droit à un salaire, et pas à un emploi. La loi de 84 rétracte le chômage et le RMI vient mettre en place un suivi individuel.

    Le chômage ne doit pas être considéré comme un élément défectueux d'un système qu'il faut rétablir. La question n'est pas : pourquoi ça ne marche pas ? Mais comprendre que ça ne doit pas marcher. Dans ce marché de l'emploi (est emploi un travail subordonné à un employeur lucratif, pouvant détruire son poste de travail. De plus, c'est ce poste qui est payé et non la personne) ; par exemple les professeurs n'ont pas d'emploi, mais un travail caractérisé par un salaire à vie, voir Bernard Friot). Donc dans ce marché de l'emploi, le chômage n'est pas un manque de logique, une conséquence involontaire du système. Le chômage est la logique même de l'emploi, sa conséquence naturelle. Pourquoi il n'y a pas de chômage chez les professeurs ? L'emploi est la porte ouverte du chômage. Par la présence et la prédominance de l’employeur qui peut détruire ou créer un poste de travail.

    Ce chômage est nécessaire au capital pour d'une part, créer la division des solidarités (le mythe de l’étranger volant le travail des français). D'autre part, cette mise en concurrence des chômeurs permet de ne pas augmenter les salaires. Chacun est prêt à baisser ces exigences salariales pour avoir le poste. En effet, dans une société de plein emploi, les travailleurs pourront mettre en place des revendications salariales. S'ils subissent un refus, ils iront travailler ailleurs et l'employeur sera sans main d’œuvre. Il faut donc un chômage de masse pour forcer les gens à travailler, sans qu'ils puissent demander une amélioration de salaire, au risque de se faire remplacer par un chômeur. Cette masse de chômeurs constitue une armée de réserve de manœuvre précarisée, servant à faire peur à ceux qui travaillent en emploi. Les travailleurs eux, continuent à travailler sans penser leur travail, le comment et pourquoi il le font de cette manière. Comme dirait le philosophe Luc Carton : « La loi fondamentale de ce que produit de chômage, c'est l'indiscutabilité du travail ». Contester le chômage devrait être contesté notre façon de travailler. Remettre en cause l’organisation du travail. Et non pas remettre en cause le chômeur. C'est contre cette naturalisation du chômage qu'il faut résister. Le chômage étant la conséquence naturelle de l'organisation du travail, on comprend mieux pourquoi le pouvoir naturalise cette réalité en mettant en cause l'individu. Au lieu de penser la structure dans son ensemble pour la remettre en cause, on remet en cause les compétences, les savoirs-faire de l'individu. Pour comprendre la manipulation du chômage aux USA, et le «plein emploi » en Allemagne et en Grande-Bretagne, cliquez sur le lien.

    3. Insertion ou lutte de classes

    L'insertion peut marcher à titre individuel mais pas à titre collectif. Il faut refonder les solidarités que provoquent la lutte de classe. Elle continue toujours comme le dit Warren Buffet, troisième homme le plus riche du monde « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner »1. Utiliser de cette manière la notion d'insertion ne peut pas nous permettre de gagner. Si nous utilisons les concepts de nos adversaires, nous ne pouvons que perdre. Je n'ai jamais vu une personne gagner avec les armes de son adversaire sur son propre terrain. La lutte des classes fait réfléchir collectivement la société, remet en cause la domination, l'exploitation financière, l’aliénation au travail, le modèle socio-économique dans son ensemble. L'insertion, ça remet en cause quoi, à part l'individu ?